Point sur les marchés - 19 octobre 2020
-
Daniel Varela Chief Investment Officer
Un peu plus de 50 sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats et déjà une nette tendance positive se dessine. Tout comme pour le deuxième trimestre, les résultats communiqués dépassent sensiblement les prévisions des analystes, qui n’ont vraisemblablement pas reflété la récente embellie conjoncturelle dans leurs chiffres.
Alors que les aller-retours entre la Maison Blanche et le Congrès américain restent infructueux, la probabilité de voir un nouveau paquet d’aides fiscales approuvé avant l’élection du 3 novembre s’amenuise, mettant ainsi en péril la poursuite du redressement conjoncturel aux Etats-Unis. Une majorité démocrate au congrès ainsi qu’une victoire de Joe Biden pourraient débloquer la situation… mais seulement en début d’année prochaine.
Dans la zone euro, l’amélioration des indicateurs économiques se poursuit mais à un rythme plus lent. C’est notamment le cas de la production industrielle, qui après un rebond de 5% M/M en juillet a progressé de 0.7% M/M en août. Il est encore trop tôt pour dire à quel point la deuxième vague de Covid entravera la reprise. En cas de nouvelle détérioration, la BCE pourrait annoncer des mesures supplémentaires.
ÉTATS-UNIS : Un nouveau cycle est né !
Faisant fi des craintes d’une deuxième vague de contamination, les marchés actions américains ont préféré se concentrer durant tout l’été sur les perspectives d’une reprise économique. Celle-ci s’annonce solide pour la fin de l’année et devrait se prolonger sur la majeure partie de 2021. Si la plongée de l’économie américaine a été violente, le rebond conjoncturel qui a suivi s’est révélé tout aussi abrupt. Et les prévisions pour l’année prochaine n’en finissent pas de s’envoler, une progression de 4%, 5% voire 6% du PIB étant envisagée par les économistes. En l’occurrence, nous pensons même que ces projections pourraient receler un potentiel de surprise à la hausse, dont l’ampleur dépendra largement du lancement d’un vaccin contre le Covid-19. En effet, si les aides gouvernementales massives ont permis une hausse substantielle de l’épargne des ménages tout en évitant des faillites en chaîne, les dépenses dans le secteur des services souffrent encore des restrictions liées à la crise sanitaire. Le tourisme et les loisirs, notamment, restent pénalisés, de sorte que le redressement de la consommation se limite aux biens durables.
Alors que les économistes ont largement intégré les bonnes nouvelles récentes dans leurs anticipations, il n’en est pas de même pour les analystes de marché, bien empruntés face au manque de communication des entreprises concernant leurs objectifs financiers. Malgré les solides résultats publiés au deuxième trimestre, qui avaient dépassé de quelque 20% les estimations du consensus, les chiffres anticipés pour le troisième trimestre sont restés résolument conservateurs. Nous nous attendons donc à de nombreuses révisions à la hausse des estimations de bénéfices pour 2020 et 2021, après l’annonce des prochains résultats trimestriels. Cela permettra par ailleurs au marché des actions américaines d’amorcer une normalisation des valorisations, qui demeurent généreuses.
Ce contexte porteur est exacerbé par une politique monétaire qui n’a jamais été aussi accommodante et devrait le rester au moins jusqu’à 2023, fournissant du même coup un soutien supplémentaire aux valorisations. Face à l’ampleur des stimulations mises en place, il nous paraît risqué de continuer à sous-pondérer les actions américaines, raison pour laquelle nous avons renforcé notre exposition ces dernières semaines. Enfin, nous ne considérons pas l’échéance électorale américaine de novembre comme un réel risque pour les marchés, tant l’écart entre les candidats semble se creuser. Une victoire du démocrate Joe Biden ainsi qu’une claire majorité au Congrès permettraient une mise en œuvre bien plus souple des mesures de relance budgétaire dont l’économie américaine a maintenant besoin pour pouvoir poursuivre sur la voie de la reprise.
Europe 750 mrds très attendus
nouvelles extrêmement positives, le Vieux Continent est désormais entré dans une phase plus compliquée. En effet, les récentes nouvelles économiques s’avèrent plus contrastées, et l’Europe est confrontée à une forte recrudescence des cas de Covid-19. Il convient cependant de relever le solide redressement du secteur industriel, notamment en Allemagne. Les ventes de détail ont, elles aussi, connu un net rebond sur fond de progression de la confiance du consommateur, et ce malgré la pandémie.
Par contre, l’incertitude demeure dans le secteur des services, et plus particulièrement dans le tourisme, qui pourrait rester en panne tant qu’aucun vaccin n’aura été commercialisé. Ce bémol ne doit pas pour autant faire oublier les mesures sans précédent annoncées par les gouvernements et la BCE, ni le fonds de relance de 750 milliards d’euros proposé par la Commission européenne, autant de moyens qui soutiendront les économies les plus fragilisées par cette crise, notamment dans le sud de l’Europe. A notre avis, ce fonds de relance est appelé à donner un nouveau souffle à la zone euro et pourrait favoriser une meilleure coordination politique et une croissance plus soute-nue. Au plan boursier, cela devrait à terme se traduire par une diminution de la prime de risque, qui, à son tour, serait susceptible de déclencher un effet de rattrapage, permettant ainsi de combler le retard pris cette année. Le plan de relance repose notamment sur le pacte vert pour l’Europe, et nous pensons que les sociétés du Vieux Continent sont bien positionnées pour en bénéficier.
Auteur
-
Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.