La semaine passée a été riche en publications d’indicateurs économiques aux Etats-Unis. Et si l’on se réfère à la réaction des indices actions, qui affichent de nouveaux records, ces données étaient plutôt favorables. C’est principalement l’évolution de l’inflation qui rassure les investisseurs. Après plusieurs mois de stagnation, le chemin vers une normalisation des prix se poursuit, certes lentement. Cette tendance est confirmée par les prix à la production, dont la hausse est également ressortie moindre qu’escomptée au mois de mai.
L’indice des prix à la consommation demeure toutefois fermement au-dessus de la barre des 3%. Si les marchés se sont satisfaits de ces publications, leur interprétation semble quelque peu différente du côté de la Réserve Fédérale. Lors de leur réunion du 12 juin, Jérôme Powell et ses collègues ont salué l’évolution favorable de l’inflation, mais ils ne semblent pas pressés de relâcher la bride de la politique monétaire.
Cette divergence entre les attentes du marché et les plans de la Fed en termes de coupe de taux n’est pas si importante. L’essentiel d’un point de vue de l’investissement est qu’un nouveau cycle d’assouplissement des politiques monétaires est sur le point d’être entamé, et ce pour toutes les principales banques centrales du monde.
Il est plus que temps. Certes, la conjoncture américaine s’est montrée particulièrement résiliente durant les derniers trimestres, mais elle semble montrer des signes d’essoufflement. C’est notamment le consommateur, si crucial pour la croissance du PIB américain, qui voit son moral plombé par un pouvoir d’achat qui s’affaiblit et par un coût du crédit prohibitif. Les autres indicateurs avancés de l’économie ont également tendance depuis quelques temps à ressortir en-dessous des attentes des économistes.
Il faut donc espérer que les pressions inflationnistes continuent de s’estomper, plus rapidement qu’au rythme actuel, et ce afin de permettre à la Fed d’agir en amont d’un ralentissement probable de la croissance américaine. La marge de manœuvre de la banque centrale est en effet considérable et si elle agit aussi rapidement que le marché l’espère, le cycle d’expansion actuel pourrait bien se poursuivre encore durant les prochains trimestres.
L’annonce surprise d’élections anticipées en France a pris beaucoup de gens de court et les répercussions négatives sur les marchés financiers ne se sont pas fait attendre : le différentiel de rendement entre la France et l’Allemagne a augmenté et les bourses de la zone euro ont été sous pression, à commencer par le CAC 40, notamment les sociétés avec une forte exposition à l’économie domestique. En effet, une potentielle victoire du Rassemblement National ou du Front Populaire font craindre un dérapage fiscal important. Si ces développements font naître un stress important, c’est parce qu’ils arrivent à un moment où les dernières données sur le déficit budgétaire et sur la dette sont déjà médiocres. Alors qu’à notre sens, le risque d’un « Frexit » peut aujourd’hui être écarté, la visibilité va rester faible jusqu’à ce que les marchés soient fixés sur l’issue de ces élections législatives. Dans cet environnement, les bourses européennes, tout comme l’euro, peineront à tirer leur épingle du jeu. Il faut cependant garder à l’esprit que des risques politiques de ce type ont souvent créé des opportunités d’achat sur la durée.
Près d’un tiers de la performance de l’indice S&P 500 depuis le début de l’année (+14%) est expliquée par la contribution d’une seule valeur, Nvidia. Le groupe de semiconducteurs, en hausse de 166% en 2024 est aujourd’hui le deuxième plus gros titre de l’indice américain.