Point sur les marchés - 17 février 2025
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Christina Carlsten Analyste-gérante de fonds
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Actualités : Corporate America en pleine forme.
La saison de publication des résultats du dernier trimestre de l’année 2024 touche à sa fin aux Etats-Unis et l’on ne peut que constater la solidité des chiffres dévoilés par les entreprises. Près de trois quarts des sociétés sont parvenus à battre les attentes du consensus des analystes. Plus important encore, l’amplitude des surprises positives sur les bénéfices publiés est exceptionnelle, avec un dépassement de plus de 6% des attentes. Ce chiffre est en amélioration depuis deux trimestres maintenant et conduit à deux conclusions importantes pour les marchés. D’une part, les anticipations des analystes semblent ancrées à des niveaux tout à fait réalistes, ce qui place la barre moins haut pour les entreprises et permet de limiter les déceptions lors des annonces de résultats. D’autre part, cette tendance positive rend plus plausibles les attentes de croissance bénéficiaire pour l’année 2025, qui se situent à environ 15%. De quoi soutenir la valorisation généreuse des bourses américaines… du moins sur le court terme.
Focus
Europe : les implications d’un cessez-le-feu en Ukraine
Les chances d’un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine ont augmenté récemment, une évolution bien accueillie par les marchés européens. L’entretien de 90 minutes entre Donald Trump et Vladimir Poutine la semaine dernière pourrait en effet marquer le début de véritables négociations de paix. Toutefois, avec la poursuite des combats, une paix durable reste incertaine. De nombreuses questions, notamment territoriales, compliquent la résolution du conflit. Néanmoins, la volonté affichée par Trump de favoriser les discussions avec Vladimir Poutine tranche avec l’approche plus prudente de l’administration Biden. Cela ne signifie cependant pas une acceptation des exigences russes. Mais il va sans dire que ce processus diplomatique nécessitera du temps et de multiples ajustements.
Si un accord venait à être conclu, cela pourrait redonner un nouvel élan économique à l’Europe. Une reprise des importations de gaz russe entraînerait une baisse des prix de l’énergie, bénéfique à plusieurs niveaux. L’industrie manufacturière, particulièrement les secteurs à forte intensité énergétique comme les sociétés industrielles en Allemagne, en profiterait directement grâce à la réduction des coûts de production. La relance des investissements, notamment pour la reconstruction de l’Ukraine – un projet d’une ampleur historique – constituerait un autre levier de croissance. Finalement, une baisse du prix du gaz favoriserait le pouvoir d’achat des ménages et contribuerait à la décrue de l’inflation. Cela offrirait ainsi plus de latitude à la Banque centrale européenne pour poursuivre la baisse de ses taux, soutenant ainsi l’économie.
Par ailleurs, un cessez-le-feu en Ukraine serait positif pour les actifs risqués européens. Il devrait en effet réduire la prime de risque sur les actions du Vieux-continent, resserrant ainsi l’écart avec les autres grandes places financières. Depuis le début de l’année, les bourses européennes ont bénéficié des prises de profits sur la technologie américaine et de leurs décotes historiques face au marché américain. Après leur forte hausse récente, les indices atteignent des niveaux de surachat à court terme, et un repli temporaire serait sain. Parmi les facteurs de risque figurent l’instauration de nouvelles taxes douanières, que le marché semble pour l’instant ignorer, ainsi que l’issue incertaine des négociations de paix. Nous serions acheteurs sur faiblesse.
Chiffre de la semaine : 0,4%
L’inflation continue de ralentir en Suisse. En janvier, les prix à la consommation n’affichent plus qu’une hausse de 0,4% sur douze mois, soit la plus faible progression annuelle depuis mai 2021. La crise inflationniste liée à l’épidémie de Covid et au dérapage des prix de l’énergie est donc oubliée. La Banque nationale suisse pourrait ainsi couper à nouveau ses taux lors de sa réunion du 20 mars.
Auteur
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Christina Carlsten est analyste et gérante senior sur les marchés européens auprès de Piguet Galland depuis 1997. Elle a commencé sa carrière à la Banque Scandinave en Suisse à la clientèle privée pour ensuite se tourner vers l’analyse financière et la gestion de fonds. Au sein de la Banque, elle est en charge de la gestion de fonds et de certificats thématiques investis en actions européennes et globales. Elle est titulaire d’une licence en sciences économiques de l’Université de Lund (Suède).