Point sur les marchés - 13 juillet 2020
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Daniel Varela Chief Investment Officer
L'essentiel
Le financement social total en Chine, une mesure des fonds que l’économie réelle obtient du système financier, est resté en hausse de 12,8% en juin par rapport à l’année dernière. Cela reflète les mesures d’assouplissements de Pékin visant à accélérer la croissance du crédit pour faire face à la pandémie de Covid-19.
Alors que les publications de résultats pour le deuxième trimestre 2020 débutent cette semaine aux Etats-Unis, le consensus des analystes semble ignorer les nombreux signes de reprise de l’activité durant les trois derniers mois. Ainsi, les attentes à l’égard des sociétés restent extrêmement conservatrices et nous anticipons des surprises positives, à même de soutenir les marchés actions.
Le gouvernement britannique vient d’annoncer des mesures de relance supplémentaires, avec à la clé des primes de retour à l’emploi et des baisses de TVA. Celles-ci viennent compléter le plan d’aide annoncé en mars équivalent à 25% du PIB. D’autres mesures pourraient suivre en automne, le Royaume-Uni étant un des pays les plus touchés par le Covid-19 au sein de l’Europe.
Le surendettement des Etats n’est pas un problème, pour l’instant
Afin de réveiller un marché automobile en berne depuis l’éclatement de la crise du Covid-19, certains constructeurs recourent à des offres originales, qui permettent par exemple au consommateur de prendre immédiatement livraison d’une voiture neuve, sans avoir à se soucier de son financement avant 2022. Une démarche qui, somme toute, ressemble beaucoup à ce que l’on observe actuellement sur le front de la dette gouvernementale. Des plans de relance énormes ont été adoptés un peu partout dans le monde, afin d’atténuer les conséquences économiques négatives liées aux mesures de confinement des populations. Les montants dépassent les ressources mobilisées par les gouvernements au lendemain de la crise des subprimes et impliquent à terme une forte augmentation de la dette des Etats. Le marché obligataire, lui, ne s’en soucie guère, puisque cet effort est largement financé par les grandes banques centrales au travers d’importants plans de rachats d’actifs. Au jeu de la monétisation de la dette des Etats, la Réserve fédérale américaine et la Banque Centrale Européenne sont les plus actives. Mois après mois, elles alignent les milliards pour racheter des obligations gouvernementales et éviter que cet envol généralisé des déficits budgétaires n’occasionne une tension sur les taux. Ces plans ont été très efficaces à ce jour puisque les rendements gouvernementaux restent proches des planchers historiques y compris pour les pays plus fragiles du sud de l’Europe qui ont été durement frappés par la crise sanitaire. Les économistes s’accordent toutefois à dire que cette politique peu orthodoxe de financement des déficits doit rester temporaire. Tous les exemples de recours durable à la planche à billets au cours de l’histoire ont abouti à un retour plus ou moins incontrôlé de l’inflation. Il est donc probable que les banquiers centraux remisent au placard leurs outils les moins conventionnels une fois l’économie rétablie, à plus forte raison s’ils constatent un rebond des prix sur fond de début de démondialisation et de relocalisation de certains circuits de production. Il faudra alors s’attendre à un début de redressement des taux sur les marchés obligataires. Les emprunts de moindre qualité comme les obligations d’entreprise ou la dette émergente seront moins sensibles à une tension sur les taux et tendront par conséquent à surperformer les emprunts des gouvernements de la meilleure qualité.
Japon - Une relance olympique
Malgré l’annulation des Jeux olympiques de Tokyo prévus cet été, le Japon a conservé l’esprit de compétition : avec son plan de relance budgétaire représentant plus de 40% du PIB, il se place largement en tête pour ce qui est des mesures de soutien visant à atténuer l’impact économique de la pandémie.
Si la rapidité de la reprise des marchés financiers a surpris d’une manière générale, c’est d’autant plus vrai pour la bourse japonaise, compte tenu des dégâts que le Covid-19 a infligés à l’économie du pays. A titre d’exemples, les commandes de machines-outils sont en baisse de 53% sur un an et la confiance des consommateurs se trouve actuellement à un niveau inférieur à celui qu’il affichait lors de la crise financière de 2008.
Par ailleurs, en raison des restrictions de voyage, le nombre de touristes étrangers dans l’Archipel a chuté de 99,9% en mai par rapport à l’an dernier, pour atteindre 1700 par mois (soit 55 personnes par jour), un chiffre difficilement comparable aux près de 3 millions de visiteurs enregistrés pendant le seul mois de juillet 2019. Le secteur automobile est l’un des rares à montrer des signes encourageants : à la fois cyclique et discrétionnaire, il tire pour une fois son épingle du jeu, grâce notamment à la hausse des ventes de véhicules induite par l’utilisation limitée des transports publics.
Dans un tel contexte, le récent rebond des actions nippones s’explique sans doute en grande partie par les interventions de la Banque du Japon. Or les amateurs d’épreuves d’endurance le savent bien : démarrer trop vite, c’est risquer de manquer d’énergie pour terminer la course. A ce rythme, le marché japonais pourrait bien vite s’essouffler, raison pour laquelle nous préconisons une exposition diversifiée et prudente à court terme.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.