Le pire est-il derrière pour le secteur du luxe européen ?
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Christina Carlsten Analyste-gérante de fonds
La saison des résultats pour les sociétés dans le luxe est décevante, malgré la révision à la baisse des attentes des investisseurs ces dernières semaines. La grande majorité des sociétés ont subi des baisses conséquentes à la suite de leurs publications, notamment celles qui ont fait un avertissement sur leurs bénéfices comme Burberry. La raison principale réside dans la faiblesse persistante de la demande chinoise frappée par la crise immobilière.
A notre sens, beaucoup de mauvaises nouvelles sont reflétées dans les cours de ces sociétés et nous sommes convaincus, qu'à plus long terme, les sociétés de luxe européennes vont tirer leur épingle du jeu. Pour l'instant, la Chine souffre et l'Amérique commence à ressentir les effets d'une période de taux élevés. Mais, la détente synchronisée des politiques monétaires, à l'échelle mondiale, pointe vers une réaccélération économique, qui devrait s'affirmer durant les trimestres à venir, ce qui va permettre aux sociétés de luxe de progressivement retrouver des couleurs.
Les résultats semestriels de LVMH sont sortis plus faibles que les prévisions, que ce soit au niveau des ventes et des marges dans la plupart des divisions (Vins et Spiritueux -12%, « Mode&Maroquinerie » -2% et parfums +4%). La croissance organique s'établit à +1 % par rapport à +3% au premier trimestre, en deçà du consensus de 3%. Le principal point positif est la résilience de la division« Mode&Maroquinerie » en Chine, qui a réussi à progresser durant le semestre. La société n'a fait aucun commentaire sur le développement des ventes au mois de juillet, mais reste optimiste sur sa capacité de gagner des parts de marché. De plus, une amélioration des bases de comparaisons est attendue pour le deuxième semestre.
Au vu des résultats de ses concurrents, les investisseurs s'attendaient à une publication faible de la part de Kering. Elle est finalement sortie marginalement au-dessous des attentes. Les ventes ont affiché une baisse de 11 % comparé à une estimation du consensus de -9%. La marque Gucci est sortie à -19%, contre -17% attendu. La déception réside dans les prévisions du groupe pour le deuxième semestre, qui ne montrent qu'une amélioration marginale basée sur l'activité de juin et de juillet. Du côté positif, le profit opérationnel est sorti en ligne avec les attentes. Le groupe est toujours dans sa période de transition et le repositionnement du groupe prend plus de temps que prévu. Les collections masculines de Sabato de Sarno viennent seulement d'arriver en magasin, alors que quatre lignes de sacs à main devraient être disponibles en septembre. Le timing de l'inflexion reste difficile à anticiper, mais à notre sens la valorisation actuelle (PE 15x) n'accorde aucun crédit à un redressement de Gucci.
Nous maintenons nos codes à acheter sur LVMH et Kering, mais recommandons de revenir, dans un premier temps, sur LVMH, lorsque le cours du titre se sera stabilisé. En effet, dans un contexte plus difficile, LVMH va bénéficier de sa diversification et de ses économies d'échelle. La thèse sur la restructuration de Kering dans un marché déjà volatile prendra plus de temps à se réaliser.
Auteur
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Christina Carlsten est analyste et gérante senior sur les marchés européens auprès de Piguet Galland depuis 1997. Elle a commencé sa carrière à la Banque Scandinave en Suisse à la clientèle privée pour ensuite se tourner vers l’analyse financière et la gestion de fonds. Au sein de la Banque, elle est en charge de la gestion de fonds et de certificats thématiques investis en actions européennes et globales. Elle est titulaire d’une licence en sciences économiques de l’Université de Lund (Suède).