Point sur les marchés - 19 février 2024
-
Daniel Varela Chief Investment Officer
Economie chinoise : nouvelle année, mêmes défis.
Si la pandémie semble déjà un souvenir lointain pour la plupart d’entre nous ici en Suisse, la Chine n'a levé ses restrictions liées au COVID-19 qu'à la fin de 2022. Ainsi, la semaine dernière marquait seulement la première année de célébrations normales pour le Nouvel An depuis quatre ans. Cela souligne à quel point la normalisation en Chine est décalée par rapport à d’autres économies.
Les données sur le tourisme et la consommation pendant ces 8 jours de vacances du Nouvel An sont globalement encourageantes. L’activité touristique a rebondi de 34% sur un an, atteignant 119% du niveau prépandémique. Cependant, les dépenses par habitant ont diminué de 9% par rapport à 2019 en raison des problèmes prolongés du secteur immobilier et de la faiblesse persistante de la confiance des consommateurs, ce qui retarde toujours la reprise tant attendue dans le secteur des services.
Bien que l'indice Hang Seng de Hong Kong ait rebondi de plus de 3,7% la semaine dernière, il reste en baisse de 5% depuis le début de l'année, sous-performant les marchés de la région. Les récentes annonces des autorités chinoises semblent reconnaître l’urgence d’intervenir, mais il reste à voir s’il ne s’agit pas uniquement de paroles en l’air ou finalement d’actions concrètes. A ce stade, il s’agit essentiellement d’une crise de confiance qui, bien qu’elle ne semble pas représenter un risque systémique, n’en continue pas moins de freiner la reprise. Une stabilisation du secteur immobilier s’impose donc pour assurer une croissance économique plus durable. La confiance s’est érodée tant du côté des consommateurs que des investisseurs. S’il entend la restaurer, le gouvernement chinois n’aura d’autre choix que d’intensifier ses efforts de relance. Les annonces faites depuis l'été sont certes louables, mais il faut à présent un discours plus affermi, des mesures plus concrètes et des résultats plus tangibles
Faute d’amélioration du sentiment dans les mois à venir, les autorités chinoises risquent de subir une perte de crédibilité durable. A notre avis, il convient maintenant d’observer dans les prochains mois si le plan de relance mené depuis l'été portera ses fruits. Dans le cas contraire, cela signifierait que les mesures sont inefficaces, allongeant ainsi le temps nécessaire pour regagner la confiance des investisseurs.
En fin de compte, pour que la confiance se rétablisse et que le marché rebondisse, Pékin devra clairement démontrer sa volonté de soutenir l’économie, alors même que le climat boursier est particulièrement morose et les valorisations historiquement basses. Que ce soit une année du Lapin ou du Dragon ne changera rien.
Hedge fund : l'environnement reste porteur
Nous pensons que l’environnement global demeure porteur pour les hedge funds et la gestion active. Tout d’abord, nous avons constaté l’an dernier que les titres étaient devenus beaucoup plus sensibles aux facteurs microéconomiques. Alors que la macroéconomie occupait le premier plan après la crise du Covid et durant la reprise qui a suivi, les investisseurs ont commencé à se réintéresser aux fondamentaux des sociétés, et cela se reflète dans l’évolution des cours. Ce changement d’axe est très favorable à la gestion active et permet aux gérants de portefeuilles de récolter les fruits de leur travail d’analyse. Ils sont actuellement positionnés de manière à bénéficier d’une poursuite de cette tendance, avec des expositions brutes au plus haut des cinq dernières années. De plus, un environnement de rendements élevés est historiquement beaucoup plus propice aux fonds alternatifs, qui arrivent à générer un alpha deux fois supérieur lorsque les taux courts sont de 5% au lieu de 0%.
Chiffre de la semaine : -0,8%
Les ventes au détail aux USA reculent plus fortement qu’attendu au mois de janvier par rapport au mois précédent. Même si cet indicateur est assez volatil, il semblerait que l’épargne accumulée par les ménages depuis la crise sanitaire soit en train de se tarir.
Auteur
-
Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.