Point sur les marchés - 03 juillet 2023
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Daniel Varela Chief Investment Officer
La saison de publications de résultats se profile à l’horizon pour les entreprises américaines. Si le trimestre précédent avait vu les sociétés du S&P 500 battre largement les attentes d’un consensus trop pessimiste, la tâche pourrait se révéler plus difficile ces prochaines semaines. En effet, le marché aborde cette saison dans une situation d’optimisme élevé, ce qui pourrait conduire à des déceptions plus nombreuses.
Le dernier tour de vis de la BNS a peu influé sur les taux longs. Et c’est bien à un aplatissement de la courbe des taux auquel on assite depuis quelques mois. Face à la remontée du taux Saron, le financement à long terme redevient dès lors compétitif sur le marché hypothécaire.
En Allemagne l’indicateur avancé IFO, qui mesure le sentiment des industriels, a poursuivi sa baisse en juin. Cette contraction était plus importante que prévu et confirme que le secteur manufacturier continue de souffrir face aux services.
Un nouveau cycle économique
Partout, l’inflation est en phase de modération et de normalisation. Et le recul marqué des cours des matières premières comme des prix à la production donne à penser que la désinflation va continuer de filtrer jusqu’aux prix à la consommation sur les prochains mois. Cette tendance rassurante devrait permettre aux grandes banques centrales, Réserve fédérale américaine (Fed) en tête, de mettre bientôt un terme à l’important resserrement monétaire appliqué depuis une année. Une période de stabilité des taux se profile. En effet, les grands argentiers hésiteront à assouplir leur politique de crédit alors que, de tous côtés, le marché de l’emploi reste tendu. Ces tensions tiennent avant tout à des phénomènes structurels et, en particulier, au départ à la retraite de la génération des baby-boomers, qui n’est pas totalement compensé par l’arrivée de la jeune relève sur le marché du travail. La transition a déjà débuté et devrait s’intensifier d’ici le milieu des années 2030. Le quasi plein-emploi qui prévaut a néanmoins limité l’ampleur du ralentissement mondial ces derniers mois. La stabilité de la situation professionnelle des ménages et la progression des salaires favorisent la consommation privée et ce sont notamment les activités de services qui en bénéficient. Cette résilience des services a permis d’atténuer le choc sur la croissance, alors que le secteur manufacturier, tous pays confondus, traverse une zone de turbulences. En l’absence d’une détérioration géopolitique majeure, c’est bien l’amorce d’un nouveau cycle économique qui se profile après le creux conjoncturel de ce début d’année. Ce scénario de résilience économique et de pause attendue sur les taux d’intérêt favorisera les actions dans les prochains mois. Les valorisations boursières sont généralement attrayantes en comparaison historique, d’autant que, depuis un an, les marges des entreprises ont progressé à la faveur du contexte inflationniste. Certes, le sentiment des investisseurs s’est nettement raffermi ces derniers temps, ce qui pourrait déboucher sur une phase de consolidation passagère. Mais nous conservons notre surpondération dans les actions, sauf au Japon, où la forte hausse des derniers mois nous incite à réduire l’exposition. Les obligations sont également attractives grâce à des rendements au plus haut sur 10 ans. Leur valorisation marquant une nette amélioration depuis peu, nous renforçons les obligations européennes au détriment des emprunts en dollar. Une décision qui fait encore plus de sens lorsqu’il s’agit de couvrir le risque de change, le coût d’une telle couverture étant actuellement très élevé sur le billet vert, notamment pour les portefeuilles basés en franc ou en euro.
Japon : un moment de surchauffe
En hausse de 27% sur l’année, l’indice Nikkei a non seulement dépassé son sommet postpandémie de septembre 2021, mais il a clôturé le premier semestre en affichant six mois consécutifs de performance positive, une série d’événements rares dans l’histoire de l’indice.
Ce rallye est en partie attribuable aux investisseurs en quête de refuge dans un environnement global particulièrement incertain. Face aux inquiétudes concernant la reprise chinoise, le Japon se distingue comme l’un des rares marchés asiatiques épargné par les pressions géopolitiques et doté d’une politique monétaire stable.
Alors que les leaders des équipements de semi-conducteurs profitent de l’enthousiasme suscité par l’intelligence artificielle, le secteur de la consommation permet de bénéficier d’une exposition à la réouverture de la Chine, mais avec moins d’aléas géopolitiques.
Tout cela ne doit cependant pas faire oublier le risque lié à la politique monétaire nippone. La Banque du Japon est en effet en grand décalage par rapport à ses homologues des économies développées. Et bien qu’elle ne montre toujours aucun signe de changement de cap malgré une inflation désormais supérieure à l’objectif de 2%, elle est susceptible de renoncer au contrôle de la courbe des taux à tout moment cette année.
Si les attentes de réformes structurelles en matière de gouvernance peuvent expliquer en partie la valorisation supérieure à la moyenne historique du marché japonais, l’engouement observé ces trois derniers mois nous semble excessif. Le potentiel de hausse étant plus restreint à court terme, nous recommandons de réduire tactiquement l’exposition, le temps que la surchauffe actuelle se calme.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.