Les inscriptions au chômage ont continué leur décrue la semaine passée aux Etats-Unis. Alors qu’elles avaient dépassé les six millions au plus fort de la crise, les demandes d’indemnité ont reculé à deux millions. Dans ce contexte de reprise rapide de l’activité, nous anticipons une normalisation du taux de chômage dans les prochaines semaines, ce qui devrait préserver la confiance du consommateur.
Alors que les investisseurs retrouvent leur appétit pour le risque, les grosses capitalisations défensives suisses sont à la peine. Les petites valeurs de la cote helvétiques ont largement devancé leurs grandes sœurs et ont à présent rattrapé tout le retard accumulé depuis le début de la crise au mois de mars. Nous nous attendons à une poursuite de cette tendance sur les prochaines semaines.
Le PMI manufacturier chinois de Caixin a surpris le marché en rebondissant à 50,7 contre 49,4 en avril et 49,6 attendu par le consensus. Bien que le sous-indice des commandes à l’exportation ait fortement rebondi à 41,7 en mai (contre 33,7 en avril), il reste bien en dessous du seuil de 50, suggérant une faiblesse persistante des nouvelles commandes à l’exportation.
Il ne fallait surtout pas vendre en mai !
Un adage bien connu de la communauté financière recommande de vendre les actions au mois de mai (“sell in May and go away”). Il se base sur des observations historiques qui indiquent que les performances boursières obtenues sur le semestre allant de mai à octobre sont habituellement inférieures à celles réalisées sur la période de six mois couvrant novembre à avril. Bien entendu, il s’agit d’observations moyennes sur longue période qui ne se vérifient pas toutes les années. Le suivi systématique de cette maxime n’était d’ailleurs pas vraiment judicieux ces dernières années. Pour l’instant, l’adage ne semble pas se confirmer en cette année 2020 si particulière. La performance des bourses mondiales a en effet été très solide en mai avec des progressions de près de 5% sur les grands indices des actions américaines et européennes. Certains marchés affichant même des résultats supérieurs. Ces belles performances saluent le reflux de l’épidémie de Covid-19 et le déconfinement progressif de la plupart des principales économies de la planète. Ceci s’accompagne de l’espoir d’une nette ré-accélération de l’activité au deuxième semestre portée notamment par les gigantesques plans de soutien économique débloqués par de nombreux gouvernements et banques centrales. Les indicateurs économiques avancés confirment d’ailleurs que le redressement est en cours un peu partout. La rotation sectorielle observée depuis une quinzaine de jours sur les bourses témoigne d’ailleurs d’un changement de sentiment des investisseurs à l’égard de l’économie. Les secteurs cycliques, qui étaient délaissés durant la première phase de rebond des bourses, commencent enfin à rattraper le terrain perdu. Cette rotation a notamment favorisé les sociétés financières et indus-
trielles de même que les petites et moyennes entreprises. Ce retour de confiance à l’égard de la santé de l’économie mondiale peut également être observé sur le marché obligataire. Les segments plus risqués comme les emprunts à haut rendement ou la dette émergente effectuant leur grand retour après un début d’année très difficile. On guettera un éventuel excès d’optimisme des investisseurs dans un contexte géopolitique toujours tendu et alors qu’une deuxième vague de l’épidémie ne peut être écartée d’ici l’automne. Mais sur le court terme, la bonne dynamique des marchés semble pouvoir perdurer. Sur les devises, un changement de régime semble également en cours et l’euro profite d’un retour d’optimisme à l’égard de l’Europe. Nous renforçons d’ailleurs la monnaie européenne dans les portefeuilles basés en franc suisse en dénouant partiellement les couvertures à terme.
Europe : Un nouveau souffle !
L’annonce est inédite : la Commission européenne a proposé un plan de relance de 750 milliards d’euro avec la création d’une dette européenne commune. L’objectif est de venir en aide aux régions et aux secteurs les plus touchés par la pandémie afin de sortir le Vieux Continent d’une récession d’une ampleur exceptionnelle. L’approbation de ce plan prendra sans doute du temps, car il y a encore des obstacles et l’argent ne sera pas disponible tout de suite. Mais nous devons voir le contexte plus large : ce sera le plus gros plan de relance budgétaire jamais débloqué dans l’histoire de l’Union européenne, qui vient compléter les mesures déjà lancées par la Banque Centrale Européenne. Et au-delà du plan lui-même, c’est un signal fort de la nouvelle volonté des dirigeants de renforcer l’Union en avançant ensemble d’une manière plus coordonnée.
Les bourses ont salué la nouvelle. Ce nouveau fonds de relance marque potentiellement un tournant et devrait mener à une diminution de la prime de risque sur les actions de la zone euro. De plus, ces développements arrivent dans une période où les attentes vis-à-vis de l’Europe sont basses et la valorisation relative (notamment envers les Etats-Unis) est faible. Comme ailleurs, les bourses européennes ont rebondi depuis leurs plus bas du mois de mars, mais elles affichent du retard notamment par rapport à la bourse américaine. Dans ce contexte, nous pensons que les bourses de la région pourraient faire l’objet d’un rattrapage. Celui-ci serait porté par les avancées sur le front politique et économique.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.