Point sur les marchés - 26 août 2024
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Daniel Varela Chief Investment Officer
Fin de la longue période de sous-performance du marché britannique ?
Après avoir moins chuté que ses homologues au début du mois d’août sur fond de craintes de récession, la bourse britannique a rebondi de manière significative depuis. En peu de temps, elle a réussi à effacer toute la baisse et à quasiment retrouvé ses sommets historiques, se distinguant ainsi des bourses de la zone euro. Ces développements sont passés quelque peu inaperçus, car la bourse britannique n’est pas très populaire en raison d’une performance décevante depuis de nombreuses années. En effet, au cours de la dernière décennie, le rendement total de la bourse britannique n’a été que de 6 % par an, soit bien inférieur à celui du marché américain ou de la zone euro. Cette sous-performance peut être attribuée d’une part à une évolution des bénéfices britanniques très mitigée et, d’autre part, à une baisse des multiples de valorisation, les investisseurs s’étant détournés de cette région, ce qui se reflète dans des sorties nettes très importantes. Parmi toutes les bourses des pays développés, peu se négocient à des valorisations aussi attrayantes. À ces niveaux, la décote par rapport à la bourse américaine s’établit à environ 30 %. La question se pose donc : quand faudra-t-il s’y réintéresser ? Comme nous venons de le voir, une valorisation peu onéreuse n’est pas un critère suffisant, il faut des catalyseurs. Alors que les incertitudes politiques françaises pèsent sur le sentiment en Europe, les élections britanniques ont été bien accueillies par les marchés. Le nouveau gouvernement travailliste, paraît modéré et déterminé à encourager l'investissement privé. Cela paraît judicieux, car les taux d'investissement au Royaume-Uni ont été relativement faibles au cours des 20 dernières années. Par ailleurs, il a promis de renouer le contact avec l’Union européenne. Et la conjoncture, même avant les élections, semble se redresser avec des surprises économiques positives. La flambée de l’inflation avait contraint la Banque d’Angleterre à augmenter ses taux de manière significative, mettant à mal le consommateur. L’inflation est désormais en train de refluer, ce qui a permis à la banque d'effectuer une première baisse des taux de 5,25 % à 5 %, une tendance qui devrait se poursuivre dans les prochains mois, soutenant ainsi l’économie. Ceci constitue un catalyseur positif important pour les actifs risqués britanniques. Un autre élément favorable positif serait une stabilisation des flux sortants. Seule ombre au tableau, le champ de manœuvre du gouvernement est limité d’un point de vue fiscal. Une économie résiliente et la confirmation du changement de cap de la part de la Banque d’Angleterre nous incitera à envisager un renforcement de l’exposition au marché britannique.
Changement de cap de la Fed : tendance baissière sur le dollar ?
Le discours de Jerome Powell ne laisse pas de place au doute. La Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à détendre sa politique monétaire. Une première coupe de taux interviendra lors de sa prochaine réunion le 18 septembre et d’autres suivront cette année mais également en 2025. Grâce au net ralentissement de l’inflation, la Fed se trouve dans une situation confortable. Elle calibrera l’amplitude et la rapidité de la baisse des taux en fonction de la santé économique des Etats-Unis. Les marchés obligataires et boursiers ont salué cette perspective favorable. Mais le contexte de baisses de taux peut pénaliser le dollar. Quelques supports techniques ont d’ailleurs été cassés sur la semaine contre plusieurs devises dont l’euro. Une phase baissière semble donc débuter pour le billet vert que nous réduisons dans les portefeuilles (-3% à 15% dans un profil balancé CHF) par le biais de couvertures de changes ou d’un « switch » obligataire en faveur du dollar australien ou néozélandais.
Chiffre de la semaine : 2'531$/once
L’or a atteint un nouveau plus haut historique, soutenu par la faiblesse du dollar et la demande des banques centrales. Sa dynamique reste bonne, et le sentiment n’est toujours pas excessif.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.