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Point sur les marchés - 28 août 2023

Rédigé par Daniel Varela, Chief Investment Officer | 28 août 2023 09:52:00

Le discours de Jerome Powell lors du symposium des grandes banques centrales à Jackson Hole laisse entrevoir une pause au niveau de la politique monétaire américaine. Ces mots ont rassuré le marché obligataire alors que les taux à 10 ans en dollar menaçaient de franchir une importante résistance technique (4.33%).

Pékin a annoncé une série de mesures de relance pour regagner la confiance des marchés. Entre autres, une baisse de l’acompte minimum requis pour les achats immobiliers et une réduction du droit de timbre sur les transactions boursières, dont la dernière remonte à septembre 2008 lors de la crise financière mondiale. Ces mesures ne constituent qu’un début et devraient se multiplier, du moins jusqu’à ce qu’un certain retour de confiance soit observé.

Durant la correction du mois d’août, les fonds alternatifs se sont bien comportés. Alors que les bourses baissent d’environ 5%, les hedge funds ne perdent en moyenne qu’un pourcent, et sont bien positionnés pour profiter de la dispersion élevée au sein des actifs traditionnels.

 

Le franc est déjà assez fort comme cela M. Jordan !

Comme chaque année, les principaux banquiers centraux de la planète se sont retrouvés à Jackson Hole aux Etats-Unis pour leur habituel raout estival. La situation de Thomas Jordan, président du directoire de la Banque nationale suisse (BNS), a certainement fait de nombreux jaloux. Car contrairement à la plupart des pays développés et à de nombreux pays en développement, l’inflation a en Suisse d’ores et déjà réintégré la zone cible de stabilité des prix visée par la banque centrale. Après avoir atteint une progression de 3.5% l’été dernier, le renchérissement est en effet retombé proche de 1.5% sur base annuelle et tout indique que la modération des prix est appelée à se poursuivre d’ici la fin de l’année.

Mission accomplie ? Pourtant, et alors que la prochaine réunion de la BNS approche (21 septembre), on se rappellera que Thomas Jordan a encore agité cet été la menace de nouvelles hausses de taux. La raison évoquée ? Cette modération de l’inflation pourrait n’être que temporaire alors que se profilent des hausses des prix de l’électricité et des loyers en début d’année prochaine, hausse de loyers que la BNS attise elle-même par ses tours de vis monétaires. Et pourquoi minimiser la normalisation de tout ce qui a contribué au dérapage des prix ces deux dernières années ? Par exemple, l’engorgement des chaînes d’approvisionnement est oublié et les prix des principales matières premières comme le pétrole, le gaz naturel ou les céréales sont en baisse non seulement sur les derniers douze mois, mais également par rapport aux niveaux précédents l’invasion de l’Ukraine. Et contrairement à certains pays, nulle trace de spirale prix-salaires à l’horizon tant la hausse des rémunérations reste maîtrisée en Suisse. D’autant que le pays continue de profiter de la force du franc qui limite l’inflation importée. D’ailleurs, au dernier pointage, les prix à l’importation et à la production reculent sur une année. Comme le montrent les plongeons respectifs des commandes à l’exportation et des sondages auprès des directeurs d’achat en juillet, le franc fort commence à sérieusement pénaliser l’économie suisse dans un contexte de ralentissement de la conjoncture mondiale.

Dès lors, il serait sans doute judicieux de résister à la tentation de suivre une Banque centrale européenne confrontée à un problème d’inflation bien plus persistant et décider de se ranger parmi les premières banques centrales à annoncer une pause en matière de politique monétaire.

 

Etats-Unis : mission accomplie ?

Le mois d’août qui se termine est en passe de devenir le pire de l’année 2023 pour l’indice S&P 500. La consolidation des bourses que nous anticipions s’est matérialisée durant les dernières semaines, avec une baisse d’un peu plus de 5% pour l’indice principal des actions américaines. Pour le Nasdaq, la contraction est même plus marquée et a atteint près de 9%.

Cependant, ce recul des actions ne trouve pas sa source dans une détérioration des fondamentaux économiques et ne nous inquiète pas outre mesure. Au contraire, la conjoncture américaine semble plus résiliente que jamais et la saison de publication de résultats qui se termine a une fois encore confirmé que l’économie tient le coup face au resserrement de la politique monétaire de la Réserve Fédérale.

La mission de la Fed, à savoir ramener l’inflation à un niveau proche de 2% sans pour autant plonger les Etats-Unis dans une récession, semblait il y a encore quelque mois impossible pour la majorité des économistes. Aujourd’hui, la cible est en vue, alors que la progression des prix s’établissait à tout juste 3% au mois passé. Et l’économie tient, même si le ralentissement est marqué et que la croissance des bénéfices des entreprises a marqué le pas.

La récente correction nous semble par conséquent être une pause saine, après un rallye boursier conséquent. La contraction de la valorisation qui en découle, ainsi que la normalisation des indicateurs de sentiments, nous pousse par conséquent à devenir plus constructifs sur les actions américaines dans nos allocations de portefeuilles.