Franc : l’été en pente douce ?
Une fois n’est pas coutume, le franc suisse est, cette année, une des monnaies les plus faibles parmi les devises de pays développés. Seul le yen japonais fait pire. Cette dépréciation de la monnaie helvétique est certainement applaudie par une industrie d’exportation qui a beaucoup souffert du franc fort ces dernières années. Pour les exportateurs suisses, c’est un vrai soulagement de voir les devises de nos principaux partenaires commerciaux rebondir aussi fortement depuis le début l’année. A commencer par la hausse de plus de 7% de la devise qui compte le plus pour les échanges commerciaux de la Suisse à savoir l’euro. Mais le dollar américain est également important pour l’économie helvétique. Son rebond de près de 9% en 2024 est également une bonne nouvelle pour des entreprises helvétiques qui doivent certainement saluer le virage accommodant décidé par la Banque nationale suisse (BNS). Grâce au net ralentissement de l’inflation en Suisse, cette dernière a décidé de faire usage de ses principaux outils de politique monétaire afin de favoriser une dépréciation du franc. Elle a tout d’abord agi par des interventions sur le marché des changes. Puis, elle a déclenché un cycle de baisse de ses taux de référence bien avant les autres banques centrales de pays développés. Aujourd’hui se pose la question du potentiel de baisse supplémentaire de la devise helvétique alors que la parité contre l’euro est à nouveau à portée de main. L’analyse technique du graphique de l’euro contre le franc laisse penser qu’une fois la parité atteinte, le prochain objectif se situe à 1.05. Mais d’un point de vue plus fondamental, il convient d’observer l’évolution des différentiels d’inflation et de taux entre la Suisse et la zone euro. Ainsi, les futures décisions des banques centrales seront scrutées. Tout indique que la Banque centrale européenne (BCE) baissera ses taux une première fois lors de sa réunion du mois de juin. Si la BNS souhaite favoriser une dépréciation supplémentaire du franc, elle a tout intérêt à imiter la BCE et couper une nouvelle fois ses taux afin de stabiliser le différentiel de taux vis-à-vis de l’Europe. La prochaine réunion de la BNS le 20 juin est donc importante pour les entreprises et les investisseurs suisses. Elle déterminera si le franc peut continuer de glisser à court et à moyen terme contre des monnaies qui comme l’euro et le dollar affichent des rémunérations plus élevées.
Pause probable dans la progression des actions américaines !
Le S&P 500 a stagné la semaine passée, alors que tous les secteurs affichaient des performances négatives. Sauf un : le secteur de la technologie. Les dernières publications de résultats ont en effet été saluées par les marchés, à l’image des résultats de NVidia et Analog Devices, propulsant ainsi l’indice Nasdaq Composite vers de nouveaux sommets. Pourtant, nous estimons qu’il est temps pour les actions de reprendre leur souffle, après cinq semaines de hausse consécutives. Si les valeurs technologiques atteignent des records, il en va de même pour la valorisation des actions en général. Avec un ratio cours/bénéfices de 21x, l’indice S&P 500 est relativement cher en comparaison historique. Depuis ces niveaux, difficile d’envisager une contribution supplémentaire d’une expansion de multiple à la performance des bourses. De plus, il y a fort à parier que les investisseurs commencent bientôt à se préoccuper de l’impact négatif de la politique monétaire restrictive que la Réserve Fédérale semble vouloir maintenir plus longtemps que prévu.
Chiffre de la semaine : 1%
Les taux à 10 ans japonais repassent au-dessus de 1% pour la première fois depuis mars 2012. Le marché obligataire semble en effet anticiper de nouvelles hausses de taux de la part de la Banque du Japon.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.