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La matérialité : le secret d'un investissement responsable réussi

Rédigé par Piguet Galland | 5 août 2024 14:00:00

Le concept de matérialité en investissement permet de déterminer quels facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) sont suffisamment importants pour influencer les performances financières d'une entreprise. En considérant ces éléments de manière approfondie, les investisseurs peuvent mieux anticiper les risques, ce qui rend leurs portefeuilles plus résilients.

 

Identifier et gérer les risques ESG en investissement

Les risques non-financiers, souvent désignés sous l'acronyme ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), se réfèrent aux impacts négatifs potentiels sur la performance financière et la réputation d'une entreprise. Ces risques peuvent découler de divers facteurs, tels que des sanctions réglementaires pour non-respect des lois environnementales, des réactions sociales contre des pratiques de travail non-éthiques ou des pertes financières liées à une mauvaise gouvernance d'entreprise.

Les risques ESG couvrent un large éventail de questions, notamment le changement climatique, l'épuisement des ressources, les inégalités sociales et les défaillances de gouvernance. Ces questions peuvent ou non avoir un impact direct sur les performances financières d'une entreprise. Lorsqu'elles influencent les résultats financiers, on parle de matérialité simple. En revanche, la double matérialité considère à la fois l'impact financier sur l'entreprise et les incidences environnementales et sociales plus larges de ses activités.

 

Le rôle de la matérialité simple dans la réglementation

  • ISSB/IFRS : Le rapport mondial pour la durabilité se concentre sur la matérialité simple

En novembre 2021, le Conseil des normes internationales de durabilité (ISSB), une extension des Normes internationales d'information financière (IFRS), a été lancé. L'ISSB a pour mission de développer des normes de durabilité intégrées aux rapports financiers, assurant ainsi cohérence et comparabilité entre les différentes juridictions. Ces normes visent à répondre aux besoins d'information des investisseurs et des autres participants du marché, en se concentrant sur les risques et opportunités de durabilité susceptibles d'affecter la performance financière des entreprises.

  • TCFD : La stratégie globalement adoptée pour la gestion des risques climatiques à l'aide de la matérialité simple

Créé par le Conseil de stabilité financière (FSB) en 2015, le Groupe de travail sur les informations financières liées au climat (TCFD) vise à améliorer la communication d'informations financières liées au climat. En se concentrant sur les implications financières du changement climatique (matérialité simple), la TCFD aide les investisseurs à comprendre les risques et opportunités matériels, facilitant une meilleure prise de décision et gestion des risques. Certains pays ont déjà intégré le TCFD dans leurs réglementations, telles que le Canada, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et le Royaume-Uni. L'Union Européenne a également incorporé des éléments du TCFD dans le SFDR et la CSRD.

  • L'ordonnance climatique de la Suisse

Mise en œuvre en 2022, elle oblige les grandes entreprises à divulguer leurs risques financiers liés au climat, alignés sur les recommandations du TCFD. Elle exige des informations transparentes sur l'impact du changement climatique sur la performance financière des entreprises, soulignant ainsi l'importance de la matérialité simple pour les investisseurs et autres parties prenantes financières.

 

Exposition des investisseurs aux risques ESG

Les risques ESG et leur matérialité évoluent rapidement, sous l’effet des changements réglementaires, de la demande du marché et des avancées technologiques. Le principe de matérialité simple, illustré par des cadres internationaux, joue un rôle crucial dans les divulgations ESG et la gestion des risques. Les investisseurs sont de plus en plus exposés à des risques ESG ayant des impacts financiers directs, nécessitant des stratégies robustes d'évaluation et d'intégration des risques.

Alors que le secteur financier adopte de plus en plus la durabilité, l’importance des risques ESG et la matérialité ne fera que croître. En restant au courant des évolutions réglementaires, en tirant parti des avancées technologiques et en adoptant les meilleures pratiques en matière d'intégration ESG, les investisseurs et les institutions financières peuvent naviguer dans ce paysage complexe, contribuant ainsi à un système financier plus durable et résilient.

Cette analyse exhaustive souligne l'importance de comprendre les risques ESG et le rôle de la matérialité simple dans la promotion de la finance durable. En reconnaissant et en gérant ces risques, les investisseurs peuvent non seulement protéger leurs investissements, mais aussi encourager des résultats positifs sur le plan environnemental et social.

 

Double matérialité : intégrer les enjeux environnementaux et sociaux dans l’analyse financière

Si la matérialité simple reste très répandue, on observe, surtout en Europe, une tendance croissante à la double matérialité, qui prend en compte à la fois l'impact financier de l'entreprise et son impact sur la société et l'environnement.

  • SFDR de l'UE : Là où tout a commencé

SFDR a été la première réglementation dans le monde à introduire le concept de double matérialité en exigeant à la fois la matérialité financière (comment les risques liés à la durabilité affectent les rendements financiers) et la matérialité environnementale et sociale (comment les décisions d'investissement impactent les facteurs environnementaux et sociaux). En outre, cette réglementation née en Europe oblige également les entités financières à divulguer les principaux impacts négatifs sur les facteurs de durabilité, en se concentrant sur la manière dont leurs investissements influencent les résultats environnementaux et sociaux, un concept connu sous le nom de Principaux Impacts Négatifs (PIN).

  • CSRD : Renforcement de la portée des exigences en matière de rapports de durabilité pour les entreprises de l'UE

Elle renforce la perspective de double matérialité en exigeant que les entreprises rendent compte à la fois des risques financiers posés par les enjeux de durabilité (perspective de l'extérieur vers l'intérieur) et des impacts de leurs activités sur la société et l'environnement (perspective de l'intérieur vers l'extérieur).

Actuellement, les détracteurs de la double matérialité affirment qu'elle peut entraîner une surcharge d'informations, des prises de décision erronées et une augmentation des coûts d’information. Cependant, les partisans de la matérialité unique estiment qu'elle ne sert pas les intérêts des différentes parties prenantes, principalement les intérêts à long terme de la société, car elle se concentre uniquement sur la minimisation des risques financiers et la recherche de la rentabilité pour les investisseurs.

Sensibilité des investisseurs

Du point de vue de l'investissement, la prise en compte des risques ESG financièrement significatifs est un minimum essentiel pour tout gestionnaire financier. Au-delà de ce contrôle des risques, l'adoption de la double matérialité, qui intègre l'impact sur la durabilité comme objectif non-financier, reste une décision individuelle, influencée par la sensibilité des investisseurs.

La sensibilité à la durabilité est un choix personnel. Il est clair que le niveau de matérialité pris en compte doit également dépendre du niveau de cette sensibilité. Si les investisseurs se préoccupent de l'impact de leur portefeuille sur l'environnement et la société, la matérialité simple est insuffisante. Pour les prestataires de services financiers, l'objectif est d'aligner les valeurs des investisseurs avec la composition de leur portefeuille. Il est donc impératif de disposer d'informations complètes et détaillées de la part des entreprises. En fin de compte, l'application de ces informations repose entre les mains des investisseurs.

Nous croyons que notre rôle est de rester à l'avant-garde de ces concepts et tendances, en fournissant des perspectives qui aident nos clients à naviguer dans les complexités des risques ESG et à trouver des solutions sur mesure pour leurs besoins.