Les trimestres se suivent et se ressemblent pour les indices actions suisses : leur performance depuis le début de l’année est certes positive, mais elle peine à égaler celle des autres régions. Les valeurs de la zone euro, en particulier, ont la faveur des investisseurs et s’illustrent de nouveau au premier trimestre. Le marché suisse, quant à lui, n’offre pas d’exposition au thème de l’intelligence artificielle, et sa cote défensive n’a d’intérêt que lorsque le risque de récession plane.
Or ce scénario n’est plus du tout d’actualité : une progression de 2% du PIB helvétique est attendue en 2024, comme pour la conjoncture américaine. De plus, l’objectif de stabilité des prix est bel et bien atteint, puisque l’inflation dans le pays reflue rapidement et approche désormais 1%. Conséquence de cette normalisation des prix à la consommation, la BNS s’est payé le luxe de couper son taux directeur dès sa réunion du mois de mars, prenant les opérateurs de court. Ce desserrement lui permet de préserver la compétitivité des entreprises domestiques en mettant fin à l’appréciation du franc face au dollar et à l’euro… du moins temporairement.
Dans ce contexte, il est difficile de ne pas voir l’attrait de la cote helvétique, qui, une fois n’est pas coutume, affiche des valorisations extrêmement avantageuses par rapport aux indices mondiaux. La prime avec laquelle se traitent habituellement les actions suisses s’est en effet totalement évaporée. Le potentiel d’appréciation est par conséquent important, et en cas de consolidation des marchés, le risque d’une dépréciation supplémentaire des titres domestiques s’avère relativement faible.
Comme toujours, le positionnement sur le marché suisse est un facteur clé pour se démarquer des indices très concentrés que sont le SMI et le SPI. Alors que les banques centrales européenne et américaine s’apprêtent à emboîter le pas à la BNS en assouplissant leur politique monétaire, tout indique que nous nous situons à l’aube d’un nouveau cycle d’expansion économique et boursière. Dans un tel environnement, il est recommandé de privilégier les valeurs cycliques, tournées vers l’exportation, car ce sont elles qui bénéficieront le plus d’une politique monétaire accommodante et d’un franc suisse moins cher. Sans surprise, les petites et moyennes capitalisations offrent selon nous le plus grand nombre d’opportunités. Dans ce segment également, les valorisations excessives appartiennent au passé, et le potentiel de surperformance reste significatif.
Nous conservons donc une surexposition aux actions domestiques dans notre allocation d’actifs et recommandons une exposition généreuse aux « small and mid caps », vecteur de surperformance sur fond d’accélération de la croissance.
Alors que la guerre en Ukraine entre dans sa troisième année, les tensions géopolitiques semblent également s’installer de manière durable au Proche-Orient. À la suite de l’attaque récente sur son ambassade en Syrie, l’Iran a lancé une vague de frappes aériennes sur Israël. Ces représailles étaient escomptées et les dégâts sont limités. À court terme, une escalade supplémentaire entre ces deux puissances militaires régionales n’est pas forcément attendue. Mais les tensions semblent devoir perdurer dans la région. Quant à l’impact sur les marchés financiers, il faudra suivre l’évolution des cours des produits énergétiques. Le scénario de la reprise économique mondiale reste privilégié tant que le prix du pétrole reste contenu. Les capacités de production encore inutilisées par certains pays producteurs importants, comme l’Arabie Saoudite, tendent d’ailleurs à limiter le risque de flambée des cours de l’or noir. Malgré les incertitudes géopolitiques, les bourses peuvent ainsi maintenir une tendance positive, surtout si les banques centrales procèdent, comme attendu, à une détente de leurs politiques monétaires.
L’or atteint un nouveau plus haut historique à 2’420$/once. Ce mouvement, soutenu par les tensions géopolitiques, se fait malgré la hausse des rendements obligataires, témoignant d’une dynamique intrinsèque positive.