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Point sur les marchés - 23 mars 2020

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 23 mars 2020 23:00:00

La volatilité des actions américaines, mesurée par l’indice VIX, a atteint un niveau qui n’avait plus été observé depuis la crise financière de 2008. Cela démontre l’extrême anxiété des investisseurs face à la crise actuelle et à la perspective d’une récession aux Etats-Unis. En outre, cela indique potentiellement une stabilisation des marchés après la très forte correction observée au mois de mars.

Face à la baisse de visibilité actuelle et par prudence, plusieurs entreprises suisses ont suspendu leurs programmes de rachats d’actions, à l’image de Sonova ou Swiss Re. Outre l’impact négatif immédiat sur la croissance du bénéfice par action, ces décisions ont fait craindre aux investisseurs de potentielles coupes de dividendes. Cela explique la récente faiblesse de certaines valeurs à haut rendement, comme les assurances.

La Banque du Japon est également intervenue pour stabiliser le marché boursier. Elle a annoncé une augmentation de sa limite de rachat annuel d’ETF à 12’000 milliards de yens par an (environ 9 milliards d’US dollars par mois), soit le double du quota prévu jusqu’à présent. Un geste qui a soutenu la Bourse de Tokyo lors d’une semaine volatile sur les marchés.

 

Des autorités prêtes à tout pour enrayer la crise ?

Quelques mots prononcés en juillet 2012 par le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) de l’époque avaient suffi à infléchir une crise financière en gestation depuis plusieurs mois. On se rappelle que l’Union monétaire européenne à cette période était gravement menacée par la crise des dettes gouvernementales européennes. L’épidémie de Covid-19 a avant tout déclenché une crise sanitaire. La réponse des autorités dans les pays développés ces dernières semaines visant une réduction drastique des déplacements voire des confinements sévères a transformé cette pandémie en crise économique. Après la chute des bourses, la dislocation a commencé à affecter les marchés obligataires où l’on a observé une forte remontée des taux d’intérêt sur les emprunts de moindre qualité comme les obligations d’entreprises, la dette émergente et les obligations des Etats de la périphérie de
l’Europe. Cette évolution est inquiétante et il est crucial de ramener rapidement le calme sur les marchés obligataires et de s’assurer de leur bon fonctionnement en vue de minimiser l’impact économique de cette crise et d’éviter qu’elle ne se transforme en crise financière. Aujourd’hui, les paroles ne suffisent sans doute pas. Conscientes des enjeux, la BCE et la Réserve fédérale américaine sont passées aux actes avec d’importantes injections de liquidité. Et partout dans le monde, la réponse s’organise tant auprès des banques centrales que des gouvernements. Des programmes de relance budgétaire et fiscale sont en discussion à commencer par l’Europe et les Etats-Unis. Et les chiffres ont de quoi donner le vertige. Aux centaines de milliards d’injections de la part des banques centrales répondent des plans de relance de grande envergure par les Etats. Aux Etats-Unis par exemple, une enveloppe de près de 2’000 milliards de dollar est actuelle-
ment discutée au Congrès. Ces importantes annonces des autorités en réponse à l’urgence sanitaire, économique et financière semblent de nature à ramener progressivement le calme sur les marchés financiers. D’autant que banques centrales comme gouvernements laissent la porte ouverte à d’autres initiatives si nécessaire. Aux quatre coins de la planète, les mots de 2012 de Mario Draghi résonnent. La volatilité pourrait rester très élevée sur le court terme. Mais si les banques centrales parviennent à colmater les craquements récents du marché obligataire, il est probable que les bourses trouvent un fond prochainement. Compte tenu de l’ampleur des mesures annoncées et des montants alignés, un redressement assez puissant des marchés est même envisageable une fois le pic de l’épidémie passé en Europe et aux Etats-Unis.

 

Europe : what ever it takes 2.0?

Alors que l’épidémie a commencé sa décrue en Chine, l’Europe est devenue le nouvel épicentre de cette pandémie avec des situations particulièrement alarmantes en Italie et en Espagne. Dans un premier temps, les responsables politiques européens ont tardé à agir en sous-estimant l’ampleur du danger.  Aujourd’hui, ils ont pris conscience que le coronavirus est non seulement une menace sanitaire très grave, mais aussi un coup dur pour l’économie qui pourrait être comparable à la crise financière de 2008 si rien n’est fait. Si les premières mesures de la Banque
Centrale Européenne (BCE) n’ont pas été jugées suffisantes par les marchés, l’annonce du plan d’urgence de EUR 750 mrds accompagnée par la phrase de Christine Lagarde qu’elle ferait « tout ce qui est nécessaire dans le cadre de son mandat » est massive. Jusqu’ici les réponses fiscales, toutes effectuées à un niveau national, ont été timides. Or, une réponse fiscale coordonnée au niveau européen serait sans doute l’événement qui changerait la donne pour l’économie de la zone euro.

La propagation du virus a semé un vent de panique sur les bourses européennes.
Elles sont clairement entrées en territoire survendu et le sentiment des investisseurs est à des niveaux de pessimisme extrême. À court terme, elles resteront sans doute volatiles le temps que les investisseurs intègrent la propagation future du virus, son impact sur l’activité économique et les bénéfices des entreprises. Cependant, pour ceux qui ont une perspective plus long terme nous avons le sentiment qu’il y a des opportunités à saisir, notamment parmi les sociétés de qualité telles que l’Oréal et Danone.