Point sur les marchés - 20 avril 2020
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Les immatriculations de nouvelles voitures en Europe ont reculé de 52% par rapport au mois de mars de 2019 en raison de la fermeture des concessionnaires et de l’arrêt de la production automobile pour éviter la propagation du coronavirus. La levée progressive des mesures de confinement devrait mener à une reprise des ventes dès la fin du trimestre.
Près de 10% des entreprises du S&P 500 ont publié leurs résultats pour le premier trimestre de l’année. Sans surprise, les bénéfices s’établissent 12% en-dessous des attentes pourtant largement révisées à la baisse. Outre la faiblesse de ces chiffres, l’abandon généralisé des objectifs pour 2020 témoigne de la faible visibilité des sociétés sur leur activité.
Dans un environnement marqué par un ralentissement abrupte de l’activité, les entreprises qui maintiennent des taux de croissance bénéficiaires positifs sont largement favorisées. La cote « croissance » conserve ainsi son attrait en comparaison des titres bon marché. Entreprise de croissance par excellence, Amazon a atteint la semaine passée un nouveau record de capitalisation sur la bourse américaine.
Marché des changes : une question de bilan
L’épidémie de Covid-19 et la crise économique qu’elle a déclenchée ont poussé les grandes banques centrales à ouvrir leur trousse d’urgence, comme elles l’avaient fait durant la crise financière de 2008-2009 et la crise de la dette souveraine européenne survenue quelques années plus tard. Concrètement, lorsque les taux directeurs sont déjà au plancher, les banquiers centraux se lancent dans une expansion de leur bilan via des rachats d’actifs et des injections de liquidités dans le système financier. Ces mesures produisent des résultats depuis quelques semaines. Certes, les statistiques économiques commencent à révéler l’ampleur des dégâts liés aux mesures de confinement qui frappent la plupart des pays et d’une activité mondiale à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Pourtant, les banques centrales ont réussi à ce jour à éviter que ce choc exogène lié à cette pandémie ne se transforme en crise économique structurelle ou systémique. Le calme est progressivement revenu sur les marchés financiers et les investisseurs commencent à anticiper le rebond à venir de l’activité économique alors que des mesures de déconfinement sont envisagées en Europe, aux Etats-Unis et dans d’autres pays de par le monde. L’action des banques centrales est donc pour l’instant saluée. Mais dans un contexte où le recourt à la planche à billets devient la norme, les fondamentaux économiques des pays ou des zones économiques perdent de leur influence sur le marché des changes, et il convient alors de se laisser guider par des indicateurs techniques. En l’occurrence, quelques tendances se dessinent sur ce front. Parmi les grandes monnaies, le dollar américain et le yen japonais évoluent dans une bande relativement étroite, tandis que l’euro continue de se déprécier. Quant aux monnaies périphériques et émergentes, elles ont beaucoup souffert de la propagation de l’épidémie et du plongeon des cours du pétrole et attendent des signes de stabilisation de l’économie mondiale pour pouvoir se remettre d’aplomb. Dans ce contexte, des paris audacieux sur les devises sont susceptibles de s’avérer très pénalisants pour les portefeuilles. Nous recommandons par conséquent de privilégier une exposition forte à la monnaie de référence du client ou de l’investisseur. Dans les comptes basés en franc suisse, il faut donc souvent opter pour une couverture étendue du risque de change. C’est tout particulièrement le cas des placements en euro, que nous continuons de couvrir intégralement contre la monnaie helvétique. En effet, la Banque nationale suisse (BNS), malgré de nombreuses interventions, peine visiblement à freiner la glissade de l’euro contre le franc alors que l’objectif de parité se rapproche dangereusement.
Chine – une bonne gestion de crise
La Chine a été très tôt confrontée au dilemme consistant à choisir entre le coût économique du confinement et le coût sanitaire. Rétrospectivement, la décision prise semble avoir été la bonne. Certes, les mesures drastiques qui l’ont accompagnée étaient plus faciles à mettre en œuvre dans le cadre d’une économie contrôlée et dans un pays qui a pu tirer les leçons d’une précédente épidémie (SARS). Reste que la normalisation observée depuis février en Asie est un signe d’espoir pour les nations qui se trouvent encore en pleine crise sanitaire.
Le rebond du PMI manufacturier et la production industrielle chinoise en mars est certainement encourageant, mais on ne
peut exclure l’hypothèse selon laquelle ce ne serait là que la première étape d’un rebond graduel, compte tenu des derniers chiffres sur les ventes de détail en mars (-15,8% sur un an) et le repli historique du PIB au 1er trimestre (-6,8%). Un des risques à surveiller porte sur l’émergence d’une deuxième vague de contamination : bien que limitée pour l’instant, cette menace pourrait se concrétiser au travers des retours depuis l’étranger. L’autre risque a trait à une baisse prolongée de la demande extérieure, due à la récession qui se profile en Europe et aux Etats-Unis. En effet, les exportations comptent encore pour 20% du PIB chinois, même si cette part a diminué depuis la crise financière de 2009.
A noter toutefois que ce dernier risque est partiellement atténué par les relances budgétaires sans précédent qu’ont annoncées les banques centrales des pays développés. La Chine quant à elle s’est montrée étonnamment discrète sur ce front, annonçant des stimuli équivalant à moins de 3% du PIB, contre plus de 11% en 2009. Cette intervention timide pourrait traduire le souhait d’éviter un encombrant excédent d’endettement à éponger dans les années à venir, mais aussi de s’assurer suffisamment de munitions en cas de surprises négatives dans les prochains mois.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.