Les rendements américains n’ont sans doute pas encore atteint le seuil ultime de « douleur » pour l’économie et la bourse. Mais leur fort rebond de début d’année est un des facteurs qui contribue à la volatilité sur les actions américaines. Après une semaine difficile à Wall Street, les taux à 10 ans en dollar ont logiquement reculé en fin de semaine après avoir brièvement frôlé le niveau de 1.90%.
Déjà de nature imprévisible au regard de leur mode de scrutin, l’élection présidentielle en Italie présente un enjeu particulièrement important cette année, car le grand favori semble être Mario Draghi. Ayant réussi à sortir l’Italie de la crise, notamment grâce à des réformes structurelles, l’actuel premier ministre est très respecté en Italie comme à Bruxelles. Mais son départ ouvrirait une période d’incertitudes sur les marchés financiers.
L’économie allemande a traversé une période très difficile, notamment en raison de tous les problèmes d’approvisionnement qui ont touché son secteur industriel de plein fouet. Les dernières publications semblent montrer une amélioration du sentiment. En effet, l’indice des directeurs d’achat a surpris positivement suite à un fort rebond du secteur manufacturier et des services. Cette nouvelle fait suite à une vive remontée de l’indice ZEW du sentiment des investisseurs allemands sur les perspectives économiques.
2021 a été une année hors norme à bien des égards. Tout d’abord, la performance des actions américaines, avec une progression de 26,9% sur l’ensemble de la période, place le cru 2021 sur la troisième marche du podium depuis le début du nouveau millénaire. Exploit plus impressionnant encore, le S&P 500 a inscrit pas moins de 70 records historiques durant l’exercice écoulé, atteignant ainsi un nouveau sommet toutes les trois séances environ.
En ce début 2022, la question se pose de savoir si une telle performance a des chances de se répéter. Pour y répondre, il convient de comparer la situation économique actuelle avec celle d’il y a douze mois et force est de constater que la situation est moins rose à présent. La conjoncture demeure solide mais ralentit, et, depuis quatre mois, les économistes rabotent peu à peu leurs estimations de croissance du PIB (Produit Intérieur Brut).
Dans cet environnement, tout porte à croire qu’en 2022, les sociétés américaines ne seront pas à même de surprendre aussi positivement les investisseurs. Il ne faut pas compter davantage sur une expansion des valorisations. Les actions américaines sont parmi les plus chères au monde, et la lente contraction des multiples entamée en 2021 devrait se poursuivre, notamment dans un contexte de resserrement de la politique monétaire de la Fed.
C’est ce à quoi nous assistons en ce début d’année tumultueux. La hausse abrupte des taux longs et des résultats en demi-teinte ont précipité la contraction des valorisations vers des niveaux plus raisonnables. Pour la première fois depuis début 2020, le PE (ratio cours/bénéfices) du marché américain repasse sous la barre des 20x. À la suite de cette correction, les indicateurs de sentiment des investisseurs sont aujourd’hui clairement en territoire de pessimisme extrême.
Pour autant, la situation est loin d’être catastrophique. La conjoncture américaine reste au beau fixe. La consommation des ménages flambe, tandis que le pays est proche du plein-emploi. De plus, la vigueur de la demande et les effets de restockage vont maintenir l’activité économique bien au-dessus des niveaux historiques. Enfin, pour la première fois depuis deux ans, une réelle résolution de la crise sanitaire se profile pour le printemps.
La forte baisse des indices observée depuis le début janvier pourrait dès lors offrir bientôt de belles opportunités de renforcer son exposition à la région. Nous patientons cependant jusqu’à la fin de la saison de résultats qui vient de débuter et qui pourrait encore réserver de mauvaises surprises aux investisseurs.
La déception des marchés émergents en 2021 n’était pas venue du «taper tantrum» que les investisseurs redoutaient tant, mais bien de l’obstination de Pékin à suivre sa stratégie « zéro-Covid », de son refus de déployer des mesures de relance face au ralentissement économique, et, enfin, de la punition réglementaire infligée à l’immobilier et au secteur internet.
La décélération de l’économie chinoise risque fort de se poursuivre dans la première partie de 2022. Car les exportations doivent reprendre leur souffle après deux années de croissance exceptionnelle et l’efficacité mitigée du vaccin domestique pourrait retarder la réouverture des frontières.
Si les conditions conjoncturelles s’annoncent maussades, le marché boursier semble quant à lui avoir déjà anticipé la pluie. Au début 2021, les pressions allaient dans le sens d’un resserrement des politiques visant à éviter une forte reprise économique post-Covid. Au vu du récent fléchissement macroéconomique, toutefois, la priorité est désormais de stabiliser la conjoncture grâce à un dosage des mesures davantage axé sur la croissance.
Le changement de ton est d’ailleurs confirmé, la réorientation vers un assouplissement de la politique monétaire ayant été amorcée avec la première baisse du taux des réserves obligatoires. Il est intéressant de relever que la Chine décide de prendre la direction inverse de celle de la plupart des banques centrales des pays développés, qui envisagent à présent de retirer le soutien apporté à leurs économies.
Face à la confiance toujours ébranlée des investisseurs, nous conservons pour l’heure une approche prudente. Toutefois, la décote de valorisation des pays émergents par rapport au marché mondial atteint des niveaux rarement observés ces dernières années, raison pour laquelle il ne nous reste plus qu’à attendre des signes de confirmation dans les mois, voire les semaines à venir pour « appuyer sur la détente » et profiter du rebond boursier.