La saison de publication des résultats du quatrième trimestre a débuté aux Etats-Unis. Elle donnera sans doute lieu à de nouvelles révisions à la baisse des prévisions bénéficiaires pour l’année 2023, alors que les entreprises se montrent encore prudentes quant à la marche des affaires. Il sera alors intéressant de jauger à quel point cette prudence est déjà reflétée dans les chiffres des analystes et les anticipations du marché.
La production industrielle et les ventes au détail de novembre en Europe sont sorties au-dessus des attentes avec une hausse de 1% respectivement 0,8% confirmant la bonne résilience économique. Le scénario du pire semble désormais écarté, ce qui explique la solide surperformance des bourses européennes depuis septembre.
Après une année 2022 difficile, les actifs digitaux se reprennent en ce début d’année avec une hausse de plus de 20% sur le bitcoin. Un sentiment très déprimé reflétant un grand scepticisme des investisseurs et un retour de l’appétit au risque sur tous les marchés ont bénéficié à cette classe d’actifs.
La phase de relèvement des taux est appelée à connaître bientôt une pause. Celle-ci devrait être annoncée dans les tout prochains mois par la Réserve fédérale américaine (Fed) et, sans doute, par la Banque nationale suisse, avant que d’autres grands argentiers comme la Banque centrale européenne ne leur emboîtent le pas, probablement dans le courant du deuxième semestre. Un mouvement de désinflation s’est en effet largement amorcé aux Etats-Unis, et tout porte à croire que le sommet du renchérissement est désormais dépassé en Europe également.
L’année 2023 se profile ainsi comme une année de transition, qui devrait révéler une croissance quasiment à l’arrêt voire en légère contraction dans certaines régions, mais pourrait par ailleurs déboucher sur un nouveau cycle économique. Les perspectives semblent donc nettement plus favorables qu’il y a quelques mois encore, et le scénario d’un atterrissage en douceur de la conjoncture mondiale en sort renforcé. Deux principales raisons à cela.
D’une part, les cours de l’énergie sont en baisse, avec en particulier un plongeon spectaculaire des prix du gaz en Europe, ce qui vient apaiser les pressions inflationnistes et soulager le portemonnaie des ménages et des entreprises. D’autre part, la réouverture de la Chine après l’abandon de la politique du zéro-Covid est de nature à redonner un coup de fouet à l’activité de la deuxième puissance économique de la planète.
Il y a là de quoi alimenter un retour de la confiance des investisseurs à l’égard des marchés financiers, malgré des incertitudes qui restent nombreuses et une volatilité qui peine à se résorber. De fait, la plupart des classes d’actifs affichent des valorisations attractives. Sur les marchés obligataires, les rendements n’avaient pas atteint de tels niveaux depuis longtemps. Quant aux marchés d’actions, ils nous semblent généralement sous-évalués et s’orientent très certainement vers un redressement après une année 2022 des plus difficile.
Nous recommandons par conséquent d’augmenter l’exposition aux actions européennes et asiatiques dans les portefeuilles. En outre, le temps est venu d’accroître la part obligataire en Europe, tout en rallongeant les durations afin de profiter d’un début de détente sur les taux d’intérêt. Pour les investisseurs suisses, il nous paraît aussi opportun de revenir sur les fonds immobiliers après la débâcle des derniers mois. Nous réduisons en revanche la part allouée aux fonds alternatifs, qui ont largement surperformé durant l’année écoulée. Enfin, du côté des devises, le dollar américain commence à être lâché par la Fed et pourrait s’en trouver fragilisé, notamment face à l’euro.
Premier pays à souffrir de l’épidémie de coronavirus et dernier à en sortir, la Chine a finalement décidé d’accepter de vivre avec le virus, en assouplissant ses mesures de restriction après trois années ou presque de confinement.
Les mesures dictées par la stratégie du « zéro-Covid », qui ont impacté le quotidien de plus d’un milliard de citoyens, ont aussi pesé sur la consommation et donné un sérieux coup de frein à la croissance de l’économie chinoise. Cette gestion chaotique de la pandémie s’est soldée par une correction d’environ 20% du principal indice boursier asiatique en 2022, soit la quatrième plus forte baisse de ses 35 ans d’histoire.
Après une série de « faux départs », l’abandon de la politique du zéro-Covid a été difficile à anticiper. Si un premier signe d’assouplissement avait déjà été observé avec la baisse du taux des réserves obligatoires annoncée par Pékin en décembre 2021, il aura fallu attendre la fin du Congrès du parti communiste chinois et la capitulation des marchés en octobre 2022 pour percevoir une volonté claire de réouverture.
Avec la nouvelle paralysie de l’activité due à une recrudescence des infections depuis décembre, un second rebond en « V » de l’économie est attendu en 2023. Si les ménages chinois n’ont pas bénéficié de mesures de relance ultra généreuses comme ce fut le cas aux Etats-Unis, la durée prolongée des confinements les a contraints à accumuler de l’épargne, signe que la demande
refoulée devrait être d’autant plus forte.
Cette sortie du tunnel survient plus tôt que prévu : les marchés, qui tablaient sur un assouplissement pour la fin du printemps 2023, ont réagi très positivement sur les deux derniers mois. Cela dit, la remontée récente des cours n’a fait que ramener l’indice à son niveau de mi-2022, alors que la sous-performance avait commencé début 2021.
Dans un contexte de levée des mesures de limitation de la mobilité et des mesures de répression visant le secteur technologique et l’immobilier, les marchés boursiers de la région devraient poursuivre leur trajectoire de rebond en 2023.