La progression de l’or s’est accélérée la semaine dernière, pour culminer à 2’135$/once ce lundi, établissant ainsi un nouveau record historique. La poursuite de la baisse des taux longs américains a été le catalyseur de ce mouvement, renforcé par des statistiques confirmant une accélération de la désinflation. Les incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient semblent également soutenir le métal jaune. Cependant, le mouvement a été très rapide et une phase de digestion semble nécessaire à court terme, d’autant plus que les indicateurs de sentiment reflètent un optimisme très élevé. Néanmoins, la configuration reste porteuse si le cours de l’or se maintient au-dessus de 2’070$. A plus long terme, l’image demeure positive. Les achats de banques centrales devraient se prolonger en lien avec leur volonté affichée de diversifier leurs réserves, et les investisseurs privés ont peu participé au mouvement récent, ce qui accroît la liste des acheteurs potentiels.
Il n’aura fallu qu’un mois à l’indice S&P 500 pour effacer les pertes accumulées pendant trois mois depuis les plus hauts de l’année, à fin juillet. Novembre affiche en effet une des plus fortes progressions mensuelles de l’histoire, avec une hausse de près de 9%. Un rallye de fin d’année qui a été alimenté par les espoirs grandissant de voir la Réserve fédérale (Fed) assouplir sa politique monétaire de manière significative en 2024.
Il y a encore quelques mois, les actions américaines souffraient du discours résolument restrictif des membres de la Fed, qui semblaient vouloir ignorer les signes de normalisation de l’inflation. « Des taux élevés, pour longtemps », un mantra qui pesait sur les valorisations des titres américains. Cependant, la rapide normalisation des prix à la consommation depuis la fin de l’été, couplée à une relative détérioration des indicateurs économiques et du marché de l’emploi a convaincu les investisseurs que Jerome Powell n’aurait d’autre choix que d’abaisser les taux directeurs de la Banque Centrale. Aujourd’hui, le marché n’anticipe pas moins de 130 points de base d’assouplissement pour l’année prochaine, avec un premier coup de sabre donné aux taux d’ici le mois de mai. Des attentes qui pourraient bien se révéler trop agressives, mais qui ont propulsé les actions vers de nouveaux sommets.
Pour que ce scénario se concrétise, il faut en effet que l’inflation continue de chuter – ce dont nous sommes convaincus - et que l’économie poursuive son ralentissement graduel. Il faut par conséquent s’attendre à ce que les « mauvaises » nouvelles concernant la conjoncture américaine soient plutôt bien prises par le marché, afin de continuer à alimenter les anticipations d’assouplissement monétaire. C’est ce qui a été observé vendredi dernier, alors que la publication de l’ISM manufacturier, une des principales gauges de l’activité économique dans le pays, est sorti en-dessous des attentes des économistes et en zone de contraction.
Aux niveaux actuels cependant, les indicateurs de sentiment pointent vers un optimisme excessif des investisseurs et les actions semblent surachetées. Les résistances techniques pourraient toutefois être brisées dans le cas où l’inflation du mois de novembre, publiée le 12 décembre force la Fed à s’ajuster sur les attentes des investisseurs et à adopter un ton plus « dovish ».
La désinflation se poursuit en Suisse. L’indice des prix à la consommation s’est apprécié d’à peine 1,4% en novembre, soit sa plus faible progression annuelle depuis 2021. L’inflation maitrisée devrait permettre à la BNS d’être parmi les premières banques centrales à assouplir la politique monétaire en 2024.