Message de notre CIO : les bourses chutent sur fond de guerre commerciale

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Daniel Varela Chief Investment Officer

Les marchés financiers continuent de réagir négativement aux droits de douane punitifs annoncés par Donald Trump mercredi dernier. Et l’annonce de représailles de la part de la Chine vendredi n’a évidemment pas contribué à rassurer les investisseurs. A l’exception des obligations gouvernementales des pays les plus solides et dans une moindre mesure de l’or, l’ensemble des actifs financiers accuse de lourdes pertes depuis la conférence du président américain, les reculs étant bien entendu plus prononcés sur les actifs plus risqués comme les actions. Les principales bourses enregistrent des reculs supérieurs à 10% sur les deux à trois séances qui ont suivi. Une correction parmi les plus fortes de l’histoire récente sur un temps aussi bref. Et depuis les sommets inscrits il y a quelques semaines, le recul avoisine 20% sur la plupart des places financières, seuil au-delà duquel on parle de marché baissier (bear market). Cette forte remontée de l’aversion au risque des investisseurs est liée aux risques économiques qui pèsent désormais sur l’économie américaine et la conjoncture mondiale.
A notre sens, un scénario de récession n’est pourtant pas encore assuré. Cela dépendra de l’application des mesures annoncées par Donald Trump et surtout du résultat de négociations bilatérales qui se dérouleront au cours des prochaines semaines. Il se dit en effet que plus d’une cinquantaine de pays ont sollicité les Etats-Unis en vue de l’ouverture de telles négociations. Des baisses de taux se profilent également du côté des banques centrales. Certes, la Réserve fédérale américaine s’inquiète pour l’instant d’un sursaut de l’inflation en lien avec ces nouvelles taxes. Mais, elle ne devrait pas rester insensible en cas de nette détérioration du marché de l’emploi. D’autant que d’autres grandes banques centrales devraient couper leur taux, à commencer par la Banque centrale européenne. Une relance budgétaire est également attendue, du moins dans les pays les plus exposés à cette guerre commerciale. On pense notamment à la Chine.
La volatilité des marchés financiers pourrait se prolonger sur le court terme. Pourtant, nous considérons que les marchés intègrent déjà beaucoup de mauvaises nouvelles et qu’un scénario économique très sombre est désormais anticipé par les investisseurs. Les indicateurs de sentiment les plus utilisés ainsi que les mesures de volatilité implicite sur les bourses indiquent un niveau de pessimisme rarement observé et une capitulation des investisseurs. L’histoire des marchés financiers montre qu’il est habituellement judicieux de conserver son calme dans un tel contexte. Des catalystes positifs pourraient par ailleurs contribuer à redresser progressivement la confiance des investisseurs. L’historique récent de Donald Trump en matière d’application des droits de douane laisse un maigre espoir d’un report des taxes réciproques devant être appliquées le 9 avril. Par ailleurs, la conclusion de premiers accords de réduction des droits de douane par certains pays pourrait relancer l’espoir d’une diminution progressive et relativement généralisée de ces taxes au cours des prochains mois.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.