Alors que près des deux tiers des sociétés du S&P 500 ont publié leurs chiffres pour le premier trimestre, cette saison de résultats s’annonce excellente. Près de 80% des entreprises battent les attentes du consensus, et d’une marge confortable de 6,7% ! Maintenant que les anticipations du marché semblent plus raisonnables, on peut s’attendre à voir s’estomper les révisions baissières des analystes sur la croissance américaine.
Le marché escompte une hausse de 0.25% lors de la réunion de la Banque Centrale Européenne cette semaine. Comme celle-ci a commencé son cycle de resserrement monétaire après la Fed et que le taux d’inflation est plus élevé qu’aux Etats-Unis, la fin du resserrement n’est sans doute pas pour tout de suite.
Le nouveau patron de la Banque du Japon, le gouverneur Ueda, a annoncé le maintien du contrôle de la courbe des taux et des programmes d’achat d’actifs. Il prolonge temporairement la stratégie ultra-accommodante malgré le retard par rapport aux autres banques centrales dans la normalisation de la politique monétaire, ce qui explique la faiblesse du yen japonais sur la semaine écoulée.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a rendez-vous cette semaine pour ce qui pourrait être la réunion marquant la fin de son resserrement monétaire. Les économistes penchent en effet pour une augmentation de 0.25% de son taux de référence. Selon nous, il y a de très fortes chances qu’il s’agisse du dernier tour de vis pour ce cycle. La Fed aura ainsi monté ses taux de 5% en un peu plus d’une année dans ce qui représente un des cycles de durcissements monétaires les plus rapides et les plus sévères de son histoire.
En effet, jamais la Fed n’aura autant monté ses taux depuis le début des années 1980, période à laquelle les Etats-Unis étaient confrontés à un épisode d’hyperinflation persistante. A vrai dire, l’effet recherché par son président Jerome Powell semble largement atteint, puisque l’inflation ralentit sensiblement depuis quelques mois. Sa mesure préférée de l’évolution des prix (déflateur des dépenses de consommation) vient tout juste d’être publiée pour le mois de mars. Sur un an, le renchérissement n’atteint plus que 4.2% contre une progression de 7.0% au pic de cet épisode d’inflation atteint en juin 2022.
Et tout laisse penser que la modération des prix va se poursuivre durant les prochains mois. Car, comme souvent, la lutte contre l’inflation s’accompagne d’effets secondaires économiques qui ne peuvent qu’entretenir des pressions désinflationnistes sur le moyen terme.
Ainsi, il n’est pas surprenant d’observer un ralentissement assez prononcé de la croissance au premier trimestre de cette année (+1.1% en rythme annualisé contre +2.6% au trimestre précédent). Ce trou d’air conjoncturel semble d’ailleurs devoir se prolonger au deuxième trimestre comme en atteste la poursuite de la détérioration de la confiance des ménages et des industriels au mois d’avril.
D’autant que l’assèchement du crédit orchestré par la Fed continue de faire des victimes dans le secteur bancaire comme on l’a vu encore ce weekend avec le sauvetage d’une autre banque de taille moyenne (First Republic Bank). Dans ce contexte plus morose, Jerome Powell n’a pas d’autre option que de signaler une pause sur les taux. Mais les investisseurs s’attendent déjà à ce que la prochaine tendance sur les taux soit à la baisse, peut-être déjà dès la fin de cette année, mais plus certainement dès 2024.
Ces anticipations plus favorables soutiennent les marchés financiers depuis plusieurs semaines, tant du côté du marché obligataire que sur les bourses. Et le marché des changes n’est pas en reste avec un dollar américain qui continue de s’ajuster à un environnement de taux moins favorable.
La dynamique des marchés s’étant inversée depuis octobre, les fonds les plus performants en 2022 se retrouvent maintenant en queue de peloton. Tandis que les stratégies long/short actions reprennent du poil de la bête, les stratégies « diversifiantes » − systématiques et macro notamment − sont à la peine.
Malgré le regain d’appétit pour le risque qui commence à se faire sentir, les investisseurs continuent à ce stade d’accorder leur préférence aux stratégies décorrélées. Les fonds « multi-stratégies » se révèlent les plus prisés. Les portefeuilles diversifiés qui les caractérisent sont généralement gérés par une multitude d’équipes focalisées sur des niches spécifiques.
En outre, ces plateformes utilisent des outils de gestion du risque très stricts, ce qui leur confère un levier important. Elles drainent énormément de capitaux depuis plusieurs années, et nous craignons que ces afflux limitent leur capacité future à générer des rendements attractifs, d’où notre opinion plus modérée. Nous affichons également une certaine prudence vis-à-vis des fonds macro. Ces derniers ont beaucoup profité de la remontée des taux d’intérêt en 2022. Or un tel mouvement ne devrait pas se reproduire cette année, limitant ainsi leur potentiel et créant un risque de déception.
De notre côté, nous privilégions toujours les stratégies plus directionnelles, tant dans le segment du crédit que sur les actions. Les gérants y trouvent un terrain fertile, avec, d’une part, la diminution globale des budgets recherche au sein des maisons de courtage et, d’autre part, des positions « short » (vente à découvert) à leur plus bas niveau sur vingt ans, ce qui augmente les inefficiences exploitables. Quant à la bonne orientation des marchés que nous attendons pour le reste de l’année 2023, elle offrira un soutien supplémentaire bienvenu.