Cet article a été écrit par Daniel Steck, analyste-gérant de fonds. Il est paru dans Sphere, le 24 mai 2024.
Aujourd’hui, elles sont particulièrement attractives, notamment si on les compare au reste de la cote. Historiquement, en Suisse, les Small Caps se sont traitées avec une prime de valorisation par rapport aux Large Caps. Cette prime, qui s’élevait en moyenne à 30%, n’est que de 16% actuellement, alors que les perspectives de croissance pour ces sociétés sont en général supérieures à celles de leurs grandes sœurs. La remontée des taux d’intérêt, qui a considérablement durci les conditions de financement pour ces entreprises ainsi que la force persistante du franc suisse durant les derniers trimestres a passablement pesé sur leurs valorisations. Un retournement est toutefois en train de s’opérer, notamment après l’assouplissement de la politique monétaire de la BNS.
Les petites et moyennes capitalisations sont les premières bénéficiaires de la récente décision de la BNS de couper ses taux directeurs. En effet, la force du franc suisse est particulièrement pénalisante pour ces entreprises. A l’inverse des grandes multinationales, présentes physiquement sur plusieurs continents, les petites sociétés génèrent une grande partie de leurs coûts en Suisse, alors qu’elles exportent la majorité de leurs biens et services à l’international. Il en résulte un impact négatif important sur leurs marges, auquel on doit rajouter une perte de compétitivité par rapport aux entreprises étrangères. La faiblesse actuelle du franc contre l’euro et le dollar est donc une excellente nouvelle pour ce segment de marché.
En effet, malgré leur petite taille, de nombreuses entreprises suisses se distinguent à l’international. Elles bénéficient d’une image de marque reconnue dans le monde entier. Citons par exemple Lindt ou Logitech, qui ne génèrent qu’une partie infime de leurs revenus sur le sol helvétique. Le secteur de la santé compte également de nombreuses entreprises résolument tournées vers l’international, à l’image de Straumann, Bachem, Ypsomed ou encore Tecan.
ON Holding, un véritable David qui se bat contre plusieurs Goliaths. C’est une success story remarquable dans le secteur de la chaussure de sport. Avec une capitalisation d’à peine 12 milliards de dollars, la société introduite en bourse en 2021, tient fermement tête aux stars du secteur, Nike ou Adidas. D’un point de vue de ses fondamentaux, ON Holding n’a rien à envier aux leaders du marché, puisque l’entreprises affiche déjà une profitabilité nettement supérieure à celle de ses concurrents et ce grâce à un positionnement résolument tourné vers le haut de gamme. ON a su se différencier sur un marché de la chaussure de sport morose et capitaliser sur l’image d’une figure reconnue, celle de Roger Federer. Signe clair de ses ambitions, ON Holding a choisi New York pour effectuer son entrée en bourse il y a trois ans.
Il y a fort à parier que la prochaine entreprise à intégrer l’indice SMI soit une fois encore une société active dans le domaine de la santé. La première candidate est bien sur Straumann, première capitalisation de l’indice SPI Extra, qui inclut les valeurs du SPI à l’exception de celles du SMI. Cependant, une nouvelle venue pourrait lui griller la priorité. Sandoz, leader mondial des médicaments génériques, qui a effectué son IPO il y a moins d’un an, semble très bien positionnée pour prétendre à une place parmi les vingt stars de la bourse helvétique.