En France la consommation des ménages a baissé de 1,3% en mars, ce qui était bien plus qu’attendu par les marchés. Ceci est à mettre en lien avec la diminution du pouvoir d’achat induite par la forte hausse de l’inflation, notamment de l’énergie. Cette problématique devrait perdurer ces prochains mois.
Les métaux industriels, et plus particulièrement le cuivre, ont baissé significativement depuis deux semaines. La demande est négativement impactée par le ralentissement économique en Chine lié à la prolongation du confinement, alors que l’invasion de l’Ukraine a eu moins d’impact qu’attendu sur l’offre.
Contre tout attente, le PIB américain pour le deuxième trimestre a reculé, en baisse de 1,4% en rythme annualisé. Ce chiffre est dû en grande partie à un phénomène technique : les importations ont explosé alors que les exportations sont en recul. Il ne s’agit par conséquent pas d’un signe que la conjoncture américaine faiblit, même si la consommation des ménages ralentit sous l’effet de l’inflation galopante.
Suisse : l’attrait des défensives
Voilà maintenant plus d’un an que le SPI surperforme les actions mondiales. A l’évidence, l’environnement économique de plus en plus incertain a conduit les investisseurs à privilégier la visibilité et la résilience de la conjoncture et des entreprises suisses. En outre, le retour en grâce des grandes capitalisations, entamé en fin d’année dernière, s’est confirmé au premier trimestre 2022.
Nous tablons sur une poursuite de cette tendance favorable. En effet, les préoccupations actuelles n’ont que peu d’impact sur la croissance helvétique, dont le ralentissement par rapport à 2021 devrait être marginal.
Alors que l’inflation atteint des niveaux inédits depuis plusieurs années aux Etats-Unis comme en Europe, elle demeure contenue en Suisse, ce qui permet à la BNS de maintenir une politique monétaire accommodante plus longtemps que ses pairs américains et européens. La prime de risque des actions domestiques, qui mesure leur attrait par rapport aux autres classes d’actifs, obligations en tête, conserve donc un niveau élevé.
S’agissant du conflit en Ukraine, l’exposition des sociétés helvétiques est limitée. Leur croissance bénéficiaire s’annonce robuste cette année encore, sur fond de résolution de la crise sanitaire dans les pays développés.
Enfin, la valorisation des actions domestiques reste loin des niveaux extrêmes observés entre autres sur le marché américain. Si la décote injustifiée qu’elles affichaient encore il y a quelques mois s’est résorbée, leurs valorisations actuelles ne devraient pas être un frein à la poursuite de la surperformance de la bourse helvétique.
La Suisse demeure par conséquent l’une des régions que nous privilégions dans nos grilles d’investissement. Ses vertus défensives ne manqueront pas de recueillir les faveurs des investisseurs tant que les incertitudes perdureront quant à l’évolution de l’économie mondiale. Une fois ces craintes dissipées, notamment sur le front géopolitique, nous opérerons un retour plus marqué sur le segment des petites et moyennes capitalisations, qui sont par nature plus cycliques et qui ont particulièrement souffert dernièrement.
Japon : La BoJ fait cavalier seul
Le Japon s’est montré relativement discret durant ce premier trimestre marqué par une escalade des tensions géopolitiques en Europe. La bourse nippone a bien résisté, affichant l’une des meilleures performances des marchés développés.
Cela ne signifie pas pour autant que l’Archipel soit totalement isolé du monde. Le pays étant importateur de pétrole, une hausse de 10% du prix du baril est susceptible d’entraîner une baisse de plus de 2% des bénéfices nets des valeurs composant l’indice Topix.
Si l’inflation n’est pas un problème pour le moment, elle contribue à exercer des pressions à la hausse sur les taux longs. Or la Banque du Japon entend défendre sa politique monétaire ultra-accommodante, en maintenant le rendement de ses obligations à 10 ans en dessous de 0,25%. Suivre ce cap monétaire tandis que d’autres banques centrales évoluent dans la direction opposée provoque un élargissement des écarts de taux d’intérêt et une dépréciation du yen. La faiblesse de la devise japonaise a toutefois pour effet de soutenir les exportations et de gonfler les bénéfices que les sociétés du Topix réalisent à l’étranger, ce qui devrait compenser l’impact négatif sur le pouvoir d’achat des consommateurs.
Jusqu’à récemment, le Japon affichait une reprise conjoncturelle à la traîne par rapport aux autres économies industrialisées. Tablant sur une accélération continue de l’activité ces prochains trimestres, nous maintenons notre opinion positive à l’égard du marché nippon au sein de la région Asie.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.