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La retraite, pour le meilleur ou pour le pire ?

la retraite pour le meilleur ou pour le pire
la retraite pour le meilleur ou pour le pire

5 questions qu’il convient de vous poser, afin d’améliorer votre bien-être financier en vue d’une belle retraite

Un rapport publié cette année par la Société américaine des actuaires révèle que les inquiétudes concernant les futurs niveaux de prestations de retraite ont considérablement augmenté et que plus de 70% des personnes interrogées ont exprimé de véritables angoisses. A cet égard, mon expérience personnelle m’a démontré que c’est, en particulier, le cas des femmes. La question est donc de savoir si les prévisions concernant votre avenir financier vous annoncent des conditions ensoleillées, orageuses ou tout simplement incertaines ?

Le sujet des pensions et revenus de retraite est tellement complexe et personnel que bon nombre d’entre nous font l’autruche, la tête bien enfouie dans le sol, en priant pour que tout se passe au mieux. Plus je discute de cette question avec des femmes, afin de les aider à bien comprendre les enjeux pour elles-mêmes comme pour leur famille, plus je ressens le besoin de partager mes réflexions et d’en parler aussi largement que possible.

En tant que femmes, nous apprenons dès notre plus jeune âge qu’il est important de veiller à notre propre sécurité, par exemple, en ne parlant pas à des étrangers dans la rue. Ensuite, en grandissant, nous portons un casque lorsque nous faisons du vélo ou du ski, suivons parfois des cours d’autodéfense, effectuons un contrôle médical régulier chez le médecin, veillons à la sécurité de nos enfants ou de nos parents âgés… Cependant, une fois adultes, rares sont celles d’entre nous qui prennent les mesures essentielles pour protéger leur sécurité financière.

Dans cet article, je vais donc vous présenter les cinq questions qu’il convient de vous poser, afin d’améliorer votre bien-être financier en vue d’une belle retraite.

« Un investissement dans la connaissance est celui qui rapporte le meilleur intérêt. » Benjamin Franklin

Il est désormais reconnu que les femmes assument aujourd’hui la responsabilité des décisions à prendre concernant environ 80% des achats du ménage. Leur espérance de vie est supérieure de 5 ans à celle des hommes (selon l’ONU, 33% des femmes âgées de 65 ans peuvent actuellement espérer atteindre l’âge de 90 ans, comparé à 20% seulement des hommes). Cependant, malgré les progrès considérables réalisés en matière d’égalité, les femmes sont les premières victimes potentielles de la crise des systèmes de retraite. En effet, non seulement elles amassent moins d’épargne – retraite que les hommes – ce qui leur vaut des prestations potentielles de retraite inférieures – mais en plus, compte tenu de leur longévité supérieure, elles ont en réalité besoin d’un revenu durant une plus longue période de retraite, ainsi que de moyens financiers leur permettant de faire face aux coûts élevés des problèmes de santé liés au grand âge. En Grande-Bretagne, 56% de la population épargne de manière inadéquate pour la vieillesse. De plus, les femmes épargnent deux fois moins que les hommes en vue de leurs vieux jours, phénomène qui est principalement dû, selon Scottish Widows (mutuelle d’assurance vie écossaise), à des salaires plus bas, des interruptions de carrière, des emplois à temps partiel, l’obligation pour les femmes de suivre leur mari dans leurs déplacements d’expatriés, ainsi qu’à des périodes de chômage ou d’activité en qualité d’indépendante.

Par ailleurs, les gens – les femmes en particulier – sont souvent tellement occupés à gérer leur vie quotidienne (des activités professionnelles à la vie de famille, en passant par les tâches ménagères ou les loisirs), qu’ils ne prennent pas le temps de réfléchir au style de vie qu’ils souhaitent mener plus tard, en prévoyant pour cela des objectifs de retraite clairement définis. Le poème intitulé « Avertissement » (« Warning »), de l’auteure britannique Jenny Joseph et que j’avais appris à l’école, présente une approche quelque peu légère et enjouée du sujet …

« Lorsque je serai une vieille dame, je sortirai vêtue de violet,

Avec un chapeau rouge dépareillé, qui ne m’ira pas.

Je dépenserai l’argent de ma retraite en cognac, en gants d’été,

En sandales de satin, et dirai qu’il n’y a plus d’argent pour le beurre… »

Ce poème est probablement le plus connu de Jenny Joseph (décédée le 8 janvier 2018, à l’âge de 85 ans). Lorsqu’elle l’écrivait, en 1961, elle se rendait déjà compte qu’une pension de retraite ne suffirait peut-être pas pour vivre une vieillesse confortable, mais elle ne pouvait certainement pas imaginer à quel point la retraite allait se transformer au cours des décennies suivantes.

En fait, compte tenu de facteurs liés à l’évolution démographique et socio-économique de la société, la durabilité et la survie même du système de retraite sont remises en question. En Suisse, le nombre de personnes de plus de 65 ans pour 100 personnes en âge de travailler (soit de 20 à 64 ans) est passé de 21 en 1975 à 29 en 2015, et l’on estime que ce chiffre atteindra 55 en 2050. Depuis 1950, l’espérance de vie que l’on a, une fois arrivé à la retraite, a augmenté de 50%. A l’heure actuelle, les caisses de retraite versent des prestations pendant en moyenne 22 ans aux femmes (avec une projection de 25 ans en moyenne, pour les femmes nées en 2018), durée qui était de 15 ans en 1950. Cependant, les structures des systèmes de retraite n’évoluent pas à la même vitesse. C’est pourquoi, alors que les régimes publics de retraite semblent discutables, l’importance des caisses de retraite privées va croissant. Selon l’OCDE, les personnes qui arrivent actuellement sur le marché du travail en Suisse, et qui auront droit à des prestations de retraite pour l’ensemble de leur carrière, sont susceptibles de recevoir des montants annuels de prestations qui correspondront à 45% seulement du salaire annuel équivalent, touché durant leur vie active. La prise de conscience croissante de ce problème préoccupe donc des gouvernements et des institutions dans le monde entier. Le référendum, organisé l’année dernière à ce sujet en Suisse, a eu pour résultat un rejet du changement, raison pour laquelle la Suisse reste l’un des rares pays au monde où les femmes continueront à partir à la retraite avant les hommes (soit à 64 ans, par rapport à 65 ans actuellement), malgré l’impact négatif que cela aura sur leurs prestations vieillesse.

Des données publiées par le département américain de la Santé et des Services sociaux montrent que 33% des femmes âgées de plus de 65 ans sont veuves (une minorité de 45% est mariée). Aux Etats-Unis, comme ailleurs dans le monde, une veuve reçoit normalement une rente versée au conjoint survivant, rente correspondant à seulement 50% du revenu de retraite de son défunt mari (soit nettement moins que si elle était plus jeune que lui de 15 ans, ou plus). Etant donné que le revenu initial de retraite du mari représente habituellement un maximum de 60% de ses revenus, montant qui est réduit de moitié au décès du mari, cela laisse à sa veuve seulement 30% du salaire de son défunt mari pour vivre, sauf si elle dispose d’autres sources de revenus. De plus, une seule carrière professionnelle et un seul fonds de retraite pour deux est une option qui peut découler d’un choix délibéré, mais avec des taux de divorce élevés ce choix peut s’avérer risqué. Un rapport publié récemment par Scottish Widows révèle que dans plus de 70% des divorces prononcés au Royaume-Uni, les fonds de retraite sont ignorés, ce qui laisse potentiellement l’un des deux conjoints face à un déficit important lorsque l’heure de la retraite a sonné (heureusement, dans certains pays comme la Suisse, ces fonds ou caisses de retraite sont systématiquement pris en considération dans le cadre des procédures de divorce).

Après des années d’une vie de famille très occupée et d’une vie professionnelle bien remplie, nous devrions pouvoir profiter pleinement du temps libre qui nous est donné  alors que nous avançons en âge et l’on comprend aisément que la perspective de manquer d’argent, une fois à la retraite, représente une source de préoccupation pour la majorité des personnes actuellement engagées dans la vie active.

A cet égard, les femmes ont toutes les raisons d’être inquiètes. En effet, en Europe, les prestations de retraite – versées aux femmes en 2017 par les caisses de retraite publiques et les caisses de prévoyance liées à l’employeur – étaient en moyenne inférieures de 39% aux montants versés aux hommes (Eurostat). Je connais personnellement au moins deux femmes qui, après être parties à la retraite, ont repris des emplois à plein temps, du fait de leur insécurité financière. Par conséquent, l’avenir apparaissant plutôt sombre, de nombreuses personnes travaillent désormais plus longtemps. Un rapport publié par Prudential, aux Etats-Unis, montre qu’à l’heure actuelle 14% des femmes et 20% des hommes travaillent au-delà de l’âge de 65 ans. Toutefois, très souvent, il n’y a aucune possibilité de continuer à travailler. Selon une étude récente menée par Aegeon, 39% des personnes retraitées déclarent avoir arrêté de travailler plus tôt que prévu, du fait de problèmes de santé ou de la perte de leur emploi.  

Aujourd’hui, avant d’atteindre l’âge de la retraite, la plupart des personnes actives auront en réalité cotisé à plusieurs fonds de prévoyance vieillesse, puisqu’elles auront travaillé pour divers employeurs, parfois même dans divers pays. Par conséquent, garder le suivi de son épargne-retraite constitue souvent un défi en soi. Une étude réalisée par Aegeon révèle, à cet égard, qu’au Royaume-Uni plus de 6 millions de travailleurs ont peut-être déjà perdu la trace de certains de leurs avoirs auprès d’une caisse de retraite. Dans le cas des couples, les calculs deviennent particulièrement compliqués et des périodes d’activité en tant qu’expatrié augmentent le risque d’aboutir à une épargne-retraite insuffisante.   

La combinaison de ces divers facteurs place les femmes face à un risque élevé de précarité et de pauvreté durant la vieillesse. L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes a même montré en 2015 que cette situation les incite souvent à continuer de vivre avec des conjoints ou des compagnons pourtant violents.

A titre de comparaison, avez-vous déjà remarqué qu’à bord des avions de ligne, les membres de l’équipage rappellent toujours aux passagers que si les masques à oxygène tombent automatiquement devant eux durant le vol, chaque passager doit d’abord mettre son masque avant d’aider ses voisins ? En effet, il n’est possible d’aider, par exemple, un enfant à mettre son masque, que si l’on a soi-même déjà réussi à stabiliser sa propre respiration. Il en va de même pour les finances. On ne peut aider, soutenir et gâter ses proches que si l’on a pris soin de garantir tout d’abord sa propre sécurité financière.

Par conséquent, afin de mieux cerner les informations clés dont vous avez besoin pour prévoir vos futurs revenus de retraite, voici les cinq questions qu’il convient de vous poser – avec l’aide d’un conseiller avisé, en matière de gestion de patrimoine – afin de bien connaître les réponses et cela à tous les stades de votre vie adulte :

  1. De quel revenu aurai-je besoin pour vivre confortablement et faire face à d’éventuels frais supplémentaires, liés à la retraite et aux soins de santé ?
  2. Quelles seront mes sources de revenu, lorsque je prendrai ma retraite et/ou que mon conjoint prendra la sienne (au besoin, en tenant compte des divers régimes de retraite en vigueur dans différents pays) ?
  3. Quel revenu peut-on attendre, de manière réaliste, de l’épargne-retraite et d’autres actifs à disposition en termes absolus (rajustés dans le temps) et en pourcentage du revenu avant la retraite ?
  4. Dans quelle mesure suis-je autonome en ce qui concerne le revenu de retraite et quelles seraient les conséquences d’un divorce ?
  5. Dans quelle mesure mon revenu serait-il affecté, si mon conjoint devait décéder avant moi ?

Toutes ces questions sont fondamentales pour l’évaluation de notre sécurité financière, c’est-à-dire la mesure dans laquelle nous pouvons être sûrs que notre argent travaille pour nous, de manière à couvrir nos besoins le jour où nous prendrons notre retraite.

Nous pouvons déléguer la responsabilité de nos comptes à un partenaire ou simplement laisser la gestion de nos investissements personnels au bas de la liste de nos priorités. Cependant, il est maintenant devenu absolument essentiel de gérer l’argent que nous avons travaillé si dur pour gagner, ainsi que de protéger le patrimoine que nous avons peu à peu amassé, cela d’autant plus que nous allons travailler plus longtemps (et plus dur), du fait de notre plus grande longévité.

Ma carrière professionnelle m’a amenée à travailler plus de 25 ans dans le monde économique, financier et stratégique international. En encadrant des équipes dans les plus grandes sociétés multinationales, tout comme en conseillant des chefs de petites entreprises, j’ai pris conscience du fait que, dans le climat économique actuel, nous avons de plus en plus tendance à investir les biens précieux que sont notre temps et notre énergie dans les plans d’activités des entreprises pour lesquelles nous travaillons, alors que nous ne prenons que très peu de temps, voire pas du tout, pour veiller à ce que l’argent que nous gagnons travaille pour nous en retour. Enfin, en conclusion, je suis convaincue que pour nous, les femmes, il est désormais devenu encore beaucoup plus important que par le passé de faire en sorte d’obtenir une sécurité financière pour nous-mêmes, comme pour nos familles.

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