Les importations chinoises ont diminué de 14,2% sur un an en avril, tandis que la croissance des exportations de la Chine a rebondi +3,5%, par rapport à un recul de 6,6% en mars – nettement au-dessus des attentes. Les expéditions vers les États-Unis et l’UE ont été les plus durement touchées en raison de la crise du Covid-19, alors que la région de l’Asean a été le point positif avec une croissance positive depuis mars.
Le chômage a atteint un pic de près de 15% en avril aux Etats-Unis, bien au-delà des sommets atteints lors de la crise financière de 2008. Grande différence, le chômage technique devrait se résorber rapidement durant les prochaines semaines, alors que l’activité économique reprend graduellement dans le pays et qu’une majorité de travailleurs retrouvent leur poste.
La Cour constitutionnelle en Allemagne a donné trois mois à la BCE pour justifier la conformité en lien avec son mandat de ses achats de dettes gouvernementales entre 2015 et 2018. Cette nouvelle n’a pas particulièrement ébranlé les marchés sans doute parce que la Commission européenne a rappelé que la justice de l’UE prime sur la justice allemande.
Une ligne dans le sable ?
Bien que Thomas Jordan s’en défende dans la presse dominicale, 1.05 pourrait bien être le niveau à ne pas dépasser sur l’euro contre franc pour la Banque Nationale Suisse (BNS), du moins sur le court terme. Malgré la forte volatilité qui a affecté les marchés financiers et le marché des changes depuis que l’épidémie a déferlé en Europe, l’euro s’est montré contre la monnaie helvétique d’une stabilité surprenante, pour ne pas dire suspecte. Depuis mi-avril, la courbe est carrément devenue un encéphalogramme plat rivé sur le niveau de 1.0520 malgré les doses de cheval administrées par la BNS. Car les injections du Dr Jordan ont repris de plus belle depuis la crise du Covid-19. Afin de contenir une envolée du franc suisse qui pénaliserait lourdement une économie suisse très dépendante de ses exportations, les interventions de la BNS sur le marché des changes ont été nombreuses notamment durant le mois d’avril. Sur cette période, le bilan de notre banque centrale a ainsi progressé de près de 40 milliards pour atteindre au total 800 milliards, un record historique. Et l’augmentation des dépôts et avoirs à vue auprès de la BNS durant la première semaine de mai laisse penser que cette tendance est appelée à se poursuivre. Aux côtés du Conseil fédéral, nos banquiers centraux sont à la manœuvre afin de tenter de contenir les dégâts économiques provoqués par cette crise et d’assurer la relance de l’activité une fois la pandémie passée. Oubliées les pressions de début d’année de la part du Trésor américain qui menaçait de ranger la Suisse parmi les pays manipulateurs de devises. Depuis, l’urgence de la situation a amené la plupart des Etats à dévier à nouveau de la doctrine rigoriste qui était d’usage dans les pays développés avant la crise de 2008. Difficile en effet de blâmer la BNS lorsque les planches à billets tournent à plein régime aux Etats-Unis, comme dans la zone euro ou au Japon. Rien ne garantit que cette ligne tracée à 1.05 soit durable, car la BNS depuis janvier 2015 nous a habitués à des interventions qui visent à ralentir la progression du franc sur la durée plutôt que la défense d’un plancher symbolique. Au-delà de la volatilité à court terme sur les marchés, la forte augmentation de la dette des Etats européens liée à cette crise pose des défis importants pour l’avenir de l’euro. A moins d’une décision inattendue visant à mutualiser ces dettes à l’échelle européenne, le franc pourrait rester durablement fort et nous recommandons toujours de couvrir la monnaie européenne dans les portefeuilles basés en franc.
Pétrole : un rééquilibrage à vitesse accélérée
Le marché du pétrole a connu un début d’année mémorable, mais pour de mauvaises raisons. Outre sa très forte volatilité, il a réfuté des idées préconçues, comme le fait qu’il ne peut pas se traiter à un prix négatif. Il rejoint ainsi le gaz naturel et l’électricité qui ont traversé de telles périodes pour les mêmes problèmes : un manque de capacité de stockage.
Depuis trois semaines, la dynamique a changé et la volatilité est principalement à la hausse. En effet, les inventaires augmentent bien moins rapidement que ce que les investisseurs craignaient. Cette situation est liée à une baisse de la production plus rapide qu’envisagée : les producteurs luttent pour leur survie et coupent drastiquement les dépenses. A court terme, la visibilité reste extrêmement faible. Nous continuons de penser que le marché restera très volatile et exige une approche tactique. D’autant plus que la courbe des « futures » est pentue et rend la détention de positions chère sur la durée. Dans l’immédiat, les inventaires sont importants et devront être résorbés, ce qui justifie un plafond du prix à 35$ sur le WTI. Ce rééquilibrage prendra plusieurs mois. A plus long terme, le manque d’investissement actuel aura un impact important sur la production. Cela permet d’envisager un prix du baril bien plus élevé à l’horizon 2021.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.