Point sur les marchés - 11 avril 2023
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Aux Etats-Unis, l’activité des services montre enfin des signes de ralentissement au mois de mars. Ceci est de bon augure pour les chiffres de l’inflation qui seront publiés cette semaine. En outre, l’actuel ralentissement économique américain pourrait pousser la Réserve fédérale à assouplir sa politique monétaire plus tôt que prévu cette année.
Les actifs digitaux continuent sur leur lancée : le Bitcoin a dépassé le niveau des 30’000$, progressant de plus de 80% depuis le début de l’année dans l’indifférence générale. Il bénéficie des publications économiques qui pointent vers un arrêt de la hausse des taux aux Etats-Unis.
Les nouvelles économiques en Allemagne surprennent par leur vigueur à l’image de la production industrielle et des commandes à l’industrie en hausse respectivement de 2% et de 4.8% M/M en février. Bénéficiant de la baisse du prix du gaz, l’Allemagne pourrait ainsi afficher une croissance positive de son PIB au premier trimestre, évitant ainsi une récession technique.
Et si cette fois c’était différent ?
L’année 2023 a très bien commencé pour le Vieux-Continent. En effet, la chute du prix du gaz et la réouverture de la Chine ont considérablement amélioré les perspectives conjoncturelles en Europe. Pris de court face à un scénario de récession longue et brutale qui ne s’est finalement pas réalisé, les différents acteurs économiques ont dû réviser à la hausse leurs prévisions de croissance pour 2023. Cette réévaluation a été logiquement suivie d’une amélioration du sentiment à l’égard des actions de la zone euro, jusque-là fortement délaissées.
Dans ce contexte plutôt porteur, les difficultés rencontrées par une poignée de banques régionales américaines et par Crédit Suisse ont surpris les marchés, en leur rappelant que nous faisons face à la fois à un mouvement de hausse des taux et à un resserrement des conditions de crédit. Mais si le spectre d’une nouvelle crise financière a plané sur le secteur bancaire européen, la situation actuelle est bien différente de celle de 2008. D’abord, les banques sont nettement mieux capitalisées, grâce à une réglementation bien plus stricte qu’aux Etats-Unis. Ensuite, elles n’ont pas subi une vague de retraits, les déposants européens étant traditionnellement plus stables. Enfin, bon nombre d’entre elles planchent sur des programmes de rachats d’actions, signe de la confiance que les dirigeants de ces établissements ont dans leurs bilans.
Dans cette tourmente bancaire, les données économiques ont certes été quelque peu éclipsées, mais elles ont continué de surprendre par leur vigueur. Il faudra toutefois s’attendre à ce que le resserrement des conditions de crédit qui se concrétise vienne impacter la croissance, sur fond d’inflation toujours élevée et de tensions sur le marché du travail, ce qui rendra la tâche de la BCE extrêmement délicate.
Malgré la surperformance signée depuis l’automne dernier, les bourses européennes demeurent selon nous attrayantes en termes relatifs. Outre une valorisation intéressante, elles offrent des rendements sur dividendes plus élevés que les titres obligataires, même après la récente remontée des taux, alors que c’est l’inverse qui prévaut aux Etats-Unis. Compte tenu des incertitudes ambiantes et du regain de craintes à l’égard des perspectives économiques de part et d’autre de l’Atlantique, nous réitérons notre opinion positive vis-à-vis des sociétés européennes qui bénéficient de la réouverture en Chine.
Suisse : Un début d’année laborieux
Après deux ans de surperformance continue, les indices boursiers suisses ont été à la peine en ce premier trimestre 2023, se faisant même légèrement distancer par l’indice des actions mondiales. Sauf que comme souvent, l’image globale est trompeuse. Certes, les grandes capitalisations des secteurs les plus défensifs ont souffert en ce début d’année.
Mais si l’on exclut Nestlé, Novartis et Roche, le reste de la cote helvétique s’en sort plutôt bien, malgré le poids du secteur financier, très chahuté au mois de mars. Et pour cause : les fondamentaux de l’économie domestique semblent se jouer des pressions qui pèsent sur la conjoncture des pays voisins. Pas de récession en vue en Suisse, tout au plus un ralentissement passager de l’activité. L’inflation ? A moins de 3%, la hausse des prix à la consommation semble sous contrôle.
La résilience des bénéfices des entreprises helvétiques n’est donc pas surprenante. La réouverture de la Chine profite à l’industrie du luxe, et le léger redressement de l’économie européenne sur les trois premiers mois de l’année a favorisé les secteurs cycliques tels que l’industrie.
Cela étant, c’est toujours du côté des petites et moyennes capitalisations que se nichent les « bonnes affaires ». Plus cyclique et orienté croissance par définition, ce segment profite de la stabilisation des taux d’intérêt et, après une année 2022 catastrophique, il jouit d’une valorisation plus attrayante en termes relatifs.
Nous restons favorables à une surexposition aux actions suisses dans les portefeuilles et entendons privilégier les petites et moyennes valeurs, qui devraient poursuivre le rattrapage entamé il y a déjà quelques mois.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.