Sur les deux prochaines semaines, plusieurs grandes banques centrales doivent tenir leur dernière réunion de politique monétaire de l’année 2024. Dans la plupart des cas, ces instituts devraient annoncer des baisses de taux en guise de cadeaux de Noël pour les agents économiques et les investisseurs. Ce sera très certainement le cas dès ce jeudi pour la Banque centrale européenne (BCE). Les difficultés économiques et les incertitudes politiques affectant les deux poids lourds de la zone euro (Allemagne et France) justifient ce coup de pouce de fin d’année.
La BCE sera sûrement imitée le même jour par la Banque nationale suisse. Le faible niveau de l’inflation sur le territoire helvétique et la force du franc contre l’euro seront principalement évoqués. Enfin, on attend une nouvelle baisse de taux du côté de la Réserve fédérale américaine. Malgré des chiffres économiques toujours résilients, une poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine reste justifiée à ce stade, avant peut-être de faire une pause début 2025 lorsque le nouveau président Trump commencera à déployer son programme procyclique. Ce contexte devrait sans doute aider les marchés à finir 2024 en beauté !
Les marchés financiers n'ont pas réagi à la chute du gouvernement français, un événement largement anticipé. Le projet de budget, axé sur des hausses d’impôts plutôt que sur des réductions de dépenses, a suscité de vives critiques. En conséquence, la tentative de Michel Barnier de mener une consolidation budgétaire significative a clairement échoué, laissant place à une politique budgétaire désormais au mieux neutre (avec la reconduite du budget 24) voire plus accommodante. Dans ce contexte, la nomination d’un nouveau Premier ministre, bien qu’essentielle, ne devrait pas suffire à lever les incertitudes politiques, le Parlement restant profondément divisé en trois blocs antagonistes.
Sur le plan économique, les indicateurs se dégradent depuis la fin des Jeux Olympiques. Le secteur automobile et celui de la consommation sont particulièrement touchés par des plans sociaux et des licenciements. Parallèlement, les ménages augmentent leur épargne, signe d’une confiance affaiblie. Cette instabilité politique risque de continuer à peser sur le moral des entreprises et des consommateurs.
Dans la zone euro, le CAC 40 est le seul indice en recul depuis le début de l’année. Bien que nombre de mauvaises nouvelles semblent déjà intégrées dans les cours, il est difficile de voir plus qu’un rebond de soulagement sur cette bourse. En effet, les perspectives économiques françaises demeurent sombres avec des risques à la baisse sur la croissance. De plus, la menace d’une hausse des impôts sur les profits et dividendes reste présente. Par ailleurs, malgré une sous-performance marquée, le CAC 40 conserve une prime par rapport à ses homologues européens, en raison de la sous-performance des révisions de ses bénéfices par rapport à l’ensemble des bourses de la zone euro. Dans cet environnement, nous ne changeons pas notre point de vue : les sociétés les plus vulnérables restent les domestiques. Un rattrapage plus durable de la bourse française pourrait nécessiter des annonces politiques positives en provenance des Etats-Unis ou de la Chine, rendant les grandes entreprises exportatrices à nouveau attrayantes. Cependant le timing reste incertain.
Vendredi, le S&P 500 a clôturé à un nouveau plus haut historique, et ce pour la 57ème fois de l’année. 2024 s’annonce déjà comme un excellent cru pour les actifs risqués américains. Le rallye de fin d’année actuel devrait perdurer dans un climat d’euphorie et alors que la Réserve fédérale s’apprête à couper une nouvelle fois ses taux.