Après les téléphones et les réseaux de neurones artificiels, l’intelligence s’invite partout y compris dans nos réseaux électriques. Imaginez un réseau électrique aussi intelligent que nos objets connectés, où chaque foyer, bâtiment et voiture électrique consomme non seulement de l’énergie, mais la produit et la redistribue, en temps réel, dans une fluidité invisible mais essentielle. Cette vision qui pourrait paraître tout aussi futuriste que l’intelligence artificielle, c’est pourtant la promesse des smart grids, à savoir celle des réseaux intelligents qui optimisent notre gestion de l'énergie.
Le sujet n’est pas nouveau puisque l’électricité est au cœur du défi de neutralité climatique. Mais cet enjeu a été accéléré par deux facteurs majeurs récents, à savoir la crise énergétique de 2021 faisant prendre conscience de la dépendance de nos économies aux énergies fossiles et accélérant l’urgence de trouver des alternatives et l’accroissement des besoins en électricité, avec l’essor de l’intelligence artificielle, très gourmande en électricité1.
Le saviez-vous ? Une requête sur ChatGPT consommerait de 10 à 25 fois plus d’énergie qu’une simple recherche sur Google2.
Si le sujet parait moins survolté qu’il y a quelques mois, il n’en reste pas moins structurel global et stratégique.
En effet, en Suisse, environ trois quarts des besoins énergétiques sont importés sous forme de pétrole, de gaz naturel et d'électricité3. En hiver, lorsque la production hydraulique baisse, près de 40 % de l’électricité est importée pour répondre à la demande, notamment en raison des pics de consommation liés au chauffage et à l’éclairage. Ce contexte rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux et aux tensions géopolitiques ; à l’instar de la guerre en Ukraine, qui a fait bondir les prix du gaz de 200 % en 2022. À cela s’ajoutent les défis de durabilité. Alors que la Suisse vise la neutralité carbone d’ici 20504, seulement 7 % de son électricité provenait du solaire et de l’éolien en 2022, alors que l’hydroélectricité représentait environ 55 % de la production. Or, une étude de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL)5 prévoit une baisse de 7 % à 8 % de la production hydroélectrique d'ici 2050 à cause des modifications des précipitations et de la fonte des glaciers.
En français : « réseau intelligent », les smart grids désignent un système interconnecté de distribution d’énergie électrique qui adapte automatiquement, en autonomie, la production à la demande. En rendant « intelligent » le réseau électrique, la smart grid permet une décentralisation avec l'intégration de nouveaux producteurs, les énergies renouvelables, solaires ou éoliennes, pour la production ; les remontées d'informations, en temps réel via les capteurs placés sur ces sources pour la gestion de la consommation. Selon l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), ils pourraient réduire de 5 % les pertes liées à l’inefficacité du réseau.
Si la chaîne de valeur, vaste et multi-sectorielle de ces réseaux intelligents regorge de potentiels, attention aux écueils et bien se positionner sur les acteurs à forte valeur ajoutée et au plus fort potentiel de croissance. Des énergies renouvelables via les leaders du solaire ou de l’éolien, en passant par les infrastructures intelligentes qui modernisent les réseaux pour plus d’efficacité, aux solutions de stockage et de gestion de l’énergie, ou encore via les services publics qui organisent et gèrent les réseaux de distribution, nous recommandons de favoriser le segment intermédiaire et l’aval, moins compétitifs, moins règlementés et offrant un potentiel de croissance nettement supérieur. Avec dépenses annuelles mondiales qui devraient doubler à près de 800 milliards de dollars d’ici 8 ans, selon l'Agence Internationale de l'Energie, les fournisseurs d'équipements de réseaux électriques sont les premiers bénéficiaires, ce pourquoi nous recommandons de privilégier ces acteurs clefs du secteur.
Pour diversifier et compléter les expositions, il est judicieux d’envisager des investissements dans des certificats thématiques ou des trackers spécialisés. Pour les investisseurs obligataires, les obligations vertes émises par des sociétés des services publics, peuvent également faire sens dans une construction de portefeuille pour s’exposer à la thématique. En effet, la difficulté dans l’univers des obligations vertes, réside dans le fait que ces obligations labellisées vertes ne répondent à aucun standard, ni aucune règlementation. En d’autres termes, tout émetteur peut émettre un « green bonds » qui sera labellisé comme tel dans les bases de données, à la condition que cette obligation soit émise pour le financement exclusif d’un projet à des fins environnementales comme des projets d’énergie renouvelable, efficience énergétique, gestion des déchet, maintien de la biodiversité, gestion de l’eau. Or, les sociétés de services publics sont des acteurs clefs de la chaine de valeur et font face à des besoins de modernisation et de financement majeurs pour optimiser les réseaux actuels et transiter vers une structure interconnectée.
L’électrification et les smart grids sont bien plus qu'un simple maillon dans la transition énergétique ; ils constituent une vision durable pour la sécurité énergétique et la résilience économique du monde et de la Suisse. En limitant les coûts d'importation et en stabilisant les prix de l’énergie, ces technologies offrent des avantages économiques significatifs à long terme. Pour les investisseurs, l’électrification et les smart grids représentent une opportunité unique d’engagement à long terme. En identifiant les entreprises et les technologies clés de cette révolution, vous pouvez non seulement diversifier vos investissements, mais aussi participer à la construction d’un avenir énergétique résilient et durable. Pour éviter tout blackout dans vos portefeuilles, nous vous invitons à découvrir nos solutions d’investissement et à faire appel à nos équipes d’experts éclairés.
Références :