La livre a bien réagi à l’annonce de la Banque d’Angleterre de maintenir ses taux inchangés. La raison est sans doute l’amélioration des indicateurs avancés à la suite des élections qui ont levé une partie des incertitudes. Cependant, le Royaume-Uni entre désormais officiellement dans la période de transition et les négociations avec l’Europe s’annoncent d’ores et déjà compliquées.
Près de la moitié des sociétés du S&P 500 ont publié leurs résultats trimestriels. Ceux-ci sont de bonne qualité et trois quarts des entreprises ont réussi à battre les attentes du consensus. Autre élément positif : l’amplitude avec laquelle les sociétés ont battu les prévisions est largement plus importante que les trimestres précédents, que ce soit sur les bénéfices par action ou les revenus.
L’épidémie de coronavirus a continué de se propager avec plus de 17’000 personnes infectées à ce stade. Les décès se montent à environ 360 personnes, ce qui indique un taux de mortalité nettement inférieur à l’épidémie de SRAS en 2009. Les marchés financiers ont succombé à la crainte d’une propagation à l’échelle globale. Néanmoins, les mesures drastiques d’isolement qui ont été instaurées en Chine laissent encore l’espoir d’un épisode épidémique relativement bref.
Les craintes de disruption du marché du pétrole occasionnées par les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis en début d’année semblent déjà oubliées. Aujourd’hui, les investisseurs se focalisent sur le risque de recul de la demande de pétrole en lien avec l’épidémie de coronavirus qui se propage en Chine. Les cours de l’énergie sont ainsi en baisse de plus de 10% depuis le début de l’année. Ce mouvement a entraîné un net recul des anticipations inflationnistes et une forte détente sur les taux d’intérêt à long terme.
Ce phénomène est sans doute éphémère et le prix du pétrole devrait se redresser une fois que le pic de l’épidémie aura été atteint. Mais ces développements récents renforcent l’énigme que représente pour la communauté des banquiers centraux l’absence d’inflation aussi tard dans le cycle économique. Parmi eux on décèle la crainte d’arriver avec une inflation trop faible à la fin de cette longue phase d’expansion et de courir le risque d’une déflation aigue une fois la récession installée. L’histoire prouve en effet que la déflation est un ennemi bien plus perfide pour les banques centrales. Les politiques de relance s’avèrent en effet moins efficaces lorsque les agents économiques reportent leurs décisions d’achat ou d’investissement en attendant de nouvelles baisses de prix.
Ceci explique sans doute le virage drastique opéré par la Réserve fédérale en 2019. Des baisses de taux ont été annoncées, son bilan a recommencé à croître et son objectif d’inflation à long terme a été remonté vers un niveau implicite proche de 2.5% contre 2% précédemment. D’autres grandes banques centrales se sont engouffrées dans la brèche, à commencer par la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Japon. Ce changement de cap est sans doute à l’origine de la baisse exagérée des rendements gouvernementaux depuis l’été dernier. Les taux à long terme ne compensent clairement pas les investisseurs de l’inflation actuelle. Et une remontée même faible des anticipations inflationnistes pour le futur ne devrait pas manquer de mettre la pression sur le prix des actifs obligataires. Face à ce risque, on évitera les durées trop longues. Par ailleurs, la dette émergente constitue le segment obligataire qui conserve le meilleur potentiel de performance, notamment celle libellée en monnaies locales lesquelles devraient commencer à rebondir une fois que la menace épidémique commencera à retomber.
Alors que l’année boursière 2019 sur le Vieux Continent est entrée dans les annales comme la meilleure depuis dix ans, il ne va pas de même de la croissance économique de la région. En effet, l’Allemagne et l’Italie ont frôlé une récession technique en raison du poids important de leurs secteurs manufacturiers, subissant de plein fouet le ralentissement de la Chine et l’impact des tensions commerciales. En revanche l’année 2020 s’annonce sous de meilleurs auspices, grâce d’une part à l’apaisement des risques liés aux tensions commerciales ainsi qu’au Brexit et d’autre part aux mesures accommodantes de la Banque Centrale Européenne.
Par ailleurs, les indicateurs avancés, notamment en Allemagne ont repris le chemin de la hausse, tout comme la masse monétaire (M1). Si l’histoire est un guide, une certaine accélération économique est dans les cartes. Il ne manquerait plus que les espoirs d’une relance fiscale en Allemagne se concrétisent ainsi qu’une détente sur le front politique et social pour avoir toutes les étoiles alignées. Comme dans la plupart des autres régions du monde, la belle hausse des actions a été presque entièrement portée par une expansion des multiples, les bénéfices ayant été révisés à la baisse tout au long de l’année.
L’élément marquant durant le dernier trimestre a été le retour de l’intérêt des investisseurs après une longue période de flux de fonds négatifs. Nous pensons que cette tendance devrait se poursuivre en raison de la valorisation attractive des bourses, qui se traitent avec une décote de près de 20% par rapport aux actions internationales. Nous préconisons toujours un portefeuille diversifié en actions européennes.