Alors que l’indice S&P 500 teste les plus hauts niveaux du mois d’août 2022, une certaine complaisance semble s’installer chez les investisseurs. Les indicateurs de sentiment tout d’abord sont passés en zone d’optimisme extrême. La volatilité des actions a elle atteint un plus bas depuis trois ans, signe également d’un optimisme extrême, qui pourrait donner lieu à une consolidation temporaire.
Les stocks de gaz en Europe continuent de se remplir et, au rythme actuel, devraient être pleins au début de l’automne, une situation que les opérateurs préfèrent éviter si tôt dans la saison. Dans cet environnement, les prix du LNG (gaz naturel liquéfié) sur le Vieux Continent devront continuer de baisser et rester de manière durable sous les niveaux asiatiques.
Entraînée par l’Allemagne, la zone euro est officiellement entrée en récession technique à la suite de deux trimestres consécutifs de croissance économique négative. La dégradation économique en cours s’accompagne désormais par un ralentissement de l’inflation, ce qui laisse entrevoir des hausses de taux moins agressives par la Banque Centrale.
Voilà maintenant presque un an que le franc suisse fluctue au-dessus du niveau de parité avec la monnaie unique européenne. Pour rappel, le niveau actuel de la monnaie domestique suisse est supérieur au point record qui avait été atteint lorsque la Banque Nationale avait abandonné sa politique de taux plancher en 2015. A l’époque, on se rappelle que les économistes avaient craint une forte détérioration de la compétitivité des entreprises helvétiques conduisant potentiellement à un fort ralentissement économique.
Il est vrai qu’historiquement, un franc fort est négatif pour l’économie locale, largement exportatrice. Les prix en franc suisse s’envolent rendant les produits locaux moins attractifs pour nos partenaires commerciaux étrangers. Pourquoi alors, les records historiques atteints récemment par le franc n’inquiètent-ils pas plus les investisseurs ? Le franc s’est apprécié chaque année depuis 2018 et 2023 semble indiquer une tendance similaire.
Les entreprises locales vont-elles pâtir du franc fort ? Pas si sûr. Si l’on se réfère aux messages des managements des entreprises suisses, il semble que leur compétitivité est plus solide que jamais. En cause, le différentiel d’inflation entre la Suisse et les autres régions du globe, notamment l’Europe. L’évolution du prix du panier de la ménagère en Suisse se normalise très rapidement et a atteint à peine 2,2% le mois passé.
En comparaison, la progression des prix atteint encore près de 7% dans la zone Euro. Conséquence, les produits exportés par notre pays paraissent moins chers que l’an passé, si l’on considère l’appréciation du franc suisse en termes réels. Malgré l’appréciation de la monnaie locale, la compétitivité helvétique se renforce ! Cet environnement devrait perdurer encore quelques trimestres, tant que l’inflation européenne reste supérieure à l’inflation domestique.
La situation sur le front des monnaies devrait toutefois commencer à se normaliser, lorsque la BNS terminera son resserrement monétaire d’ici la fin du mois de juin. Le franc pourrait alors s’affaiblir contre l’Euro, alors que la BCE continue de monter ses taux. De quoi renforcer encore l’attractivité des exportations suisses pour nos partenaires. Une compétitivité suisse décidément inébranlable qui justifie en grande partie notre choix de surpondérer la région dans notre allocation d’actifs.
Les investisseurs en Chine traversent à nouveau une crise de confiance. Après le rebond impressionnant du premier trimestre, les marchés ont renoncé à leurs gains en raison d’un scepticisme croissant à l’égard de la reprise économique.
Les trois années de confinement semblent avoir laissé des séquelles sur le secteur privé. Les consommateurs épargnent toujours plus qu’ils ne dépensent et la croissance de la production industrielle s’avère plus faible que prévu. L’essoufflement de la croissance des exportations ne devrait pas surprendre. Il a toujours été clair que la réouverture devrait davantage être tirée par la consommation que par la production, étant
donné le ralentissement des économies développées en raison du récent resserrement de la politique monétaire. Les chiffres des importations, qui sont de meilleurs indicateurs de la reprise des activités de l’économie intérieure, se sont redressés en mai.
Le frein à la croissance est la faiblesse du secteur immobilier. La lente convalescence de ce moteur économique pourrait susciter de nouvelles interventions politiques. En effet, des signes d’assouplissement ont été observés récemment, ainsi qu’une baisse des taux d’intérêt sur les dépôts. Cela pourrait indiquer que la banque centrale chinoise prépare le terrain pour une baisse de taux et pour davantage de mesures de relance. Bien que les indicateurs macroéconomiques récents aient été décevants, les valorisations boursières actuelles semblent à nouveau avoir escompté une grande partie des mauvaises nouvelles. La fin de l’approche zéro-Covid reste un point tournant clé à ne pas négliger.
A ce stade, si la normalisation de l’économie est en marche, un rebond durable des bourses a désespérément besoin d’une nouvelle injection de confiance. Et ce regain de confiance des investisseurs et des consommateurs nécessitera des mesures de relance concrètes de la part du gouvernement chinois.