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Point sur les marchés – 10 juillet 2023 - Piguet Galland

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 10 juil. 2023 16:03:00

Le commentaire positif de la secrétaire américaine au Trésor a fait naitre l’espoir d’une stabilisation des relations sino-américaines. Le récent voyage de Janet Yellen visait à réparer les liens entre les deux puissances économiques depuis l’incident du ballon espion en janvier. Avec les amendes du régulateur chinois qui signalent potentiellement la fin de la répression de son secteur internet, ces deux nouvelles pourraient compenser les indicateurs mitigés de la reprise économique auprès des investisseurs.

Malgré la remontée récente des rendements à long terme, l’or reste stable. La consolidation initiée au printemps semble donc se poursuivre. Nous pensons que la dédollarisation des réserves de certaines banques centrales sera à moyen terme un facteur bien plus dominant pour l’évolution du métal jaune que l’évolution des taux et des monnaies.

L’indice des bourses européennes Euro Stoxx 50 a subi une prise de bénéfices marquée la semaine dernière. Les secteurs qui avaient le plus progressé depuis le début de 2023, comme le luxe et la technologie, affichent les reculs les plus importants. Cette baisse n’est pas surprenante eu égard aux belles progressions enregistrées depuis le début de l’année.

 

Etats-Unis : tous les feux sont au vert

Si le deuxième trimestre 2023 a quelque peu été entaché par la crise des banques régionales, l’optimisme des investisseurs s’est rapidement rétabli. En effet, le risque de contagion au reste de l’économie et aux grandes banques américaines s’est révélé très faible et les mesures mises sur pied par les autorités ont été suffisantes pour rétablir la confiance. Plus encore, la saison de publications de résultats du premier trimestre a été un excellent cru, après plusieurs trimestres décevants.

L’excès de pessimisme qui a précipité la chute des marchés en 2022, sur fond de craintes liées au resserrement abrupt de la politique monétaire de la Réserve Fédérale (Fed) semble déjà bien loin. Les fondamentaux de l’économie sont restés particulièrement résilients et la légère contraction de la croissance économique ne justifie en aucun cas l’ampleur de la baisse des indices boursiers. Alors que les économistes sont de plus en plus nombreux à considérer le scénario de l’atterrissage en douceur de l’économie – ce qui a toujours été notre hypothèse – les marchés s’ajustent eux aussi à un environnement conjoncturel bien moins sombre qu’anticipé. Il est d’ailleurs fort probable que le PIB ait déjà atteint son plus bas et qu’une longue période d’accélération de la croissance se dessine pour la deuxième partie de 2023 et 2024. Ce contexte, couplé à un redressement des principaux indicateurs d’activité, est particulièrement porteur pour les actions.

En outre, la Fed s’apprête à modifier la direction de sa politique monétaire, alors que les pressions inflationnistes s’estompent et que les effets négatifs des hausses de taux s’accumulent pour les entreprises. Que ce soit une pause durable dans l’évolution des taux directeurs de la Fed ou une baisse de ceux-ci, la conséquence est positive pour les actions.

Techniquement enfin, l’environnement est porteur. Le rebond du S&P 500 depuis l’automne passé a atteint la barre des 20% au mois de mai. Cela signifie que le « bear market » est officiellement terminé. Ce scénario, lorsqu’il se réalise, implique souvent une hausse supplémentaire des indices.

Tous les feux sont-ils donc au vert pour les actions américaines ? Nous pensons en effet que les perspectives à douze mois pour cette classe d’actifs sont particulièrement réjouissantes. Pourtant, nous modérons notre enthousiasme à court terme, alors que les signes d’euphorie se multiplient. La volatilité s’est considérablement affaissée ces dernières semaines, alors que les indicateurs de sentiment atteignent des zones d’optimisme extrême. Cela pourrait conduire à une consolidation passagère des bourses durant l’été.

 

La désinflation va se poursuivre

L’inflation connaît une normalisation progressive dans la grande majorité des pays industrialisés. Aux Etats-Unis, par exemple, la hausse des prix sur les trois derniers mois est dans la cible visée par la Fed sur le long terme. En zone euro, le pic du renchérissement a été atteint bien plus tard, mais la décrue s’est également amplifiée ces derniers mois, grâce notamment au net recul des prix de l’énergie depuis les sommets atteints au lendemain de l’éclatement de la guerre en Ukraine. D’ailleurs, après avoir atteint des records en 2022, la décélération des prix à la production européenne est frappante. Sur les douze derniers mois, ceux-ci s’inscrivent désormais en baisse.

De fait, en amont de la chaîne des prix, le recul des cours concerne la plupart des matières premières, ce qui renforce la probabilité de voir la désinflation se propager ces prochains mois jusqu’au bout de la chaîne de transmission des prix. Et pourtant, les banques centrales de part et d’autre de l’Atlantique ne paraissent pas encore disposées à se réjouir de cette tendance. La faute sans doute à la grande résilience du marché de l’emploi.

Tous les pays économiquement avancés affichent en effet des niveaux proches du plein-emploi. Alors que le départ à la retraite de la génération des baby-boomers s’accélère, les grands argentiers craignent peut-être que des effets de second tour sur les salaires ne se fassent sentir lorsque l’activité redémarrera d’ici quelques mois.

L’évolution des taux courts reste donc encore indécise, mais les rendements à long terme sont sans doute proches d’un sommet, voire l’ont peut-être déjà dépassé. Ce contexte nous incite à privilégier les échéances obligataires longues, y compris en Europe et en Suisse.