Les nouvelles économiques de la zone euro continuent de surprendre par leur vigueur apaisant les craintes sur l’économie. L’indice des directeurs d’achat (PMI) s’est redressé plus que prévu en janvier et se retrouve contre toute attente en zone d’expansion. A contrario, les PMI’s au Royaume-Uni s’enfoncent en zone de contraction, suggérant que les risques de récession augmentent.
Les données à haute fréquence collectées depuis le début de l’année chinoise du lapin montrent que les voyages intérieurs ont rebondi de 30% par rapport à 2022. Selon le ministère de la Culture et du Tourisme, le nombre de touristes a atteint 88% des niveaux prépandémiques, confirmant la reprise de la consommation et de la mobilité. Ces dernières nouvelles ont contribué à l’ouverture en hausse du marché des actions domestique « A » après une semaine de jours fériés.
Alors que les bourses mondiales rebondissent fortement en janvier, le SPI semble à la peine. En cause, la sous performance marquée des trois poids lourds défensifs de la cote suisse (Roche, Nestlé et Novartis), qui sont délaissés par les investisseurs. Le regain d’appétit au risque de ces derniers favorise en effet les petites et moyennes capitalisations suisses, que nous favorisons actuellement.
Le fameux rallye de fin d’année n’aura finalement pas eu lieu sur les bourses américaines, et ce malgré une normalisation accélérée de l’inflation. En cause, la Réserve fédérale, dont la rhétorique extrêmement restrictive fait craindre une erreur de politique monétaire aux Etats-Unis. Car si Jérôme Powell et ses collègues s’obstinent à relever les taux directeurs, le risque serait bel et bien de voir le pays basculer dans la récession. Tel n’est toutefois pas le scénario que nous privilégions : les fondamentaux économiques ne manqueront pas de ramener la Fed à la raison dans les prochains mois, tandis que les prix à la consommation continuent de se contracter.
En 2023, l’attention des investisseurs va selon nous rapidement se détourner du thème de l’inflation pour se concentrer sur les perspectives de croissance des entreprises américaines. Le ralentissement conjoncturel en cours se reflète d’ores et déjà largement dans les estimations des analystes et des économistes. Un dernier ajustement à la baisse est sans doute nécessaire : il se matérialise actuellement avec la saison de publication des résultats qui bat son plein. Lorsque les attentes du marché seront redevenues plus raisonnables, les entreprises pourront à nouveau surprendre positivement les investisseurs, condition préalable à un rebond durable des bourses.
Autre élément positif, les valorisations excessives de début 2022 − qui ravivaient chez certains de douloureux souvenirs liés à l’éclatement de la bulle technologique au commencement des années 2000 − se sont largement résorbées après 12 mois de sévère correction. Nous pensons même qu’un nouveau cycle d’expansion des multiples est sur le point de démarrer. Une inflation élevée qui amorce un rapide déclin est historiquement synonyme d’une hausse des P/E de l’ordre de 20%. Les actions américaines, qui se traitent aujourd’hui à 16,5x les bénéfices escomptés, soit une valorisation en ligne avec la moyenne des 25 dernières années, pourraient bien terminer l’année à un niveau plus proche de 19x. De quoi assurer une performance confortable pour les bourses de la région en 2023, malgré les quelques révisions en baisse des bénéfices auxquelles on pourrait encore assister.
Nous nous préparons donc à renforcer notre exposition aux actions américaines alors que la configuration technique devient plus favorable. Les derniers obstacles à franchir se matérialiseront ces prochains jours, avec les publications de résultats des méga capitalisations de la technologie et la réunion de la Réserve Fédérale le 1er février.
La longue période d’appréciation du dollar américain semble approcher de son terme. Après deux ans de hausse sur un front très large, le billet vert perd en effet de son lustre depuis quelques semaines. Ce développement n’est pas très surprenant. D’abord, le dollar apparaît quelque peu surévalué par rapport à sa valeur théorique estimée sur la base des parités de pouvoir d’achat. En outre, c’est l’action des banques centrales qui, comme en 2022, semble dicter la tendance.
Malgré un discours toujours résolument anti-inflationniste, il est évident que la Réserve fédérale touche au but et s’apprête à donner ses derniers tours de vis, alors que ses homologues européennes − du moins la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre − continueront de relever leurs taux pendant un certain temps encore. Ce décalage de politique monétaire commence logiquement à pénaliser la devise américaine, notamment face à l’euro. D’autant que la nette remontée des rendements obligataires européens sur les derniers mois a eu pour conséquence de réduire le différentiel par rapport au marché américain. Le contexte est donc moins favorable pour attirer des capitaux en direction des Etats-Unis en vue de financer un déficit externe qui peine à se réduire depuis l’épidémie de Covid-19. Et comme la situation économique de l’Europe se révèle beaucoup moins affectée que prévu par le contexte d’approvisionnement énergétique, l’euro pourrait bien profiter d’une embellie. D’ailleurs, le différentiel de rendement contre franc suisse donne désormais clairement l’avantage à la monnaie européenne. D’ailleurs, la Banque nationale suisse arrêtera de monter ses taux bien avant la BCE et ceci est susceptible de mettre fin (en tout cas provisoirement) à une longue période de glissade de l’euro face au franc.