Pénalisé par la remontée des taux, l’or reste sous pression et traite sous le support technique des 1’675$/once. Compte tenu du sentiment très déprimé à son égard, nous pensons que le métal jaune reste un hedge valide en cas de dégradation soudaine de l’environnement géopolitique.
En Chine, la croissance du crédit en septembre a dépassé les attentes grâce à l’assouplissement progressif du gouvernement. Si l’ampleur du rebond semble plus timide que lors des cycles d’assouplissement précédents, en raison de la demande intérieure toujours freinée par les mesures restrictives, ceci constitue un environnement favorable à une reprise économique en 2023.
L’inflation américaine poursuit sa décrue en septembre, mais à un rythme plus lent qu’escompté. En cause, la progression inébranlable des prix des services et des loyers en particulier. Toutefois, le reflux des prix à la consommation devrait s’accélérer ces prochains mois, alors que les prix à l’importation reculent rapidement et que les ventes de détail stagnent.
En définitive, la flambée de l’inflation a pris de court la Banque centrale européenne, qui se retrouve aujourd’hui contrainte d’accélérer son resserrement monétaire au moment où l’économie est en train de ralentir. Si l’on en croit les grands titres des médias, la question n’est plus de savoir si, mais bien quand l’Europe va entrer en récession. La bonne nouvelle est que la reconstitution des stocks de gaz s’est faite plus rapidement que prévu et que, parallèlement, la demande de gaz diminue à l’échelle européenne sans que l’on assiste à un véritable effondrement de la production industrielle. En outre, les gouvernements ont mis en place des mesures d’urgence destinées à enrayer l’envolée des prix du gaz et de l’électricité, venant ainsi au secours des ménages, qui voient leur pouvoir d’achat s’éroder avec la hausse de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt. A moins d’un hiver très rigoureux, le scénario d’une récession brutale pourrait donc être évité sur le Vieux-Continent. Cela ne doit toutefois pas faire oublier que la crise énergétique actuelle aura des répercussions à plus long terme, sous la forme d’une nouvelle hausse de l’endettement des Etats et d’une détérioration du compte courant due à la forte augmentation des importations de gaz naturel liquéfié (GNL).
Dans cet environnement anxiogène, les fonds européens ont continué d’enregistrer des sorties records, et le pessimisme atteint désormais un plus haut historique, comme l’indiquent les enquêtes. Selon Bank of America, la sous-pondération des actions européennes est actuellement la plus marquée des 20 dernières années. Les investisseurs ont clairement identifié les problèmes de l’Europe et se sont positionnés en vue d’une crise majeure. Les valorisations le reflètent déjà : le ratio Cours/Bénéfices (P/E) à 12 mois du marché européen est de 11x et, par rapport à l’ensemble des bourses mondiales, se rapproche des niveaux atteints lors de la crise financière de 2008.
Bien qu’il puisse être tentant de capituler et de vendre sans tarder les actions européennes, une telle décision risquerait de s’avérer peu judicieuse compte tenu du pessimisme extrême qui prévaut et de la forte baisse des valorisations. Car si les sociétés européennes parviennent à éviter un effondrement de leurs bénéfices, une réaction positive des marchés ne nous paraît pas exclue. Pour l’heure, les entreprises activent leurs programmes de rachat d’actions, en mettant à profit la solidité de leurs bilans. Nous continuons de privilégier un portefeuille diversifié dans l’attente de plus de visibilité.
La peur de l’inflation est à son sommet auprès des agents économiques, des investisseurs mais surtout et avant tout du côté des banquiers centraux. Les instituts d’émission européens, notamment, s’inquiètent de la flambée des cours du gaz naturel et de l’électricité, alors qu’un hiver à haut risque se profile pour le Vieux-Continent.
Malgré un contexte d’approvisionnement énergétique bien moins inquiétant, la Réserve fédérale américaine, elle aussi, fait toujours du renchérissement son principal baromètre pour l’orientation de la politique monétaire. Son président, Jerome Powell, surveille en particulier le marché de l’emploi, dont les fortes tensions sont susceptibles d’alimenter la progression des salaires, avec d’éventuels effets de second tour sur les prix des services.
Cependant, de nombreux indicateurs laissent penser que le pire de la hausse des prix est passé aux Etats-Unis. Les cours des matières premières affichent un net recul sur les derniers mois, à commencer par les prix de l’énergie et de l’alimentation, qui pèsent lourd dans le budget des ménages. En outre, la normalisation des chaînes d’approvisionnement pointe vers une moindre pression haussière sur les prix des biens manufacturés et importés. Enfin, la nette décélération des prix immobiliers devrait permettre de contenir les loyers après le sérieux dérapage enregistré ces derniers mois.
Reste que pour l’instant, le contexte d’inflation élevé continue de pénaliser les cours obligataires avec des reculs jamais observés depuis près de 40 ans. Les rendements atteignent actuellement 4% sur les bons du Trésor américain et même davantage sur des émetteurs privés de bonne qualité. Selon nous, ces taux compensent largement l’inflation anticipée à moyen et long terme et nous préconisons d’accumuler les emprunts libellés en dollar à ces niveaux.