Les banquiers centraux n’ont plus vraiment de raisons de maintenir des politiques monétaires très restrictives. Dans les pays industrialisés ainsi que dans une majorité de pays émergents, l’inflation poursuit en effet son ralentissement et rejoint progressivement la cible visée par les grands argentiers. En outre, bien qu’une récession mondiale ait été évitée, le tassement de l’activité est notable, justifiant à présent que l’on rouvre graduellement les vannes du crédit. C’est évidemment le cas en Europe, où la guerre en Ukraine et la crise énergétique se sont fait durement ressentir, et cela reste vrai en Chine, où de nouvelles mesures de soutien en faveur du secteur de la construction se révèlent nécessaires pour restaurer la confiance des ménages. Enfin, le besoin de relance se manifeste aussi du côté des Etats-Unis : la détente du marché de l’emploi, qui se traduit par une légère remontée du chômage, pourrait pénaliser la consommation au moment où l’on se met à raboter les dépenses fédérales. Susceptible de favoriser une baisse des rendements obligataires à long terme, cette baisse synchronisée des taux à l’échelle mondiale pointe vers une réaccélération économique qui devrait s’affirmer durant les prochains trimestres. Le contexte qui s’instaure est propice à une poursuite de la hausse des actifs dits risqués, tels que les actions. A moins bien sûr que les aléas politiques ne viennent gâcher l’ambiance. S’il est rare que les événements politiques influent durablement sur les marchés, les périodes de turbulences peuvent alimenter une instabilité boursière temporaire. Le calendrier électoral particulièrement chargé de 2024 nous a déjà réservé quelques surprises, notamment en France. Dans le cas du renouvellement de l’Assemblée nationale française comme pour l’élection présidentielle américaine qui aura lieu au mois de novembre prochain, ce sont les programmes qui seront appliqués par les futurs gouvernements qui inquiètent les marchés. On redoute surtout les mesures protectionnistes ou de nature à engendrer un dérapage budgétaire. Face à ces incertitudes politiques, et compte tenu des performances boursières particulièrement positives enregistrées durant le premier semestre, nous diminuons marginalement le poids des actions européennes dans les portefeuilles au profit des actions suisses, dont les caractéristiques défensives sont avérées en période de volatilité. De même, nous prenons quelques bénéfices sur la bourse américaine, qui affiche la plus forte progression depuis janvier. S’agissant des monnaies, nous réduisons l’euro en faveur du franc suisse dans les profils CHF et EUR. Motivée également par le contexte politique, cette décision d’ordre tactique pourrait n’être que passagère.
Les marchés financiers ont bien accueilli les résultats du premier tour des élections législatives en France. En effet, un score du RN légèrement en-dessous de ce que suggéraient les intentions de vote diminue ses chances d’obtenir la majorité absolue. A notre sens, la réaction positive des bourses et notamment celle des valeurs ayant une exposition à l’économie domestique s’apparente davantage à un rebond de soulagement. Elles sont en effet rassurées par l’éloignement des scénarios catastrophe impliquant un fort dérapage fiscal. Il faut cependant garder à l'esprit que, bien que la probabilité d'un parlement sans majorité absolue ait augmenté, de nombreuses incertitudes demeurent quant à la configuration du prochain gouvernement. Et la volatilité risque de perdurer jusqu’à ce que les marchés aient plus de clarté sur son programme. A moyen terme, nous restons préoccupés par la potentielle impasse politique et la situation du déficit. Dès lors, nous préconisons de sous-pondérer les actions françaises, en particulier les valeurs domestiques.
Représente le taux de change du yen par rapport au dollar américain. La récente faiblesse dépasse le niveau qui a déclenché l'intervention de la Banque du Japon sur le marché des changes le 29 avril.