Les actions américaines ont entamé en mars leur cinquième mois consécutif de hausse. Plus précisément, le principal indice boursier américain a affiché plus de 265 séances à la suite sans correction journalière de plus de 2%. Cela n’était pas arrivé depuis 2018 !
Initialement, ce sont les attentes d’assouplissement monétaire de la part de la Réserve Fédérale (Fed) qui ont alimenté la progression des actifs risqués, alors que la normalisation de l’inflation s’accélérait en fin d’année passée. Pourtant, les dernières données économiques ont mis en lumière l’excès d’optimisme des investisseurs quant à une prochaine baisse des taux directeurs de la Fed. Alors qu’il y a quelques semaines encore, une première coupe était anticipée pour la réunion du mois de mars à venir, il semblerait qu’une action sur les taux d’intérêt n’est à présent que peu probable avant le mois de juillet. Pourtant, le rallye sur les bourses se poursuit, voire s’intensifie.
Et pour cause, on peut effectivement se demander si le timing d’un assouplissement monétaire est réellement si important. Allons plus loin encore ; Jérôme Powell a-t-il vraiment intérêt à rendre sa politique monétaire accommodante dans l’environnement actuel ?
On peut en douter. Couper les taux ? Pourquoi ? Pour prendre le risque de voir l’indice des prix à la consommation repartir à la hausse, alors qu’il se stabilise obstinément bien au-dessus des objectifs de la Fed ? Pour soutenir une économie qui visiblement se satisfait parfaitement des conditions financières actuelles ? Avec un PIB en progression estimée de 2,1% en 2024 et de 1,7% l’année prochaine, ainsi qu’une situation de plein emploi, qui stimule encore les progressions de salaires, on peut en effet s’attendre à ce que monsieur Powell temporise à court terme.
Et cela n’a pas vraiment d’importance. Car ce n’est pas la perspective d’une normalisation de la politique monétaire qui réjouit les investisseurs actuellement, mais bien la conviction que la banque centrale américaine dispose d’une solide réserve de munitions pour agir au moindre signe de faiblesse de la conjoncture américaine. Cette situation est particulièrement confortable, après plus d’une décennie de taux proches de zéro, qui bridaient considérablement la marge de manœuvre de la Fed. Baisser les taux directeurs dans le contexte actuel reviendrait à gaspiller inutilement ces munitions et les investisseurs semblent avoir très bien intégré ce concept, leurs attentes en termes de taux étant aujourd’hui alignées sur celle de la Réserve Fédérale.
Les rendements à long terme se sont nettement tendus sur la plupart des marchés obligataires sur la semaine écoulée. En cause, une inflation qui ne ralentit plus autant qu’espéré, ce qui jette le doute quant aux marges de manœuvre dont disposent les grandes banques centrales pour assouplir leurs politiques monétaires cette année. Cette déconvenue est venue confirmer un début d’année difficile pour les emprunts souverains à dix ans et plus qui affichent le plus souvent des reculs supérieurs à 2% à l’exception des bons de la Confédération suisse dont les pertes sont plus limitées. Seuls les segments les plus risqués du marché obligataire affichent des performances positives à ce jour pour 2024, en particulier les emprunts à haut rendement américains et la dette de marchés émergents. Nous restons convaincus que les marchés de taux continuent d’offrir des perspectives intéressantes, à commencer par leur valorisation qui est attractive. Les rendements obligataires, tant en termes nominaux que réels (après inflation), sont en effet très supérieurs à la moyenne de ces dix dernières années.
Représente la progression annuelle de la production industrielle en Chine sur janvier-février, la plus forte depuis près de deux ans et dépassant les attentes de +5%. Les ventes au détail sont également en progression de 5,5%, suggérant une possible stabilisation de l’économie malgré les défis qui persistent dans le secteur de l’immobilier.