Ernst & Young1 a rapporté une baisse de 7 % du nombre d'entreprises introduites en bourse dans le monde depuis le début de l'année. En revanche, la taille moyenne de ces nouvelles entreprises cotées a augmenté de 26 % par rapport à l'année précédente.
En effet, dans un marché très acheteur ces dernières semaines et face à des noms très médiatisés, véritable « blockbuster » de Wall Street comme le site web communautaire américain de discussion et d'actualités sociales Reddit ou le nouveau réseau social du candidat à la présidentielle « Truth Social », fusionné à la société TMTG, sont autant d’éléments qui alimentent la frénésie acheteuse des investisseurs en quête de gains réputés faciles et fulgurants.
Pour rappel, une IPO est un acronyme anglais pour « Initial Public Offering ». Elle marque le passage d‘un statut privé d’une entreprise à une cotation publique par laquelle ses nouvelles actions émises se négocient sur une place boursière.
Les entreprises collectent de l'argent frais pour se développer et renforcer leur réputation et crédibilité.
En contrepartie, la société va se soumettre à un nombre de règles de transparence et de communication (rapports financiers trimestriels) et pression accrue sur sa performance à court et à moyen terme et sa rentabilité, tant en termes de revenus que de bénéfices, de la part de ses nouveaux actionnaires.
Reddit, site web communautaire américain de discussion et d'actualités sociales, utilisé comme source de discussion pour les plateformes de trading, non-profitable à ce jour, introduite au prix de USD 34, a vu son cours s’envoler de près de 50% sur la première séance. Truth social a fusionné avec TMTG, portant la valorisation boursière de l’entreprise de média de Donal Trump à près de 7 milliards de dollars. Mais ces opérations ne sont pas réservées à la seule place financière de New York.
La société Suisse Galderma, spécialiste de soins de la peau, a ouvert à CHF 61 par action, soit près de 15% au-dessus de la fourchette haute du cours d’émission annoncé entre CHF 49 et 53. Selon l’Agefi3, cela représente un record européen avec une valorisation de 2,3 milliards de francs, ce qui équivaut au volume des dix introductions à la Bourse suisse de l'an dernier.
Des chiffres qui interrogent voire peuvent inquiéter.
D’après des données de Bloomberg, entre 1999 et 2000, au plus fort de la bulle Internet, plus de 1300 entreprises ont été introduites en bourse et ont levé environ 170 milliards de dollars de capitaux. Entre 2020 et 2021, plus de 1 500 entreprises sont entrées en bourse et ont levé plus de 500 milliards de dollars de capitaux.
Or, d’une part ces chiffres sont en mettre en perspective d’un marché largement inactif depuis 2022, en cause la remontée des taux et le plongeon des bourses. D’autre part, ces récentes performances boursières restent nettement inférieures aux scores record des premiers jours de cotation des sociétés lors de la bulle spéculative des dotcom.
A moins d’être l’ami proche d’un « investment banker », ou de poser sur la table quelques millions pour assurer une attribution, il est difficile d’obtenir une allocation pour un client privé surtout si l’IPO est sur-souscrite.
Être client d’une banque « book runner », à savoir un établissement financier qui est le principal souscripteur ou structureur de l'émission des nouveaux titres en capital, peut faciliter les choses, en demandant une allocation pré-IPO sur la base d’un prix théorique annoncé.
Sinon, une solution envisageable est celle de passer un ordre avant l’ouverture le jour J avec un prix limite pour éviter d’être exécuté à n’importe quel prix. Enfin, être patient et attendre que la frénésie acheteuse retombe, éventuellement, que le prix du titre se stabilise, que les analystes financiers publient sur les estimations de bénéfices et donc déterminent un prix de consensus du marché.
Dans les mois qui suivent, on peut également tabler sur la sortie des actionnaires privés, les private equity bloqués juridiquement par des « lock up period ». En effet, une période de blocage, également appelée période d'immobilisation, pendant laquelle les initiés, les investisseurs, les fondateurs et employés d'une entreprise sont contraints de ne pas pouvoir vendre ou racheter leurs actions après une première offre publique de vente (IPO).
Investir, ne pas spéculer. Acheter une bonne valeur, au bon prix, dans une construction de portefeuille, demander conseil et s’entourer d’experts, allant du conseiller en investissements à la table de trading, restent les maîtres-mots de tout investissement, IPO et autres placements compris.
1. EY Global IPO Trends Q1 2024 | EY - Global
2. SPAC: « Special Purpose Acquisition Company »., mécanisme d’ingénierie financière qui consiste à fusionner avec une société cible.
3. Entrée en Bourse de Galderma, un record européen en 2024 | Agefi.com