Point sur les marchés – 10 octobre 2023
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Les troubles survenus ce weekend au Proche-Orient viennent rappeler que la paix reste fragile dans cette région. A ce stade, il semble peu probable que le conflit s’étende hors des frontières d’Israël et de la Palestine, ce qui limite le risque d’une forte réaction des marchés financiers.
Le pétrole a baissé violemment la semaine passée. Cette prise de profit a été accélérée par un positionnement extrême. Néanmoins, les supports importants de cette année ont tenu, ce qui devrait permettre un rebond depuis ces niveaux survendus.
Le resserrement de la politique monétaire de la Fed semble n’avoir que peu d’impact sur la conjoncture américaine, qui demeure obstinément résiliente. Cette solidité s’est encore une fois traduite par de solides créations de postes pour le mois de septembre. Elément rassurant, les pressions salariales semblent s’estomper, un signe encourageant pour l’évolution à venir de l’inflation.
Europe : vers un point d’inflexion ?
Ces derniers mois, les marchés européens se sont beaucoup focalisés sur l’inflation et les hausses de taux de la Banque centrale européenne. En parallèle, la détérioration de l’économie s’est poursuivie, sous l’effet d’un net durcissement des conditions de crédit. Le secteur manufacturier a continué son repli, tandis que les services, qui avaient fait preuve d’une grande résistance jusqu’à très récemment, ont finalement convergé vers le bas, accroissant du même coup les risques de récession sur le Vieux Continent. A ce stade, il convient selon nous d’établir une distinction entre l’Allemagne, dont le PIB recule parce que le secteur industriel, pilier de l’économie, subit de plein fouet la hausse des prix de l’énergie, et des pays comme l’Espagne, où la croissance devrait avoisiner 2% grâce à la reprise du tourisme et aux investissements effectués dans la transition numérique et énergétique. A notre sens, il se pourrait d’ailleurs que le pire soit déjà derrière. Les derniers indicateurs semblent se stabiliser en Allemagne, et l’Europe arrive gentiment à la fin de son cycle de déstockage. En outre, progression des salaires oblige, les consommateurs devraient bientôt percevoir l’effet positif de la désinflation sur leur pouvoir d’achat. Les perspectives pour 2024 s’annoncent dès lors plus réjouissantes.
Après la crise des banques régionales américaines et les déboires de Credit Suisse, les bourses européennes accusent à nouveau des sorties de fonds et restent en proie à la morosité. Elles présentent cependant toujours un attrait pour les investisseurs dotés d’un horizon de placement à long terme. La grande majorité des secteurs européens affichent une décote par rapport à leurs homologues américains, ce qui explique sans doute pourquoi certaines sociétés préfèrent être cotées aux Etats-Unis. Autre argument en faveur des marchés européen et britannique : ils offrent un rendement comparativement plus élevé si l’on inclut les rachats d’actions (en augmentation ces dernières années) et les rendements du dividende (également intéressants). On relèvera par ailleurs la forte décote de la bourse britannique, tant face au S&P 500 américain que face à l’EuroStoxx 50. Grande source d’inquiétude pour les marchés, l’inflation semble enfin refluer au Royaume-Uni, ce qui a permis à la Banque d’Angleterre de faire une pause dans ses relèvements de taux. Une éventuelle détente des rendements obligataires apporterait un soutien précieux à ce marché. Nous nous tenons prêts à renforcer notre allocation au sein des portefeuilles.
Suisse : La BNS aux prises avec le ralen-tissement économique
L’économie suisse s’est longtemps montrée résiliente face au ralentissement de l’Europe, son premier partenaire commercial. Mais si les services et la consommation des ménages résistent encore, la détérioration s’accélère du côté de l’industrie, l’indice PMI du secteur manufacturier atteignant son niveau le plus bas depuis la crise financière de 2008. Cette évolution souligne la dépendance de la Suisse vis-à-vis de sa voisine d’outre-Rhin, dont l’économie est mise à rude épreuve, notamment en raison de la hausse des prix de l’énergie. La force du franc suisse est elle aussi un facteur pénalisant. A cet égard, la BNS a déjoué les attentes des opérateurs en laissant ses taux directeurs inchangés à l’issue de sa réunion de septembre. Son message est des plus clair : désormais, elle ne se focalisera plus sur la vigueur du franc, mais sur l’économie. Ce changement de paradigme est bienvenu et devrait donner un coup de pouce aux sociétés exportatrices helvétiques.
Depuis cet été, les grandes capitalisations se portent mieux grâce à leur biais défensif. La récente volatilité sur les marchés financiers, liée à la correction des bourses, a été un atout pour le marché domestique qui profite systématiquement de ce type d’environnement. Si les grandes capitalisations défensives de la cote suisse suscitent un regain d’intérêt, nous restons convaincus que le segment des « small & mid caps » devrait pouvoir tirer son épingle du jeu. Bon nombre de ces sociétés vont profiter d’un franc suisse moins fort, et leurs valorisations par rapport aux grandes capitalisations demeurent particulièrement attrayantes.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.