L’indice S&P 500 bute sur des résistances techniques majeures. Les bons résultats des entreprises américaines ont dopé le moral des investisseurs, mais pour que le rallye boursier puisse se poursuivre, nous estimons qu’une résolution de la crise du plafond de la dette devra être trouvée rapidement. Une fois ce risque écarté, les actions américaines pourraient bien reprendre leur ascension.
Le marché des céréales est sous pression cette année, avec des baisses supérieures à 15%. En effet, malgré le conflit ukrainien, les exportations depuis la Mer Noire reste à des niveaux élevés : les craintes de pénuries potentielles se sont donc résorbées. Seul un phénomène « El Niño » précoce semble pouvoir enrayer cette dynamique à court-moyen terme.
Les négociations sur le relèvement du plafond de la dette du gouvernement américain sont toujours en cours. Notre scénario privilégié reste celui d’un accord de dernière minute. Les deux parties affichent en effet une attitude constructive qui laisse la place à des concessions de part et d’autre.
Une part non négligeable du dérapage actuel des prix est de nature opportuniste. Un phénomène que les médias anglosaxons ont rapidement appelé la « greedflation ». Il caractérise l’avidité de nombreux producteurs, intermédiaires et détaillants cherchant à profiter du contexte d’inflation élevée pour justifier des hausses de prix qui visent avant tout à augmenter leurs marges.
Après de nombreuses années de stabilité des prix à l’échelle internationale, causée notamment par différents développements structurels tels que la globalisation ou l’essor du commerce en ligne, l’occasion était trop belle. Le risque de pénuries alimenté par l’épidémie de Covid et la guerre en Ukraine ayant été largement médiatisé, l’opinion publique était désormais préparée à tolérer un certain renchérissement du coût de la vie. Les agents économiques en amont de la chaîne de transmission des prix ne s’en sont pas privés. Mais cette fenêtre d’opportunité est sur le point de se refermer.
Face au risque de spirale inflationniste, les banques centrales ont en effet fortement monté leurs taux d’intérêt au point de ralentir l’économie, parfois violement. Les hausses de salaires ne compensant pas le renchérissement de la vie, partout la colère des consommateurs monte. La pression sur les pouvoirs publics devient intense surtout en Europe. Et le risque d’intervention des Etats guette. Car les consommateurs ne sont plus dupes, surtout lorsqu’ils comprennent que les prix des matériaux de base sont désormais en recul alors que la valse des étiquettes des produits finis ne connaît pas de répit.
Ce grand écart est particulièrement criant dans l’alimentation, un poste de dépense important pour les ménages. Mais il concerne aussi le prix des carburants également très pénalisant pour le porte-monnaie des consommateurs. Si l’on écarte le scénario d’une détérioration supplémentaire du contexte géopolitique, qui provoquerait éventuellement une nouvelle flambée des cours des matières premières, il est très probable que ce phénomène d’inflation opportuniste arrive rapidement à son terme.
Sans attendre un éventuel contrôle étatique des prix ou des appels au boycott de certaines marques, c’est bel et bien l’arbitrage opéré par les consommateurs vers des produits moins chers qui est à l’œuvre. Car le risque d’une perte durable de part de marché est réel. L’inflation est donc sur le point de rentrer dans le rang, même si on ne retrouvera sans doute pas les prix de 2019 sur la plupart des biens et services.
En hausse de 18% depuis le début de l’année, l’indice Nikkei a non seulement dépassé son sommet post-pandémique de septembre 2021, mais a clôturé à son plus haut niveau depuis 30 ans et l’éclatement de la bulle économique au Japon en 1990.
Ce rallye est en partie attribué aux investisseurs en quête de refuge dans un environnement global particulièrement incertain. Face aux risques liés au plafond de la dette aux États-Unis et aux inquiétudes sur la reprise en Chine, le Japon se distingue comme l’un des rares marchés développés en Asie isolé des pressions géopolitiques et doté d’une politique monétaire stable.
La bourse japonaise a attiré au deuxième trimestre plus de 20 milliards de dollars de la part d’investisseurs étrangers, une tendance qui n’a plus été observée depuis le début du plan Abenomics en 2013. Alors que ses leaders dans les équipements de semi-conducteurs bénéficient de l’engouement autour du potentiel de l’intelligence artificielle, son secteur de la consommation représente également un moyen de s’exposer à la réouverture de la Chine avec moins de risques géopolitiques. Cette même logique explique la performance récente des valeurs du luxe en Europe.
En ce qui concerne la politique monétaire, la Banque du Japon ne montre toujours aucun signe de changement de cap malgré une inflation désormais supérieure à l’objectif de 2%. Toutefois, un ajustement de la politique de contrôle de la courbe des taux semble inévitable avant la fin de l’année, un retournement qui risque d’affecter les avoirs de la Banque du Japon en actions japonaises, estimés à environ 8% de la capitalisation boursière totale.
Pendant ce temps, le tourisme continue de reprendre au Japon. Si le nombre de visiteurs a atteint un sommet depuis la pandémie en avril, ce niveau reste en baisse de 33% par rapport à avril 2019. Il sera donc judicieux de surveiller si la tendance des investisseurs à retourner vers le Japon est aussi persistante que celle des touristes étrangers dans les mois à venir.