En avril, l’inflation au Japon a dépassé les 2% – l’objectif de longue date de la Banque du Japon, signe que davantage d’entreprises ont répercuté la hausse des coûts d’importation sur les consommateurs. La BOJ semble prête à s’en tenir à la politique monétaire ultra accommandante en maintenant les taux d’intérêt au plus bas pour l’instant, contrairement au resserrement des autres grandes banques centrales.
L’année est difficile pour les fonds immobiliers suisses qui corrigent depuis le mois d’avril et sont en baisse de 10% sur l’année. Ce mouvement est une conséquence de la hausse des rendements obligataires de la Confédération, qui offrent à nouveau une alternative de rendement positif.
La flambée de l’inflation (+9% A/A en avril) au Royaume-Uni continue à plomber la confiance du consommateur. Celle-ci se retrouve désormais à un bas historique, plus faible encore que lors de la crise financière de 2008 ou en mars 2020 lors de l’apparition du Covid. Ce développement pourrait amener la Banque d’Angleterre à tempérer la remontée de ses taux directeurs.
Le cycle économique actuel sort de l’ordinaire. L’épidémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont passablement compliqué la vie des banquiers centraux. C’est tout d’abord la réouverture économique mondiale post-Covid qui a posé le plus grand défi. Face au réveil rapide de la consommation et des investissements, les fortes perturbations observées tout au long de la chaîne d’approvisionnement ont provoqué un rallongement des délais de livraison et une hausse de l’inflation.
L’éclatement de la guerre en Ukraine est intervenu au pire des moments. Elle ne fait qu’attiser et prolonger un problème aigu d’inflation dans les pays développés. Des progressions annuelles des prix de 7% à 8%, c’est du jamais vu depuis près de cinquante ans. Les banquiers centraux ont pris la mesure de ces défis, à commencer par ceux de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Les hausses de taux s’enchaînent en vue de refroidir l’économie et d’endiguer les hausses de prix. La déprime des bourses témoigne certainement de la crainte que cette lutte contre l’inflation n’aboutisse à une récession. Si la probabilité de ce scénario a progressé dernièrement, celui-ci nous semble encore évitable, aux Etats-Unis du moins. Car, contrairement à leurs homologues européens, la mission de Jerome Powell et ses collègues de la Fed est double, à savoir le contrôle de l’inflation tout en préservant autant que possible l’activité économique. Leur but reste donc en tout temps de viser un atterrissage en douceur de l’économie et non pas de la briser.
Les aérofreins ont été déployés rapidement et la phase initiale de descente paraît abrupte au point de faire craindre le décrochage. Pourtant, une phase de stabilisation semble proche. De nombreux signaux d’apaisement de l’inflation apparaissent et laissent penser que celle-ci a peut-être atteint un plateau avant éventuellement de commencer sa descente. Certes, nous n’attendons pas un retour rapide de l’inflation vers 2%, mais une simple inflexion à la baisse sera bienvenue et permettra de soulager la Fed et les investisseurs.
La poursuite du cycle boursier haussier entamé en mars 2020 dépend de la réussite de cet atterrissage en douceur. Pour l’instant des doutes persistent, mais après leur forte baisse récente, les actifs les plus risqués semblent mûrs pour un rebond. On pense notamment aux obligations de moindre qualité qui ont vu leurs primes de risque fortement s’écarter. On pense également aux actions mondiales, à commencer par la bourse américaine très malmenée sur les dernières semaines.
La plus grande ville de Chine devrait enfin sortir du confinement. Le gouvernement de Shanghai prévoit d’assouplir les restrictions et s’attend à rétablir complètement la production et la vie normale d’ici juin, deux mois après avoir imposé les premières mesures de confinement.
Les données macroéconomiques récentes ont confirmé que l’activité économique était presque à l’arrêt en avril. Par conséquent, la croissance du deuxième trimestre risque d’être nulle voire négative, de sorte que l’objectif de 5,5% pour 2022 est devenu irréaliste à ce jour. Pour amortir le choc, l’approche « zéro-Covid » est, dans certaines villes, remplacée par celle des « tests de masse fréquents ». Si elle s’avère efficace, elle pourrait réduire la probabilité de contagions majeures et de perturbations économiques importantes.
La reprise au troisième trimestre est particulièrement importante car elle aura lieu juste avant le congrès du Parti national cet automne. Le temps presse, c’est pourquoi la PBoC a réduit les taux hypothécaires à deux reprises la semaine dernière. Cette décision mérite d’être soulignée car il s’agit de la première action de ce cycle pour soutenir le secteur immobilier. Par ailleurs, la réitération du message de soutien destiné aux dirigeants de la tech mardi passé vise clairement à apaiser les inquiétudes du marché et de réaffirmer le fait que le pic de pression réglementaire est derrière nous.
Toutes ces promesses de relance couplées à l’assouplissement des restrictions à Shanghai semblent avoir contribué au regain d’intérêt des investisseurs. Après douze mois mouvementés, la surperformance relative des dernières semaines du marché domestique chinois et de sa cote technologique pourraient bien indiquer que le pessimisme, qui a dominé le sentiment des investisseurs, a peut-être atteint son apogée.