Point sur les marchés – 17 juillet 2023
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Le moral des ménages américains remonte en flèche au mois de juillet, alors que la désinflation améliore le pouvoir d’achat du consommateur. La résilience de l’économie, ainsi qu’un taux de chômage très faible conduisent à un cercle vertueux qui soutient la consommation et qui devrait permettre d’éviter un ralentissement trop brusque de la conjoncture américaine.
Au Royaume-Uni, le sondage RICS sur l’évolution des prix dans le secteur immobilier a chuté fortement confirmant que la hausse des taux commence à avoir un impact négatif. Ceci devrait être amené à durer d’une part parce que l’effet de la hausse des taux se fait sentir avec un certain décalage et d’autre part parce que la hausse des taux par la Banque d’Angleterre n’est sans doute pas encore terminée.
Porté par un dollar faible et un pessimisme extrême, le pétrole a progressé de près de 10% sur trois semaines. Il franchit ainsi des résistances techniques importantes et pourrait rapidement revisiter les plus hauts de l’année.
Oser voir au-delà des incertitudes court terme
Freinée par l’Allemagne, la zone euro est officiellement entrée dans une légère récession technique. Face à la détérioration continue des nouvelles économiques, la question est à présent de savoir si cette récession risque de s’installer durablement. Signal de mauvais augure, l’indicateur avancé qu’est le PMI pointe vers un ralentissement prononcé de la croissance du secteur privé.
Si l’on veut éviter le pire, il est primordial que le tertiaire résiste en attendant que le secteur manufacturier reparte à la hausse. A ce stade, le principal facteur négatif pour l’économie réside dans le durcissement significatif des conditions de crédit, avec à la clé une diminution sensible des volumes de prêts octroyés aux ménages et aux entreprises.
A l’inverse, et malgré la dégradation de la conjoncture, le marché de l’emploi continue de surprendre par son dynamisme, ce qui s’est traduit par des hausses salariales.
Ces augmentations, conjuguées à la baisse attendue de l’inflation, vont redonner du pouvoir d’achat aux ménages, alors que la demande refoulée depuis la pandémie n’est toujours pas épuisée. L’épargne excédentaire accumulée durant la crise du Covid reste en effet intacte et fournit par là même un soutien important à la consommation, qui devrait s’imposer comme un nouveau relais de croissance dans les prochains trimestres. Dans ce contexte, nous avons le sentiment que la récession sera probablement peu profonde et de courte durée, à moins que la BCE n’aille trop loin dans son cycle de resserrement des taux.
Les bourses ont abandonné une partie de la surperformance spectaculaire qu’elles avaient enregistrée depuis les plus bas atteints en octobre 2022, au moment où les investisseurs ont réalisé que le scénario du pire sur fond de crise énergétique n’allait pas se matérialiser.
Ce repli est sans doute à mettre en lien avec le ralentissement économique et le regain de vigueur des titres technologiques, secteur faiblement représenté au sein des indices européens. Tant que ces valeurs surperformeront, les bourses européennes peineront sans doute à tirer leur épingle du jeu. Cela dit, avec une valorisation comparable à celle des marchés émergents et des perspectives bénéficiaires toujours solides, les actions européennes affichent selon nous un risque de baisse limité, d’autant que, depuis la crise des banques régionales américaines, la prudence l’emporte à nouveau à l’égard du Vieux-Continent. Si l’on se fie à la théorie du retour à la moyenne, ces différents atouts confèrent encore un potentiel de rattrapage aux bourses européennes, après de longues années de sous-performance relative. Pour l’heure, nous continuons de privilégier les bourses de la zone euro au détriment du marché britannique, où l’évolution des bénéfices reste comparativement décevante et où le pan « value » de la cote, matières premières en tête, pèse extrêmement lourd.
Suisse : pas de récession mondiale, mauvaise nouvelle pour la cote helvétique
Si l’on considère les indices SMI et SPI en 2023, force est de constater que les actions helvétiques se sont largement fait distancer par les valeurs des autres marchés développés. C’est bien sûr la constitution de ces indices, qui diffère sensiblement de celle du S&P 500 ou de l’Eurostoxx 50, qui explique ce différentiel de performance. Le biais défensif du marché suisse est un handicap dans l’environnement actuel, caractérisé par un optimisme et un appétit au risque élevés.
Le fait que l’Europe dans son ensemble semble pouvoir échapper à une récession est donc une mauvaise nouvelle pour la bourse suisse, ou tout du moins pour les valeurs du SMI, qui se distinguent durant les périodes de stress.
Portant, le tissu économique domestique profite largement de l’embellie conjoncturelle dans les autres régions du monde. Point de récession en vue dans nos contrées, et il n’en a jamais été question.
Une fois n’est pas coutume, la bourse suisse n’est pas chère. La sous performance accumulée depuis le début de l’année et les bénéfices des sociétés révisés à la hausse ont conduit à une contraction de la prime de valorisation payée pour les titres domestiques par rapport aux valeurs mondiales.
Toutefois, si l’on désire s’exposer avec succès au marché suisse dans l’environnement de redémarrage économique à venir, il faut le faire au travers des valeurs de petite et moyenne taille. Ce segment de marché, plus cyclique par nature, est incontournable dans le contexte actuel.
Nous recommandons par conséquent une surpondération aux actions suisses dans les portefeuilles, à condition de diversifier son exposition au travers de véhicules dédiés aux « small & mid caps » helvétiques.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.