En tant que Chief Risk Officer de la banque privée Piguet Galland, Carine Casteu apprécie surtout d'être sans cesse confrontée à de nouveaux thèmes.
Ce témoignage est paru dans la série Women in Finance sur HZ Banking, une publication de Handelszeitung, le 11 mars 2024.
A la banque privée Piguet Galland elle est sans doute celle qui doit le plus souvent dire non. « C'est bien possible, bien que j'essaie plutôt de dire 'oui, mais ...' au lieu de 'non', afin que nous trouvions une solution constructive », explique Carine Casteu, Chief Risk Officer. Elle occupe le poste de cheffe depuis huit ans et est ainsi la deuxième femme à faire partie des cinq membres du management board de la banque privée dont le siège est à Yverdon.
Pour cela, elle a même quitté sa vie parisienne, a fait ses valises sans hésiter et s'est installée avec son mari et ses trois enfants, alors âgés de six, quatre et un an, dans la paisible région du lac Léman. « C'était un véritable défi, tant sur le plan professionnel que privé », se souvient cette femme de 48 ans. Mais comme elle aime le changement, comme elle le dit elle-même, elle s'est lancée à corps perdu dans cette aventure et s'est glissée dans le rôle de Chief Risk Officer dans la structure d'une petite banque privée de longue tradition.
« Ce fut la bonne décision, car même si j'avais auparavant aussi occupé six postes différents chez HSBC en douze ans, parce que les choses changeaient constamment, en tant que risk manager chez Piguet Galland, j'ai un éventail de tâches beaucoup plus large et un cahier des charges nettement plus varié », précise celle qui est à la tête de cinq équipes de 20 personnes. Elle le fait de manière aussi ciblée que possible, et si l'un de ses collaborateurs ne réussit pas quelque chose, elle essaie d'en comprendre les raisons. « Avant, je me focalisais sur le résultat, aujourd'hui la diversité des équipes m'amène à comprendre d'abord le contexte dans lequel les objectifs sont atteints ou non », commente la cadre supérieure Carine Casteu, qui souhaite également préparer ses collaborateurs aux nouveaux défis qui attendent le monde du travail.
Car actuellement le thème de l'intelligence artificielle figure en tête de leur feuille de route. « L'IA peut améliorer et rendre plus efficace beaucoup de choses, notamment dans le domaine de l'évaluation des risques, où les données sont très importantes, mais elle comporte aussi de nouveaux risques », révèle Carine Casteu. C'est pourquoi elle suit le sujet de très près, se tient au courant et analyse comment les banques abordent le thème dans d'autres pays. Car à son avis la question n'est pas de savoir si et comment l'IA va changer le travail quotidien, mais quand. On ne peut donc pas se pencher assez tôt sur le sujet et développer des stratégies sur la manière de l'aborder.
C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles elle a récemment suivi un post-diplôme dans le domaine de la résilience organisationnelle à la Haute école de gestion (HEG) de Genève. « Car une organisation résiliente détecte rapidement les changements futurs et peut réagir de manière appropriée », remarque-t-elle. Chez elle, ses enfants auraient compris les mécanismes de l'IA et des médias sociaux bien avant elle. « Ils me l'ont commenté ainsi : si tu ne dois rien payer pour quelque chose, il est clair que tu es la marchandise dans ce magasin », note Carine Casteu.
Sandra Willmeroth