Point sur les marchés - 29 janvier 2024
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Daniel Varela Chief Investment Officer
La BNS tolère un franc fort, pour l’instant.
Comme la plupart des grandes banques centrales, la Banque nationale suisse se dirige vers un assouplissement de sa politique monétaire dans les prochains mois. Mais l’institut d’émission helvétique restera sans doute prudent en ce début d’année 2024. Car si l’inflation est plus basse qu’aux Etats-Unis ou en Europe, elle est en effet susceptible d’enregistrer un léger rebond lié à l’augmentation des prix de l’électricité, des loyers et de la TVA. Et dans ce contexte, la BNS semble prête à accepter une appréciation supplémentaire du franc en vue de limiter l’inflation importée, comme le confirme la poursuite de la réduction de la taille de son bilan. Le franc a terminé l’année 2023 sur une tendance très forte, notamment contre le dollar et l’euro. Une glissade supplémentaire de la monnaie européenne ne peut pas être écartée. Le seuil psychologique de 0.90 euro pour 1 franc pourrait même être atteint à court ou à moyen terme. Au printemps, lorsque le chiffre de l’inflation aura « digéré » ce rebond saisonnier, la BNS pourra éventuellement se montrer un peu plus à l’écoute des complaintes de l’industrie d’exportation helvétique.
Suisse : Rattrapage probable après une année décevante
Les bourses des pays industrialisés ont été à la fête en 2023, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les actions suisses ont fait pâle figure ! Les indices domestiques SMI et SPI ont péniblement clôturé l’année sur des hausses de 4% et 6% respectivement, soit une sous-performance marquée par rapport à leurs homologues américains et européens.
Dans un contexte de volatilité relativement limitée, et alors que l’appétit pour le risque des investisseurs s’est renforcé tout au long de l’année, le biais défensif de la cote domestique a été un frein notable à la performance. Car si les valeurs de croissance ont eu le vent en poupe en 2023, leur pondération dans les indices helvétiques est comparativement faible. En outre, les problèmes spécifiques à certains poids lourds du marché, dont Roche et Nestlé, ont largement contribué à la performance décevante.
Pourtant, du point de vue des fondamentaux, l’économie suisse se démarque toujours de manière positive. La croissance du PIB devrait se redresser en 2024, tirée en particulier par une consommation des ménages très robuste. Qui plus est, les caractéristiques structurelles de notre pays constituent un atout dans l’environnement actuel. Forte immigration, taux de chômage extrêmement faible et inflation déjà bien en deçà des 2% sont autant d’éléments propres à soutenir l’activité économique et le pouvoir d’achat.
Reste qu’en 2024 comme en 2023, le positionnement au sein du segment des actions helvétiques sera déterminant pour parvenir à surperformer les indices. L’évolution récente du franc suisse nous montre en quelque sorte la voie : le CHF ne cesse de se renforcer, alors que la BNS se refuse pour l’heure à assouplir sa politique monétaire malgré une inflation sous contrôle. L’an dernier, le franc s’est apprécié en moyenne de 9% contre le dollar et de plus de 6% contre l’euro, ce qui a de quoi inquiéter les entreprises exportatrices. Si à ce stade, le différentiel d’inflation en faveur de la Suisse atténue l’impact des changes sur la compétitivité des entreprises, l’effet sur les marges risque d’être dévastateur pour les sociétés dont la base de coûts est majoritairement en CHF et qui exportent leurs biens et services vers l’Europe ou les Etats-Unis. En l’état actuel des choses, les petites valeurs pourraient bien être les premières victimes du franc fort.
Dans un environnement potentiellement volatil au premier trimestre, et au vu de l’optimisme excessif qui l’emporte aux Etats-Unis et en Europe, nous avons renforcé notre exposition au marché des actions domestiques. Pour les raisons citées plus haut, nous favorisons en ce début d’année les grandes capitalisations, à commencer par celles qui ont accumulé un important retard de performance en 2023.
Chiffre de la semaine : 23 ans
L’indice principal des bourses de la zone euro a bien progressé sur la semaine, porté par les publications de résultats favorables de certaines grandes capitalisations comme LVMH, ASML et SAP. Il se retrouve ainsi à son plus haut niveau depuis 23 ans.
Auteur
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Diplômé de l'Université de Genève en Gestion d'entreprises, option Finance, Daniel Varela a débuté sa carrière en 1989 en tant que gérant obligataire. Il rejoint la Banque Piguet & Cie en 1999 en tant que Responsable de la gestion institutionnelle également en charge de l'analyse et de la gestion obligataire de la Banque. En 2011, il est devenu Responsable de la stratégie d'investissement et du département des investissements de Piguet Galland. Il a rejoint le Comité de Direction de Piguet Galland en janvier 2012 en tant que Chief Investment Officer.