La Banque Centrale Européenne a terminé sa revue stratégique. Un des principaux changements porte sur un objectif d’inflation à long terme plus haut que précédemment. Les investisseurs en ont déduit que la politique monétaire pourrait rester accommodante plus longtemps que prévu en Europe, mais également en Suisse. Sur la nouvelle, le franc suisse s’est nettement apprécié contre l’euro et d’autres devises internationales.
Dans le cadre de la transition vers une économie verte, la commission européenne doit mettre à jour le 14 juillet le cadre pour le négoce des émissions de carbone. Cette réforme doit lui permettre d’atteindre ses objectifs de réduction de CO2, en augmentant le coût des permis de polluer.
La banque centrale chinoise a annoncé vendredi une baisse de 50 points de base de son taux de réserves obligatoires, une première depuis avril 2020. Cette mesure accommodante vise à inciter les banques à accorder davantage de prêts aux entreprises et permettra d’injecter environ 150 milliards de dollars de liquidités dans le système bancaire.
Sur le front de l’inflation, certains développements commencent à attirer l’attention. Sous l’effet du puissant redémarrage de l’économie mondiale, les goulets d’étranglement sont nombreux, certains matériaux ou produits venant à manquer en raison de la faiblesse des stocks. Résultat, les producteurs sont souvent confrontés à des délais de livraison qui s’allongent et à des prix qui s’envolent.
Ces tensions inflationnistes en amont ont tendance à se répercuter le long de la chaîne de transmission des prix, jusqu’au consommateur final. Le tout est de savoir si le dérapage observé actuellement au niveau des prix de détail a des risques de se prolonger. En principe, seules les hausses de salaires ont le potentiel d’enclencher une véritable spirale inflationniste.
Tandis que le Japon et l’Europe peinent à s’extirper de plusieurs décennies de désinflation, la situation est différente aux Etats-Unis, unique grande économie susceptible selon nous de se trouver confrontée à un tel scénario. Pour l’instant, les hausses de rémunération ne sont pas généralisées et concernent avant tout les bas salaires. Ces derniers augmentent afin d’attirer des chômeurs qui hésitent à retourner au travail, sachant que l’administration Biden continue de verser de généreux chèques pour limiter l’impact de la pandémie. L’avenir dira si la Réserve fédérale américaine, comme d’autres grandes banques centrales, a raison de considérer cette hausse de l’inflation comme un phénomène passager.
Reste que pour l’heure, les piètres rendements offerts par les marchés obligataires compensent mal le risque endossé par les investisseurs au cas où l’inflation viendrait à s’installer plus durablement que prévu. Bien que le pic de croissance semble avoir été dépassé aux Etats-Unis, les perspectives économiques restent solides et ne justifient pas la nouvelle baisse récente des rendements obligataires depuis deux semaines. Les segments plus risqués du marché obligataire n’offrent pas non plus une grande protection face à une future remontée des taux. Les primes de risque sont en effet au plus bas depuis de nombreuses années aussi bien sur les emprunts de sociétés de qualité « investissable » que sur les titres de moindre qualité (obligations à haut rendement). Dans ce contexte, nous continuons de recommander un cœur de portefeuille obligataire de courte ou moyenne durée et l’achat d’obligations du Trésor américain indexées sur l’inflation (Treasury Inflation Protected Securities, ou TIPS).
La correction récente dans les matières premières était nécessaire pour corriger l’excès d’optimisme. Les catalyseurs sont venus du discours plus agressif de la Fed ainsi que des déclarations des autorités chinoises quant à une hausse trop rapide des cours. Malgré ce mouvement récent, nous restons positifs à l’égard de plusieurs segments de ce marché.
Notre préférence va toujours aux métaux industriels, et plus particulièrement au cuivre. Le cycle de demande actuel, lié aux énergies renouvelables, n’en est qu’à ses débuts. En outre, la demande est aujourd’hui mondiale, alors qu’au cycle précédent, la Chine était l’acheteur principal et pouvait influencer les marchés par ses seules annonces. Cette fois, les cours devraient rester élevés jusqu’à ce que de nouvelles mines entrent en production, à moins d’atteindre des cours susceptibles de freiner la demande.
La situation reste aussi très tendue du côté du pétrole. Avec la levée des confinements, la consommation devrait très vite retrouver les plus hauts de 2019. L’offre, par contre, est à la peine et dépend de la bonne volonté de l’OPEP, les investissements dans le secteur étant impactés par la prise en compte croissante des critères ESG. Le cours du baril devrait selon nous rester soutenu, même si les errements de l’OPEP diminuent la visibilité à court terme. Quant au prix de l’or, il semble moins pénalisé par la vigueur du dollar et profite des taux réels fortement négatifs. Nous optons donc pour une vision moins conservatrice et n’hésiterons pas à redevenir positifs sur le métal jaune en cas de confirmation de cette tendance.