Point sur les marchés - 11 mars 2024
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Thomas Jordan : un dernier virage à négocier !
Thomas Jordan a annoncé, à la surprise générale, qu’il tirera sa révérence à la fin du mois de septembre après plus de 12 ans à la tête de la Banque nationale suisse (BNS). Son nom restera lié à une période durant laquelle la BNS a dû gérer de nombreuses crises. A peine nommé au directoire de l’institut d’émission helvétique, et bien avant d’en devenir le président, il a été confronté à la gestion de la crise financière de 2008, assumant notamment la supervision du fonds de stabilisation créé dans le cadre du sauvetage de la banque UBS. Comme pour boucler la boucle, c’est lui également, quinze ans plus tard, qui apparaît en première ligne dans l’organisation du sauvetage du Crédit Suisse, alors deuxième plus grande banque du pays. Entre-temps, il aura été associé à de nombreuses décisions difficiles et souvent inédites, comme par exemple l’abandon du taux plancher sur l’euro contre le franc suisse ou l’instauration de taux négatifs. Des décisions qui ont souvent été décriées par les représentants de l’économie, tant du côté de l’industrie d’exportation que du secteur bancaire, mais qui avec le recul semblent avoir été appropriées dans le contexte délicat traversé par la Suisse et le monde durant cette période. Sous sa présidence, la BNS aura également plutôt bien géré les crises liées à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine, en réussissant à préserver la résilience de la conjoncture helvétique et à limiter le sursaut de l’inflation. Alors qu’en Suisse et partout dans le monde, les politiques monétaires se sont normalisées, est-ce la crainte de s’ennuyer qui incite M. Jordan à quitter ses fonctions bien avant l’heure de la retraite officielle ? Peut-être le lira-t-on un jour dans ses mémoires. Mais alors que son successeur n’est pas encore connu, il reste encore une dernière décision importante à prendre. Alors que l’inflation suisse a nettement ralenti (1.2% en rythme annualisé en février), une nouvelle inflexion de la politique monétaire approche. Reste encore à décider du moment approprié pour annoncer la première coupe de taux. S’aligner sur les principales banques centrales lors de la réunion de juin, ou prendre avec panache tout le monde de vitesse le 21 mars ? La dépréciation récente du franc semble pointer sur cette dernière possibilité, et nous augmentons l’euro dans nos profils d’investissement en CHF (+2%).
Banque du Japon : le pivot imminent
L’indice Nikkei a franchi pour la première fois la barre des 40’000 points lundi dernier, soutenu notamment par la poursuite de la dépréciation du yen et des flux importants d’investisseurs étrangers. Durant les deux premiers mois de l’année, le yen s’est affaibli de 6% face au dollar, après une chute de 7% en 2023. Pour rappel, historiquement plus le yen s'affaiblit, plus l'impact sur les actions nippones est positif. Et l’inverse est également vrai. Par conséquent, la probabilité de près de 70% d’une hausse des taux lors de la réunion de la Banque du Japon du 19 mars suscitent des inquiétudes, dans la mesure où une capitulation pourrait renforcer le yen, largement sous-évalué actuellement. Malgré cela, les investisseurs étrangers continuent de se repositionner de manière agressive sur ce marché. La sous-pondération des dernières années explique les flux étrangers fortement positifs des dernières mois, encouragés par l’évolution des réformes de gouvernance. Dans ce contexte, les annonces de cette semaine sur les augmentations annuelles de salaires pourraient déclencher un pivot de la Banque du Japon, entraînant une forte volatilité de la monnaie et des actifs japonais. Reste à voir si le regain d’intérêt des investisseurs résistera aux risques de l’appréciation du yen et des valorisations moins attrayantes du marché japonais.
Chiffre de la semaine : 2'195
L’or atteint un plus haut historique à 2’195$/once. Malgré sa bonne dynamique, le sentiment à son égard est neutre et les investisseurs privés participent peu à ce mouvement, ce qui laisse entrevoir un potentiel de hausse supplémentaire.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.