Point sur les marchés - 17 janvier 2022
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Daniel Varela Chief Investment Officer
La forte hausse des rendements obligataires a mené à une violente rotation sur les bourses mondiales en faveur de la cote « value » au détriment de la croissance. Dès lors, les meilleurs secteurs depuis le début de l’année sont les financières et l’énergie. Dans cet environnement les bourses européennes surperforment, grâce notamment à la constitution des indices.
Les cours de l’énergie conservent leur bonne dynamique, d’ailleurs le pétrole Brent est de retour à ses plus hauts du dernier trimestre 2021. Bien que l’optimisme soit important à court terme, nous restons positifs et pensons que toute faiblesse temporaire peut être considérée comme une nouvelle opportunité d’achat.
La croissance du PIB chinois au quatrième trimestre a ralenti à 4,0 % sur un an. Une progression bien au-dessus du consensus, malgré une certaine déception au niveau des ventes au détail. De manière anticipée, la banque centrale chinoise a abaissé plusieurs taux d’intérêt afin d’amortir le ralentissement de l’économie, confirmant une politique monétaire à contre-courant des autres grandes banques centrales.
Un début d’année sous l’influence de la Fed
Les politiques monétaires des grandes banques centrales abordent un virage significatif. Le premier coup de barre viendra des Etats-Unis : la Réserve fédérale américaine (Fed) va mettre fin au programme de rachat d’actifs grâce auquel elle a pu abreuver le système financier d’abondantes liquidités depuis l’éclatement de la crise sanitaire, et devrait ensuite se lancer dans un cycle de hausse des taux directeurs, potentiellement dès ce printemps.
Ce changement de cap est motivé par le niveau élevé de l’inflation. D’autant que le dérapage des prix s’annonce beaucoup plus persistant que prévu, en particulier aux Etats-Unis, où les augmentations de salaires menacent déjà d’enclencher une hausse secondaire des prix des biens et services. Cela dit, les conditions monétaires ne vont pas devenir restrictives, loin de là, et les premières hausses de taux signent rarement la fin d’un cycle économique.
Après une année 2021 exceptionnelle, la conjoncture va certainement fléchir. Mais pour l’heure, 2022 démarre sous de très bons auspices, avec une croissance supérieure à la tendance des dernières années dans les principaux pays développés, notamment en Amérique du Nord et en Europe.
En revanche, un certain ralentissement est attendu du côté de la Chine. Si l’amorce d’un resserrement des politiques monétaires ne représente généralement pas une menace pour le cycle boursier, il provoque souvent une phase de volatilité accrue. Cette période d’incertitudes peut d’ailleurs être alimentée par d’autres facteurs. Dans le cas présent, on pense notamment aux développements sur le front géopolitique, comme les discussions en cours sur la question ukrainienne.
L’approche d’un épisode de volatilité nous a conduits à réduire légèrement la part actions dans les portefeuilles au mois de décembre et à conserver les liquidités dégagées pour saisir les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter.
Les actions continuent toutefois d’occuper une place de choix dans nos grilles d’investissement, car elles réservent de meilleures perspectives que d’autres actifs financiers, en particulier les obligations, qui pourraient pâtir d’une remontée des rendements.
Les obligations chinoises étant quant à elles partiellement immunisées face à une hausse des taux américains, nous les introduisons dans nos profils les plus conservateurs. Par ailleurs, le contexte plus volatil qui se profile reste propice aux placements alternatifs.
En ce qui concerne les monnaies, l’action de la Fed pourrait encore soutenir le dollar. Nous nous attendons en revanche à des interventions plus limitées du côté de la Banque nationale suisse (BNS), qui semble désormais prête à tolérer une certaine force du franc.
Suisse : une région à privilégier
Les actions helvétiques n’ont pas à rougir de leur performance en 2021, puisqu’elles évoluent en ligne avec les actions mondiales. Comme pour ces dernières, ce sont principalement les valeurs cycliques qui ont tiré leur épingle du jeu l’an passé dans un contexte de rebond de l’activité économique. En dépit des vagues successives de contaminations au Covid-19 en Europe, l’enthousiasme des investisseurs est resté intact.
Malgré les progressions impressionnantes des indices boursiers domestiques l’année passée, nous restons convaincus que les actions suisses pourront à nouveau se distinguer en 2022 et surperformer.
Les entreprises locales demeurent largement exposées à l’Europe dont la reprise économique garde un retard par rapport aux autres régions du monde, notamment les Etats-Unis. D’ailleurs, le PIB (Produit Intérieur Brut) suisse ne ralentira que marginalement de 4% en 2021 à 3% en 2022. Les indicateurs conjoncturels avancés (PMI) sont en outre à des niveaux supérieurs à toutes les autres régions du globe.
A l’inverse de nombreux autres pays, l’inflation reste contenue en Suisse, ce qui va permettre à la BNS de garder en place sa politique monétaire particulièrement accommodante. Enfin, du point de vue domestique, la consommation est forte et le chômage a retrouvé ses niveaux d’avant crise.
Notons également que si en absolu les titres suisses sont richement valorisés, ils demeurent attractifs en comparaison aux indices mondiaux. Couplé aux bonnes perspectives des entreprises helvétiques, cela ouvre potentiellement la voie à une surperformance de la région cette année, raison pour laquelle nous demeurons surexposés à la Suisse dans nos portefeuilles.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.