Afin d’atteindre le train de vie souhaité, il faut donc plonger dans un exercice de planification : structurer l’ensemble des actifs qui composent notre patrimoine sans oublier nos éventuels passifs.
Une dette qui peut peser lourd
La dette hypothécaire, qui a servi à l’acquisition d’un bien immobilier, résidence principale, résidence secondaire ou investissement locatif, représente généralement le passif le plus lourd. L’ennui avec cette dette, c’est qu’elle n’est pas gravée dans le marbre à la signature du contrat. Elle peut fluctuer puisqu’elle obéit en effet à différentes variables. Elle induit toujours des risques, un peu pour le prêteur, beaucoup pour l’emprunteur.
Les contrats sont assortis de clauses qui permettent aux banques de les réévaluer et, si nécessaire, de les ajuster afin de contenir leur exposition dans les limites acceptables. Deux grands paramètres entrent alors dans l’équation. D’une part, la valeur du bien immobilier et d’autre part les revenus de l’acquéreur. L’approche de l’âge de la retraite d’un propriétaire est donc une étape clé dans la vérification de la tenue des charges et pour sa capacité d’endettement.
Aussi, si la valeur du bien venait à baisser de manière substantielle, la banque serait en droit de demander un amortissement anticipé pour se conformer aux seuils autorisés.
Des taux bas mais pour combien de temps ?
L’argent a aujourd’hui l’avantage et l’inconvénient d’être bon marché. L’année passée, les crédits immobiliers pour des périodes de cinq ans ont été délivrés à des taux qui sont descendus pour la toute première fois sous la barre symbolique du 1%. A contrario, ces tarifs particulièrement bas ont entraîné une envolée des créances hypothécaires. En 2018, elles ont dépassé en Suisse le plafond des 1’000 milliards de francs ! En dix ans, ils ont augmenté de moitié, bien que les autorités de tutelle aient pris plusieurs mesures pour freiner cette expansion. Les restrictions qu’elles ont imposées ont valu au marché des biens résidentiels une baisse d’un peu plus de 10% sur ces cinq dernières années.
Une décote plus prononcée pourrait avoir des conséquences pénibles pour les propriétaires, à plus forte raison si les taux d’intérêt devaient remonter. Dans l’immédiat, rien de tel ne se laisse envisager. En revanche, avec le départ à la retraite, la diminution des revenus est inéluctable. En moyenne, les rémunérations des retraités sont inférieures d’un tiers à celles des personnes actives. Il est donc nécessaire d’anticiper l’impact que ce manque à gagner aura sur le contrat hypothécaire, et d’estimer l’amortissement qui peut en découler.
La retraite ne s’hypothèque pas
Les souscripteurs de contrats hypothécaires sont tenus de signaler à leurs banques tout changement d’assiette dans leurs revenus. Lorsque ces situations se présentent, les banques doivent alors procéder aux ajustements nécessaires pour respecter leurs barèmes de crédit. Pour ceux qui ont négligé leur plan de retraite et se retrouvent en mal de liquidité, le recours aux enveloppes de prévoyance à des fins de compensation est forcément très tentant. Enfin disponibles, les fonds du 2e pilier et du pilier 3a peuvent en effet être affectés à ces imprévus.
Toutefois il s’agit là d’une solution qui mérite d’être mûrement réfléchie. En théorie, les avoirs de prévoyance devraient assurer le train de vie tout au long de la retraite et non boucler l’acquisition d’un bien immobilier. Il s’agit là d’un contre-emploi. La retraite ne s’hypothèque pas.
Une planification menée en temps et en heure permet de mettre en œuvre un plan d’épargne qui intègre la modification du contrat hypothécaire lors de l’atteinte de la retraite. Ce plan peut par exemple tirer profit des programmes de rachats que le système de prévoyance autorise et qui d’une part permet des économies fiscales en période d’activité tout en améliorant d’autre part les prestations de retraite.
S’engager sur un crédit hypothécaire n’est pas un acte isolé. Il se fond dans un ensemble. Puisqu’il contribue directement à la constitution du patrimoine, il doit être abordé en ce sens et pensé dans le cadre d’une stratégie financière plus globale. L’objectif est de pouvoir à tout moment maîtriser l’évolution de sa situation patrimoniale en tenant compte de ces éléments clés comme la prévoyance, la charge hypothécaire, le portefeuille de titre, les biens immobiliers, voire l’entreprise et sa transmission.
Pour vivre sa retraite de la manière la plus sereine qui soit, il faut d’abord prendre le temps de la construire à ses mesures. Piguet Galland vous accompagne dans la planification de votre retraite.
Auteur
-
Titulaire du diplôme IAF et du brevet fédéral de conseiller financier, Vincent Arnal a débuté sa carrière auprès de Swiss Life Select puis auprès de la Banque Cantonale de Genève. Arrivée en 2018 chez Piguet Galland & Cie SA, il reprend en 2020 la responsabilité de l'équipe des Solutions patrimoniales. Il assure le développement commercial des Solutions de prévoyance et de financement de la Banque, ainsi que le pilotage des expertises qui accompagnent nos clients dans leurs projets de vie.