La zone euro a vu son taux d’inflation baisser de manière significative en mars à 6.9% grâce à la baisse des prix de l’énergie. Ce recul était plus important que ce qui était attendu par le consensus des économistes et par les marchés. Cette évolution positive pourrait amener la Banque Centrale Européenne à freiner le rythme de hausses des taux, bien que l’inflation sous-jacente reste encore élevée.
Comme attendu, le récent rebond des activités chinoises ne profite pas à tous les secteurs de son économie. Si le PMI des services est passé au-dessus de 58 en mars, son plus haut niveau depuis 2011, le PMI manufacturier est passé sous la barre des 52. Cela confirme la forte accélération des activités de service et de la consommation, contrastant avec le ralentissement de la demande extérieure.
En mars, l’inflation en Suisse a régressé plus que prévu. La progression des prix n’était plus que de 2,9%, alors qu’elle se montait à 3,4% le mois précédent. Si l’on exclut les contributions de l’énergie et de la nourriture, l’inflation sous-jacente n’est plus que de 2,2%. Cette bonne surprise devrait permettre à la BNS de ralentir significativement la hausse des taux directeurs au deuxième trimestre, voire de faire une pause.
L’histoire économique est jalonnée d’incidents financiers. Ces crises sont, le plus souvent, liées à un resserrement monétaire opéré par la Réserve fédérale américaine. Il arrive en effet que des maillons faibles lâchent lorsque la Fed durcit fortement sa politique de crédit. Certains établissements parmi les plus fragiles en ont récemment fait les frais, aux Etats-Unis d’abord, puis en Suisse.
A l’image de ce qui s’est produit dans le passé, ces déroutes bancaires mettront très certainement un terme au resserrement monétaire de la Fed. Maintenant que la désinflation est bien engagée aux Etats-Unis, Jerome Powell peut justifier de placer la solidité du système bancaire au centre de ses priorités. D’autant que le durcissement des conditions de crédit a d’ores et déjà débuté du côté des banques commerciales, ce qui promet d’impacter rapidement la conjoncture. Si l’industrie américaine ralentit déjà en ce début d’année, les activités de service restent pour l’instant bien orientées.
Cette bonne tenue doit beaucoup à la résilience du marché de l’emploi et à la hausse des salaires, mais elle s’explique aussi par la forte baisse des prix de l’énergie, qui a pour effet de libérer du pouvoir d’achat. On retrouve la même divergence entre activité manufacturière et services en Europe comme en Suisse. Très exposé à la croissance chinoise, le Vieux-Continent devrait toutefois pouvoir profiter du redémarrage de la deuxième puissance mondiale, où la politique zéro-Covid et les confinements répétés tombent progressivement dans l’oubli. Estimant que la crise financière actuelle restera circonscrite, hypothèse que nous surveillerons au travers des primes d’assurance contre le risque de défaut (CDS), nous conservons l’espoir de voir l’économie mondiale repartir de l’avant dès le second semestre. Un tel scénario implique une hausse des valorisations boursières, raison pour laquelle nous conservons une exposition aux actions relativement conséquente au sein des portefeuilles, tout en privilégiant les titres et secteurs de qualité.
Il nous semble par ailleurs évident que les rendements obligataires à long terme ont atteint un pic et que le contexte actuel s’annonce favorable au marché des taux fixes. Au plan des devises, le billet vert est orienté à la baisse depuis quelques mois, tendance appelée selon nous à durer, dès lors que le supplément de rendement offert par la monnaie américaine commence à s’éroder.
A la différence de la Fed, les banques centrales européennes n’ont pas encore tranché entre la lutte contre l’inflation et le maintien de la stabilité financière, au risque de durcir leurs politiques monétaires plus que nécessaire.
Le marché de l’énergie reste sous pression cette année : le cours du gaz avoisine les USD 2 mmBtu (un niveau auquel il n’est tombé que deux fois durant les vingt dernières années), tandis que le pétrole peine à se maintenir au-dessus de 75 USD. S’agissant du prix du baril, nous estimons que le sentiment du marché est trop négatif. Différentes analyses montrent qu’une telle baisse ne se justifierait que dans l’anticipation d’une récession imminente et d’une augmentation des stocks. Or notre scénario économique est moins pessimiste.
Après ce que nous pensons être un creux conjoncturel, la situation devrait s’améliorer en cours d’année. L’offre commence aussi à s’ajuster, avec la baisse surprise de la production annoncée par l’OPEP ce week-end. La faiblesse récente de l’or noir semble avoir atteint un niveau que les pays producteurs jugent exagéré et contraire à leurs intérêts. Ainsi, nous pensons que la dynamique sur le pétrole devrait au pire se stabiliser voire progresser. A notre sens, le potentiel de rebond demeure intact.
Du côté de l’or, la dynamique est très différente. Capitalisant pleinement sur son statut de valeur refuge, le métal jaune a retrouvé ses plus hauts atteints au début de la crise ukrainienne. Après pareille progression, on pourrait se demander s’il n’y a pas lieu de prendre des bénéfices. Mais une telle décision serait à notre sens prématurée. Si les banques centrales continuent de diversifier leurs réserves en achetant de l’or, les investisseurs privés, eux, ne partagent pas cet engouement. Les flux vers les ETF restent en effet très limités.
Nous conservons par conséquent notre positionnement sur l’or, à des fins de couverture contre les aléas conjoncturels.