La BNS lance la valse des baisses de taux
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Thomas Jordan, président de la Banque nationale suisse (BNS), a décidé d’accaparer l’attention des médias en ce début d’année. Quelques semaines après avoir communiqué son départ à la retraite pour la fin du mois de septembre de cette année, le voici à nouveau sur le devant de la scène avec l’annonce d’une baisse du taux directeur de la BNS. Celui-ci est ainsi abaissé de 0.25% à 1.5%. Cette annonce n’est pas anodine. Comme en 2022, la BNS est la première à annoncer un changement de politique monétaire. Pour rappel, il y a deux ans, Thomas Jordan était, en effet, le premier parmi les banquiers centraux de pays développés à annoncer une hausse de taux. La baisse de ce jour sera certainement suivie d’autres coupes cette année en Suisse. Mais elle ouvre également la voie pour des baisses de taux de la part des principales banques centrales de la planète, à commencer par la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne. Ces deux grandes institutions n’ont d’ailleurs pas caché leur volonté d’inverser également leur politique monétaire à brève échéance. Le communiqué de la réunion de la Fed hier est d’ailleurs sans équivoque, une baisse des taux en dollar se profile pour le mois de juin.
Pour revenir à la BNS, la justification de cette annonce est à trouver du côté de l’inflation qui a fortement reculé sur le territoire helvétique. Sur les douze derniers mois, celle-ci ne s’inscrit plus qu’à 1.2%, très en-dessous de son sommet de 3.5% atteint en août 2022. Et les craintes récentes de la BNS de voir l’inflation repartir à la hausse en ce début d’année sous l’effet de la hausse de la TVA, des prix de l’électricité et des loyers ne se sont pas matérialisées, bien au contraire. Face à une désinflation qui semble destinée à se poursuivre, M. Thomas Jordan et ses collègues ont donc décidé qu’une politique monétaire restrictive ne se justifiait plus. Au passage, la baisse des taux annoncée aujourd’hui devrait offrir un bol d’air bienvenu à l’économie helvétique et en particulier à l’industrie exportatrice qui souffre énormément du franc fort dans un contexte de sévère ralentissement du principal partenaire commercial, à savoir la zone euro et en particulier l’Allemagne. Sans surprise, cette annonce a été suivie ce matin par un net recul du franc suisse contre la plupart des monnaies. Un mouvement qui confirme la tendance à l’affaiblissement de la monnaie helvétique depuis le début de l’année. Pour rappel, nous tablons notamment sur un potentiel de rattrapage de l’euro comme du dollar US contre le franc. Nous avons d’ailleurs réaugmenté récemment l’euro dans nos profils d’investissement en CHF.
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Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.