Point sur les marchés - 26 février 2024
-
Daniel Varela Chief Investment Officer
Baisses de taux : pas de précipitation !
Les banques centrales se préparent à baisser leurs taux directeurs. Compte tenu de la modération de l’inflation sur les derniers mois, leurs politiques monétaires apparaissent en effet comme légèrement trop restrictives, surtout aux Etats-Unis. Mais, conformément à notre analyse de début d’année, ces coupes interviendront probablement plus tard que ce qui était anticipé par les investisseurs. Les deux principales banques mondiales, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE), ne cessent de préparer les marchés financiers à cette éventualité. Dans les procès-verbaux de leurs réunions du mois de janvier, la Fed autant que la BCE semblent écarter la possibilité d’une baisse de taux à très court terme. Alors que la progression des prix à la consommation avoisine encore 3% en ce début d’année 2024, toutes deux reconnaissent que la désinflation a de grandes chances de se poursuivre en direction de l’objectif visé de 2% à moyen et long terme. Mais des taux de chômage historiquement bas des deux côtés de l’Atlantique réduisent l’urgence d’assouplir rapidement les politiques monétaires. L’habituel lien entre les taux d’intérêt et le chômage a en effet été quelque peu brisé récemment. Habituellement, le taux de chômage a tendance à rebondir lorsque les banques centrales remontent les taux, mais pas cette fois. Le progressif départ à la retraite de la génération du baby-boom, qui n’est pas totalement remplacé sur le marché du travail, est certainement un des facteurs structurels qui explique l’absence de détérioration du marché du travail. Dans ce contexte, les banquiers centraux peuvent se permettre le luxe de temporiser, du moins en ce qui concerne la Fed tant l’économie américaine continue de surprendre par sa résilience. La marge d’erreur est moins grande du côté de la BCE en raison du fort ralentissement conjoncturel observé sur les deux derniers trimestres dans la zone euro. Une fois n’est pas coutume, les taux pourraient être abaissés d’abord en Europe, mais sans doute pas avant la réunion du mois d’avril, voire celle du mois de juin. D’ici-là, la Banque nationale suisse aura peut-être pris tout le monde de vitesse. Une inflation helvétique déjà proche de 1% sur base annuelle et une industrie d’exportation qui souffre de la force du franc peuvent en effet inciter son président Thomas Jordan à annoncer une baisse de taux lorsqu’il réunira son directoire le 21 mars.
Gaz naturel : dans l’attente d’un marché global
Depuis le début de l’année, les prix du gaz naturel sont en baisse de 40% et le recul atteint 70% sur les 18 derniers mois. Mais les différences régionales restent importantes, avec un prix plus de trois fois plus bas aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Contrairement au pétrole, le marché du gaz reste en effet très local, les capacités d’exportation restant très inférieures aux besoins. Mais le Qatar et les USA s’activent à développer le gaz liquéfié (LNG) et nous pouvons raisonnablement espérer voir une convergence géographique des prix avant la fin de la décennie. Cet horizon très long ne va pas permettre de résorber la surproduction actuelle, dont l’effet a été amplifié par un hiver clément. Pour équilibrer le marché, il faudra une meilleure discipline des producteurs, qui commence seulement à se dessiner. Malgré son importance dans le cadre de la transition énergétique, la volatilité du gaz devrait donc rester très élevée, le sentiment des investisseurs à son égard alternant entre phases d’euphorie et de déprime.
Chiffre de la semaine : 277 md
Nvidia a gagné USD 277 milliards de capitalisation boursière après la publication de résultats qui ont battu les attentes les plus optimistes du consensus d’analystes. Le précédent record était détenu par Meta, avec un gain journalier de USD 204 milliards.
Auteur
-
Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.