Point sur les marchés - 18 novembre 2024
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Christina Carlsten Analyste-gérante de fonds
Europe : loin de l’exubérance américaine.
Alors que les indices boursiers américains atteignent de nouveaux sommets historiques, notamment grâce à la victoire de M. Trump à l’élection présidentielle américaine, les bourses européennes peinent à suivre. Cette élection n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe, et cela se comprend aisément. Les points de départ divergent : l’économie américaine se porte déjà bien grâce à une consommation vigoureuse, et le programme économique de Donald Trump, incluant des allégements fiscaux et une diminution des régulations, devrait augmenter les profits des entreprises américaines.
En Europe, la situation est plus compliquée. La reprise économique reste fragile, les consommateurs préférant épargner plutôt que dépenser. De plus, le Vieux Continent est politiquement affaibli, avec ses deux plus grandes économies, l’Allemagne et la France, confrontées à des incertitudes politiques. À cela s’ajoutent des vents contraires externes, tels qu’un cycle manufacturier mondial faible, une relance jusqu’à présent décevante en Chine, et les potentiels tarifs douaniers imposés par Trump. Cependant, il serait dangereux de sombrer dans un pessimisme extrême. La situation n’est pas la même qu’en 2016, puisque les banques centrales des pays développés ont entamé un cycle de baisse des taux et que la Chine pourrait accélérer son stimulus pour contrebalancer les mesures prises par l’administration Trump. De plus, il ne faut pas oublier que les entreprises européennes opérant aux États-Unis bénéficieront de la baisse du taux d’imposition outre-Atlantique.
La victoire de M. Trump a refroidi les bourses européennes. Les investisseurs, perplexes, ont réduit leur exposition à cette région au profit des États-Unis. On peut se demander si cette décision n'arrive pas trop tardivement. Dans ce contexte, il est difficile d’imaginer les bourses européennes surperformer celles des États-Unis. Néanmoins, il est important de garder à l’esprit que les bourses européennes conservent des atouts. Les entreprises et les ménages sont en bonne santé financière. Suite à la sous-performance de l’Europe par rapport aux États-Unis, la valorisation est devenue extrêmement attrayante. Même en excluant les « Magnificent Seven », les actions européennes se traitent à une décote de 50 % par rapport aux actions américaines avec un rendement de 3.5 %.
Un jour, les investisseurs se tourneront vers les opportunités attractives que représentent les actions européennes, trop souvent décriées. Mais cela n’est sans doute pas pour tout de suite.
Retour de la volatilité sur l’or
L'or est un actif complexe, capable d'adopter des comportements variés selon les phases de marché. Tantôt perçu comme une monnaie, tantôt influencé par les taux d'intérêt ou recherché comme valeur refuge en période de stress, son analyse peut dérouter. Ces derniers temps, sa corrélation avec les devises, en particulier le dollar américain, a été prédominante, ce qui explique pourquoi l’évolution de ce dernier domine actuellement le comportement du métal jaune. Dans ce contexte, les implications de l’élection de M. Trump à la présidence des États-Unis jouent un rôle clé. Son agenda protectionniste favorise une monnaie forte, soutenue par des taux d’intérêt longs élevés. Par ailleurs, les récents doutes sur des baisses de taux supplémentaires par la Réserve fédérale accentuent cette dynamique. Cela a conduit à une appréciation rapide de l’indice du dollar (DXY), une tendance qui pourrait se prolonger, exerçant ainsi une pression négative sur l’or.
Bien que nous restions convaincus que la demande des banques centrales restera robuste à long terme, nous estimons qu’une prise de profit sur les positions en or est aujourd’hui justifiée. Sa forte progression depuis le début de l’année en fait un candidat idéal pour réduire les expositions, en attendant que les incertitudes se dissipent.
Chiffre de la semaine :
65 %
La probabilité de voir la Réserve fédérale américaine abaisser une fois encore ses taux directeurs en décembre s’effrite. L’élection de Donald Trump à la présidence américaine soulève de nombreuses craintes quant à l’impact inflationniste de ses futures réformes. De quoi rendre la tâche de la Fed plus compliquée en 2025.
Auteur
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Christina Carlsten est analyste et gérante senior sur les marchés européens auprès de Piguet Galland depuis 1997. Elle a commencé sa carrière à la Banque Scandinave en Suisse à la clientèle privée pour ensuite se tourner vers l’analyse financière et la gestion de fonds. Au sein de la Banque, elle est en charge de la gestion de fonds et de certificats thématiques investis en actions européennes et globales. Elle est titulaire d’une licence en sciences économiques de l’Université de Lund (Suède).