Comme attendu, la BCE a délivré une première baisse de taux directeurs de 0.25% à 3.75% lors de sa réunion du 6 juin. En avance sur la Réserve Féderale, la Banque Centrale Européenne n’aura pourtant pas été la toute première à les baisser, puisque la Banque Nationale Suisse, la Riksbanken (en Suède) et la Banque du Canada l’ont devancée! Par ailleurs, il est intéressant de constater que la BCE a procédé à cette baisse alors qu’elle a révisé à la hausse ses projections sur l’inflation, sans doute à la suite de la publication des prix pour le mois de mai. A notre sens, cette réduction des taux n’est que la première dans un nouveau cycle d’assouplissement monétaire. En effet, l'inflation sous-jacente est désormais en dessous de 3 % sur une base annuelle, soit presque un point de moins qu'aux États-Unis. Deux facteurs devraient favoriser une poursuite de son reflux : la croissance des salaires ralentit et le risque de nouvelles mesures de relance budgétaire est actuellement faible. Lors de sa conférence de presse, Christine Lagarde a comme toujours adopté une attitude prudente et n'a pas donné de précisions sur les baisses futures pour ne pas créer trop d’attentes. Cette baisse des taux est une très bonne nouvelle pour la zone euro !
L’activité économique a commencé à se redresser et devrait s’accélérer au deuxième semestre, à moins d’un choc externe. D’une part, la désinflation va redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs. Deuxièmement, la baisse des prix de l’énergie va donner un nouveau souffle à l’industrie. Finalement, la baisse des taux viendra détendre les conditions financières et relancer l’activité des crédits.
Une bonne nouvelle vient rarement seule. Cette baisse des taux est également positive pour les actifs risqués, notamment pour les bourses européennes. En effet, si l’histoire est un guide, les marchés actions ont tendance à progresser dans un contexte de baisse des taux. Selon différentes études, les bourses sont en moyenne 6% plus haut six mois après une première baisse de taux et 10% plus haut après 12 mois. On peut aller un pas plus loin : une baisse des taux accompagnée d’un redressement de l’activité économique est un scénario particulièrement attractif. Difficile de ne pas être optimiste sur les perspectives boursières européennes! Cependant, la consolidation actuelle pourrait durer un peu plus longtemps en raison des incertitudes politiques suite aux résultats des élections européennes.
Le marché obligataire européen est resté relativement insensible à la forte poussée des partis eurosceptiques lors des élections européennes. Les différentiels de rendement entre les pays de la périphérie et l’Allemagne augmentent en effet de moins de 10 points de base. Et malgré le score du Rassemblement National en France, le constat est le même sur la prime de risque des obligations françaises par rapport au taux sans risque de la zone euro (taux à 10 ans allemand). L’abandon de la monnaie unique européenne ne fait plus partie du programme de ces partis nationalistes, ce qui explique sans doute l’absence de réaction des investisseurs obligataires au lendemain de ce suffrage. Et la légère dépréciation de l’euro sur les derniers jours tient sans doute plus au début de détente monétaire de la Banque centrale européenne alors que la Réserve fédérale américaine semble devoir conserver des taux élevés pendant encore un certain temps.
C'est le score historique qu’a obtenu le Rassemblement National en France lors des élections européennes. Face à la défaite de son parti, Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale et convoque des élections anticipées.